C’est un pays où le Zambèze fait du trapèze, s’élance et tombe. Chutes de toute beauté : une merveille nommée « Ze Victoria Falls ». C’est un pays où dans la savane dorée comme le miel, il y a des gnous et des koudous, des zèbres et des lions, des zoryx et des zéléphants. C’est un pays qui signe son nom d’un Z qui veut dire Zimbabwe.
On a tué Cecil. Quel bazar ! La planète entière s’est indignée, les réseaux sociaux ont failli péter une durite. C’était en juillet 2015. Walter Palmer, un dentiste américain, avait quitté précipitamment son Minnesota, se fichant bien de laisser ses patients en rade, pour venir au Zimbabwe le dégommer.
Grâce à lui, Cecil, le célèbre lion du parc national de Hwange, reconnaissable entre tous à sa foisonnante crinière noire n’aura plus mal aux dents, c’est déjà ça. Les Zimbabwéens n’ont pas vraiment compris l’emballement médiatique consécutif à sa mort, considérant que leur pays avait d’autres gros chats à fouetter. Pénuries d’eau, de nourriture, de médicaments, coupures d’électricité, chômage de masse (80 %) auraient aussi mérité d’être à la une des journaux.
Et puis, pourquoi ne pas parler de la menace pesant sur les libertés individuelles sous le régime de Robert Mugabe, le plus âgé des chefs d’État d’Afrique, qui règne sans partage depuis 36 ans ? Ce nonagénaire encore ingambe a déclaré sans rire lors des élections présidentielles de 2008 : « Seul Dieu qui m’a nommé peut me retirer le pouvoir. » Et Dieu, dans son infinie sagesse, n’a pas usé de son droit. Qui a dit que la démocratie de droit divin c’était compliqué ? Encore fallait-il y penser. Mais revenons à nos lions, à Cecil en particulier. Un drôle de nom qui rappelle aux Zimbabwéens celui de Cecil John Rhodes, le colonisateur britannique, et un temps où leur pays s’appelait la Rhodésie du Sud. Fâcheux. Cependant, gloire à Cecil dont l’exécution a permis à bon nombre de personnes de situer enfin sur une carte le Zimbabwe. (…)