Animaux de la ferme et des villes, de compagnie et considérés comme nuisibles ou encore réservés à la noblesse sous l’Ancien Régime, nos Amies les bêtes ont été largement utilisées, exploitées, chassées, détruites, choyées aussi par l’espèce humaine. Cette histoire des relations entre l’homme et la bête est retracée dans ce numéro Spécial, mais du point de vue de l’animal, par les meilleurs spécialistes de la question, dont l’historien spécialiste de l’histoire des animaux Éric Baratay et le médiéviste Michel Pastoureau, l’invité de ce numéro.
♦ Le 13 mars, Éric Baratay était l'invité, sur RTL, dans l'émission La Curiosité est un Vilain défaut, de Sidonie Bonnec et Thomas Hugues.
Les animaux ont-ils droit à l’éminente dignité de l’Histoire, « c’est-à-dire à autre chose que ces petites histoires, réelles ou légendaires, et le plus souvent édifiantes, qu’on rapporte sur eux », ainsi que l’écrit la philosophe Élisabeth de Fontenay et contributrice de ce dossier ? Oui, mais depuis très peu à l’échelle de l’évolution terrestre. Il a fallu en effet attendre le XXe siècle pour que commence à s’écrire une histoire des animaux, « nos frères inférieurs » selon l’expression de l’historien Michelet, une histoire indissociable de celle des humains.
Ainsi, Éric Baratay, professeur à l’université Lyon-3, a adopté pour la première fois ce qu’il appelle « le point de vue animal ». Il est l’un des auteurs de ce dossier éclairant, révélant la participation des animaux à la marche de l’Histoire. Cette histoire animale « faite de violences subies et de connivences partagées » ; liée à celle des hommes ouvre de nouveaux champs d’étude sur les destins croisés des bêtes et des humains.
C’est à cette découverte passionnante que vous convie ce numéro spécial d’Historia. Une exploration ouvrant d’infinies perspectives et rejoignant les préoccupations actuelles sur le statut de l’animal. « Renouveler l’histoire en lui donnant ces nouveaux objets d’étude, c’est, véritablement, ouvrir les portes de la cité aux animaux et continuer à poser légitimement la question de leurs droits. » conclut Élisabeth de Fontenay.