Ce nouveau numéro du Courrier de la Nature nous emmène tout d’abord en Andalousie, où l’ibis chauve est réintroduit grâce à un programme d’élevage dans les zoos européens, avant de revenir en France pour explorer les richesses du site de Païolive, un ensemble géologique et écologique original d’environ 150 km² en Ardèche. Ces belles découvertes ne doivent pas occulter les lourdes conséquences de certaines décisions : le professeur François Ramade nous le rappelle en revenant sur l’affaire du chlordécone aux Antilles, un exemple édifiant. On retrouvera également dans ce numéro de nombreux articles d’actualité, les dernières nouvelles de la SNPN ainsi que les pages artistiques et des conseils de lecture.
Apprendre à apprendre
Les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) se suivent, ceux de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), mise en place plus récemment pour la biodiversité, arrivent en alternance, mais peut-on parler pour autant d’une prise de conscience, et par qui ? Certes, ces documents sont denses, techniques, mais ils sont accompagnés de plusieurs types de résumés, dont l’un destiné aux décideurs, qui devraient aider à leur compréhension.
Aujourd’hui le schéma est assez curieux : le changement climatique d’un côté, comme la perte de la biodiversité de l’autre, semblent de moins en moins remis en cause, mais au niveau décisionnel planétaire, comme national et local, cela ne semble pas changer grand-chose. Face aux sinistres naturels en série et aux assurances qui bientôt ne pourront plus suivre, certains discours passent pourtant désormais nettement moins bien. Sous couvert d’éviter l’« écologie punitive », aucune décision n’est prise dans le sens d’une adaptation aux changements environnementaux pourtant inévitables. Mais qui peut entendre cet argument quand pour la troisième fois en quelques années sa maison est envahie d’un mètre d’eau (sale) ? Qui est alors puni, et par qui ?
On parle de plus en plus de la nécessité de formation à la biologie, aux sciences de la vie, au collège et au lycée, au moment où les sciences de la vie et de la terre (SVT) régressent de manière dramatique dans les programmes de l’Éducation nationale. Réparer ce manque est tout le combat de la fédération Biogée (nommée d’après un terme proposé par le philosophe Michel Serres). Le plus frappant dans ce contexte est surtout de constater l’incurie des dirigeants dans ces domaines. Il sera essentiel que ce qui remplacera peu ou prou l’École nationale d’administration (ENA) forme sérieusement les futurs hauts fonctionnaires aux fondements de l’écologie scientifique, la vraie, c’est-à-dire à l’étude des relations des êtres vivants entre eux et avec leur milieu. Cela s’applique également aux humains pour lesquels le seul lobby acceptable car universel est celui de la vie. François Moutou
Dossier : Le retour de l’ibis chauve, réintroduction dans le sud de l’Espagne
Par Miguel A. Quevedo Muñoz, Pierre Gay
Dossier : L’écocomplexe de Païolive, haut-lieu de la biodiversité méditerranéenne
Par Patrick Blandin, Henri-Pierre Aberlenc, Corinne Bauvet, Alain Bertrand, Nicolas Bianchin, Jean-François Holtof, Vincent Hugonnot, Maurice Lhomme, François Schwaab, association Païolive
Point de vue : Retour sur le cas du chlordécone aux Antilles, un exemple de dérogations aux conséquences calamiteuses
Par François Ramade
L’art et la nature selon Alicia Pénicaud et Anna de Noailles