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« Courrier de la nature juillet-août 2019 » : étonnants membracides

Editorial : Comment répondre honnêtement à des arguments malhonnêtes ?

La SNPN est une association de protection de la nature classée dans la catégorie « société savante » qui fleure bon le XIXe siècle. Cela signifie que les arguments qu’elle développe, les actions qu’elle entreprend, les publications qu’elle propose reposent sur des connaissances fondées sur des données scientifiques récoltées selon des méthodes validées, clairement décrites et donc reproductibles.

Comme pour toutes les connaissances scientifiques, cela signifie aussi que l’on peut les faire évoluer jusqu’à les remettre en cause. Lorsque de nouvelles données scientifiques sont récoltées et exploitées, on peut aboutir à d’autres interprétations, voire à de nouvelles théories.

Il existe d’autres associations de protection de la nature beaucoup plus engagées dans une démarche militante. Leurs programmes et leurs outils sont orientés vers l’influence de l’opinion, voire des décideurs, par des campagnes de sensibilisation, un usage intensif des médias et des slogans percutants, même s’ils sont souvent simplifiés.

Les deux démarches peuvent être complémentaires, avec des convergences possibles au-delà des méthodes d’approche, quand elles visent les mêmes objectifs : tant les actions scientifiques que les campagnes d’opinion reposent sur un état de l’art, synthèse des connaissances scientifiques.

Certains scientifiques, membres de diverses structures de recherche, oeuvrent dans des comités d’expertise pour le gouvernement, pour le ministère chargé de l’environnement, souvent sur la base du volontariat.

Ces groupes de travail aboutissent à des avis, consultatifs mais généralement bien documentés et argumentés. Les décisions finales ne reposent cependant pas exclusivement sur des arguments scientifiques, car les politiques intègrent aussi d’autres paramètres, économiques, sociaux ou autres, et donc ne suivent pas toujours les avis de leurs experts.

Mais, quand l’État lui-même détourne des résultats scientifiques et déforme le sens des données, le contexte n’est plus le même. Dans la consultation publique associée au projet d’arrêté ministériel proposant le prolongement de la chasse aux oies grises en février 2019, les arguments officiels exposés étaient faux (plusieurs populations d’oies cendrées en Europe occidentale et non pas une seule, situation néerlandaise non comparable à la situation française, appréciation biaisée des impacts). Dans ce cas-là, comment peut réagir une association « honnête », qu’elle soit scientifique ou militante ?

François Moutou, vice-président de la SNPN.

Dans les actualités :


Vie de la SNPN


Dossier : Les membracides Des insectes bien chapeautés Par Jérémie Lapèze


Dossier : Les récifs coralliens Un tiers des espèces marines sont-elles menacées ? Par Bernard Salvat



Point de vue : Le projet Paysans de nature Concilier agriculture et nature sauvage Par Perrine Dulac et Frédéric Signoret


L’art et la nature Selon Mumuzepaint et Friedrich Nietzsche


A lire 

Nom :

Courrier de la nature

Numéro :

Date de parution :

317
2019-07-10

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