Réussir le futur
L’annonce de l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ne peut que satisfaire en ce début d’année 2018 tous les amoureux de la nature et peut-être aussi tous les porteurs d’une certaine idée du « progrès ». Il aura fallu 50 années de lutte acharnée pour obtenir que soit retiré un projet destructeur de milieux agricoles et naturels, issu d’un modèle de développement obsolète. Les habitants et les agriculteurs locaux, et à leurs côtés les associations de protection de la nature, ont su faire entendre leur voix et défendre une terre qui leur est chère. Leur volonté a fait plier l’acier des bulldozers.
Ensuite, et l’on peut s’en féliciter, la décision du gouvernement s’est fondée sur des arguments raisonnés issus du rapport des médiateurs qui, enfin, ont présenté honnêtement les avantages et les inconvénients des diverses hypothèses en présence. Est-il déraisonnable de demander à ce que toutes les décisions d’aménagements soient prises ainsi ?
De plus, pour la première fois pour un projet de cette ampleur, la séquence éviter-réduire-compenser a été réellement appliquée, dans le bon ordre : il est en effet impératif de chercher avant tout à éviter les aménagements destructeurs de la biodiversité, et de ne pas aller directement à la case « compenser » (cf. Le Courrier de la Nature n° 307, p. 41-45). On peut simplement regretter que le Premier ministre n’ait pas fait référence à cet argument dans son discours…
Mais cette victoire ne doit pas être considérée comme la fin de l’histoire, car, d’une certaine façon, le plus difficile reste à réaliser : fonder à Notre-Dame-des-Landes un modèle de développement respectueux de la nature ; limiter les impacts de l’agrandissement de Nantes-Atlantique sur le lac de Grand-Lieu ; apporter des solutions concrètes aux nuisances sonores dont souffrent les populations riveraines de l’aéroport ; remplacer la course au « toujours plus » par le choix du « mieux ».
En clair, faire encore une fois la démonstration que la protection de l’environnement est porteuse d’un futur désirable.
La perspective d’une cohabitation réussie entre développement local et patrimoine naturel qui s’ouvre sur le site de Notre-Dame-des-Landes ne doit pas faire oublier la perte généralisée d’une biodiversité qui touche nos milieux agricoles et naturels. Je pense en particulier aux zones humides, pour la défense desquelles la SNPN, avec d’autres associations amies, et s’appuyant sur son expertise, lance une initiative forte en direction des pouvoirs publics (cf. p. 8-11).
Rémi Luglia, président de la SNPN
SOMMAIRE
Courrier des lecteurs
Dans les actualités :
La SNPN et 13 partenaires associatifs interpellent les pouvoirs publics en soutenant plusieurs mesures et actions destinées à préserver les zones humides, ces écosystèmes indispensables et menacés. Appel également de la part d’Alsace Nature au sujet de la construction d’un axe autoroutier près de Strasbourg qui menace la biodiversité locale.
La technologie, au lieu d’utiliser la nature, pourrait s’en inspirer, ce qu’elle fait de plus en plus grâce aux apports du biomimétisme : à ce sujet, les adaptations visibles dans les écosystèmes des pôles sont une mine d’idées. Autre sujet d’études, la paléontologie nous permet de retracer notre histoire en commun avec le chien : depuis quand le loup est-il devenu ce fidèle ami ? Et puis, au printemps, redécouvrez la nature de manière sportive avec les Trails de la Brie des Morins !
Vie de la SNPN
– Une attention particulière pour la nature ordinaire
– Les réserves nationales gérées par la SNPN
– Le magot de l’Ourika, un trésor dans le Haut-Atlas ? par Jan Siess, Mohammed Znari et Salwa Namous
À Setti Fadma, à 60 km au sud de Marrakech, dans le Haut-Atlas, au Maroc, un groupement d’acteurs réunis sous l’égide du Parc national de Toubkal a mis en place un plan local d’action pour la conservation du magot, ou macaque de Barbarie. La communauté locale, les scientifiques et l’administration forestière s’impliquent ensemble pour préserver à la fois les singes et leur environnement.
– Les Bieszczady, référence européenne pour une nature sauvage et… attractive ! par Marc Michelot
Aux confins de l’Union européenne, dans les Carpates, la région des Bieszczady recèle une diversité biologique remarquable. Avec le bison d’Europe comme fleuron, la grande faune est le vecteur d’un écotourisme dynamique. Un exemple à méditer pour initier une gestion
innovante de nos espaces naturels…
Géopolitique du sanglier : le cochon sauvage, gibier et risque sanitaire par François Moutou
L’art sous la plume de… Arnoldo Palacios
La nature dans l’œuvre de… Dorian Noël
Bibliographie