Georges Cuvier, naturaliste et zoologiste français, dont le Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris conserve pieusement le souvenir, est l'une des grands figures de la zoologie.
"Ce grand naturaliste est digne d'être admiré pour la clarté de son exposition et de son style. Nul ne décrit un fait mieux que lui." (Goethe)
Le contraste est saisissant entre la modestie des débuts de Cuvier et la renommée que lui valurent par la suite ses dons exceptionnels. Né en 1769 à Montbéliard, il prend goût très jeune à l'histoire naturelle en recopiant et en coloriant les illustrations des livres de Buffon. Son père l'envoie à Stuttgart faire ses études. Il y étudie le droit et les sciences naturelles. A la fin de ses études, en 1788, il devient précepteur dans une famille en Normandie, puis est engagé en 1793 comme suppléant du professeur d'anatomie comparée au Muséum d'histoire naturelle de Paris où il sera titularisé en 1802.
Il entame dès lors une carrière fulgurante : Il devient professeur aux Ecoles centrales, entre à l'Académie des sciences. Professeur au Collège de France à 30 ans, il devient secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences à 34 ans, membre de l'Académie française et de l'Académie de médecine, chancelier de l'Instruction publique en 1802, du Conseil de l'Université en 1808 et maître des requêtes au Conseil d'Etat en 1822....
En zoologie, Cuvier a bâti un édifice dont la solidité ne s'est jamais démentie. Il rénove l'anatomie comparée, dont il énonce les grandes lois, notamment la loi de la subordination des caractères - selon laquelle les organes d'un animal ne sont pas simplement juxtaposés, mais agissent les uns sur les autres - qui montre que la forme et la disposition de certains organes entraînent celles de certains autres. Ces lois lui permettent d'établir des nouvelles classifications.
Dès 1795, il publie deux mémoires sur le sujet. Dans le premier, il divise tous les animaux confondus jusque-là sous l'appellation "d'animaux à sang blanc" en six classes : Les mollusques, les crustacés, les vers, les échinodermes et les zoophytes. Dans le second mémoire, il répartit les mollusques en trois ordres : les céphalopodes, les gastropodes et les acéphales.
Dans le "Règne animal", publié en 1817, ouvrage fondamental dans lequel Cuvier se propose de donner un tableau d'ensemble du monde animal, il distingue quatre grands embranchements . Les vertébrés, les mollusques (poulpes, escargots, huîtres), les articulés (araignées, homards) et les radiés (étoiles de mer). Cette classification, aujourd'hui dépassée marquait à l'époque, un progrès considérable. Quant à "L'histoire naturelle des poissons" publiée à partir de 1828, avec son disciple Valenciennes, elle décrit plus de cinq mille espèces et elle est restée l'une des bases de la science ichtyologique moderne.
Personne n'avait avant Georges Cuvier étudié systématiquement les fossiles en les comparant aux animaux actuels. Son nom est indissociablement lié à l'essor de la paléontologie des vertébrés. Dès 1895, il effectue des recherches d'anatomie comparée. Il reconstitue des squelettes d'animaux disparus en utilisant la loi de la subordination et ressuscite ainsi une faune éteinte. La découverte de vestiges de mammifères fossiles va permettre à Cuvier d'échafauder sa théorie des révolutions du globe : la disparition des espèces dues à des cataclysmes naturels, assèchements des mers, déluges et autres phénomènes. Ses thèses sont exposées dans son ouvrage "Recherches sur les ossements fossiles" parue en 1812, suivi d'un "Discours sur les révolutions à la surface du globe", qui deviendra célèbre après avoir été publié en 1825 en plusieurs langues. Le"Discours" deviendra la bible des fixistes, ceux qui refusent de croire à l'évolution.
Le grand naturaliste Cuvier ne croyait pas à l'évolution des espèces. Paradoxalement, il est l'un des fondateurs de la paléontologie, science qui apporte des arguments décisifs en faveur le cette évolution.