En cette année, nous nous préoccupons toujours plus du sort des espèces protégées et menacées d’extinction. Si quelques espèces d’outre-mer, concernées par le projet Life+ CAP DOM, et la loutre en Camargueconnaissent une évolution favorable, en revanche, d’autres sont moins bien loties... Mépris de la loi avec la destruction d’un bouquetin des Alpes, pas en arrière avec la volonté de prélever plus de loups, etc. : autant de champs où poursuivre les efforts. Car une étude sur l’impact de la directive Oiseaux tend à montrer que les espèces listées en annexe 1 de cette directive bénéficieraient d’une meilleure protection et se porteraient mieux dans l’Union européenne...
Les efforts en faveur d’une meilleure connaissance de la biodiversité sont également à l’honneur dans ces pages.
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Les rendez-vous nature de la SNPN
La loi biodiversité : principes, concepts, orientations par Jean Untermaier (Professeur émérite de l’Université Jean Moulin Lyon 3, Président de la SNPN). la version longue de cet article est disponible au format PDF à télécharger ici
Editorial
Y a-t-il en France un ministre en charge de la protection de la nature ?
Les dernières mesures prises contre le loup en France sèment en effet le doute. Nous ne reviendrons pas sur la biologie, l’écologie et le rôle de ce grand prédateur dans la biodiversité en France, sujets largement développés dans le numéro spécial Loup (n° 278) de notre revue. La question est de savoir si ces nouvelles mesures permettront le maintien d’une population viable de loups en France. Les arrêtés pour la saison 2015-2016 prévoient l’abattage de 36 loups, alors qu’entre 2013 et 2014 la population lupine a légèrement diminué (282 individus en 2014 contre 301 en 2013). Le respect du plan d’action national loup – dont l’objectif premier, rappelons-le, est la préservation du loup – aurait voulu que les quotas de tir soient inférieurs à ceux de la saison 2014-2015 (24 individus plus 12 supplémentaires possibles). L’option de maintenir au moins la population existante n’a donc pas été retenue.
Mais il y a pire. Partant du constat que les quotas ne sont jamais atteints depuis la mise en place d’une gestion du loup par le tir, Mme Ségolène Royal vient de lancer le recrutement d’agents pour la mise en place d’une brigade de l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) en appui aux éleveurs pour effectuer ces tirs. Un ministre en charge de la Protection de la nature aurait dû s’interroger sur la part du loup dans la mortalité ovine. Les causes de pertes pour les éleveurs sont en effet nombreuses (accidents, maladies, chiens errants… sans compter les brebis de réforme envoyées à l’équarrissage) et ne doivent pas faire porter au seul loup la responsabilité de la crise de l’élevage ovin en France. Un ministre de la Protection de la nature aurait demandé à son collègue de l’Agriculture que les mesures commerciales défavorables aux éleveurs français soient revues : nouvelle réforme de la PAC (Politique agricole commune), Organisation mondiale du commerce, accord franco-néo-zélandais, politique des grandes surfaces… au lieu de choisir comme unique solution l’abattage d’une espèce protégée !
Alors, effectivement, nous avons peut-être un ministre de l’Ecologie, mais vraisemblablement pas un ministre en charge de la Protection de la nature. Et cette carence pourrait malheureusement être illustrée par d’autres exemples : extension de la période de la chasse à l’oie en début d’année, nouveaux arrêtés sur les espèces nuisibles, absence d’intervention contre le braconnage illégal de l’ortolan et autres petits passereaux dans le Sud-Ouest…, sans parler du refus de renforcer la population ursine dans les Pyrénées et notamment dans les Pyrénées occidentales.
Michel Echaubard