Pierre-Paul Grassé, né le 27 novembre 1895 à Périgueux et mort le 9 juillet 1985, est un zoologiste français, auteur de plus de 300 publications, dont un important Traité de zoologie.
Dernier grand encyclopédiste de la zoologie et maître incontesté de la nouvelle école de zoologie orientée vers l'étude de la faune terrestre, Pierre Paul Grassé fut un spécialiste mondial des termites et des insectes sociaux.
Il commence ses études à Périgueux. Il part ensuite étudier la médecine à l’université de Bordeaux et poursuit simultanément des études en sciences biologiques. Il suit notamment les cours d'entomologie.
En 1919, il reprend ses études à Paris mais s’oriente définitivement vers les sciences. Il obtient sa licence en Biologie.
Il fait la première de ses missions en Afrique en 1933-1934. Pour les observer dans leur milieu et leur organisation sociale, Grassé a entrepris trois grands autres voyages en Afrique (1938-39, 1945, 1948), continent spécialement riche en termites, visitant successivement le Sahara, l'Afrique occidentale (Niger, Haute-Volta, Côte-d'Ivoire et Guinée), l'Afrique équatoriale (Tchad, Oubangui), voyages qui lui permettent d’étudier le comportement des termites dont il devient l’un des grands spécialistes.
Il préside en 1939 la Société zoologique de France et en 1941 la Société entomologique de France.
Grassé est élu membre de l'Académie des sciences le 29 novembre 1948 dans la section anatomie et zoologie et préside l’institution pour l'année 1967. En 1976, il passe dans la nouvelle section de biologie animale et végétale.
Grassé reçoit de nombreux honneurs durant sa vie : commandeur de la Légion d'honneur, docteur honoris causa des universités de Bruxelles, de Bâle, de Bonn, de Gand, de Madrid, de Barcelone et de São Paulo. Il est aussi membre de diverses sociétés savantes dont l’Académie des sciences de New York, l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, etc.
Il joue entre 1940 et 1970 un rôle majeur dans la promotion et l'avancement des recherches zoologiques en France. La relance vers 1960 de l'étude des vertébrés, qui était tombée au plus bas entre les deux dernières guerres, lui est due pour une grande part. Bien que peu attiré personnellement par les oiseaux, il percevait parfaitement l'intérêt de l'ornithologie pour les études de comportement et d'évolution. Aussi soutint-il efficacement cette discipline. Son action se traduisit par l'édition du tome XV du Traité de zoologie consacré aux oiseaux, le lancement de programmes de recherches ornithologiques tropicales, le recrutement d'ornithologues professionnels dans le cadre du CNRS et par un soutien sans faille, jusqu'à la dernière année de sa vie, à Alauda, revue internationale d'ornithologie.
Dans le domaine des invertébrés, il soutient un grand nombre d’études. Il soutient, au sein de l’INRA, la création de laboratoires spécialisés comme celui sur les insectes sociaux qui sera dirigé par son élève Rémy Chauvin (1913-2009). Outre sa participation au comité scientifique de l’INRA, il participe à diverses commissions du CNRS. Son intérêt pour les insectes sociaux le conduit à créer l’Union internationale pour l'étude des insectes sociaux qui édite la revue Insectes sociaux.
- Les publications :
Grassé commence la parution d’un très vaste projet en 1946 : "le Traité de zoologie". Les 38 volumes demanderont près de quarante ans de travail et réuniront les plus grands noms de la zoologie. Ils constituent toujours des références difficilement contournables pour la zoologie des groupes traités. Dix volumes sont consacrés aux mammifères, neuf aux insectes.
Outre ce Traité, il dirige chez Masson deux collections : la première, intitulée les Grands problèmes de la biologie, comprendra treize volumes, la seconde, les Précis de sciences biologiques. Avec Andrée Tétry (1907-1992), il rédige les deux volumes consacrés à la zoologie dans la collection de la Bibliothèque de la Pléiade de chez Gallimard.
Il supervise l’édition d’un Abrégé de zoologie (deux volumes, Masson).
Il faut signaler particulièrement son "Termitologia" (1982, 1983, 1984), un ouvrage en trois volumes totalisant plus de 2400 pages. Grassé y rassemble toutes les connaissances disponibles sur les termites. C’est en étudiant les flagellés symbiotiques de termites qu’il commença à étudier leurs hôtes.
Grassé introduit à l’occasion de cette parution le concept de stigmergie :
« La stigmergie se manifeste dans la termitière, par le fait que le travail individuel de chaque ouvrier constructeur stimule et oriente celui du voisin. »
Il crée trois revues scientifiques : Arvernia biologica (1932), Insectes sociaux (1953) et Biologia gabonica (1964). Il participait, en outre, à plusieurs autres revues comme les Annales des sciences naturelles et le Bulletin biologique de la France et de la Belgique. Outre ses nombreuses publications scientifiques, il fait paraître plusieurs ouvrages de vulgarisation comme La Vie des animaux chez Larousse (1968). Il signe également les articles "Évolution" et "Stigmergie" de l'Encyclopædia Universalis.
Grassé est également l’auteur de nombreux ouvrages où il parle de ses conceptions sur l’évolution et la métaphysique comme "Toi, ce petit Dieu" (Albin Michel, 1971), "L’Évolution du vivant, matériaux pour une nouvelle théorie transformiste" (Albin Michel, 1973), "La Défaite de l’amour ou le triomphe de Freud" (Albin Michel, 1976), "Biologie moléculaire, mutagenèse et évolution" (Masson, 1978), "L’Homme en accusation : de la biologie à la politique" (Albin Michel, 1980)…
Enfin, Grassé est l’auteur de la préface à la traduction française de l’un des plus beaux pastiches de l’histoire de la zoologie. Il fait paraître en 1962, chez Masson, un livre intitulé "La Biologie des rhinogrades, d'après un original allemand". Les rhinogrades forment, selon cet ouvrage, un groupe de vertébrés, aujourd’hui disparus à la suite d'un cataclysme ayant détruit la seule île où ils vivaient. Ces vertébrés insectivores se caractérisent par un nez proéminent ayant plusieurs usages : piège odoriférant pour les insectes, appareil locomoteur, etc.