L'artiste de rue Ardif met en scène des espèces mi-animales mi-machines dans des oeuvres visibles sur les murs de villes du monde entier.
Enjoué par la diversité et l'esthétisme animal, il met en exergue l'équilibre fragile entre la nature et la technologie développée par l'être humain
Durant ses études d’architecture, il s’intéresse à l’esthétique du bâtiment et de la machine à différentes échelles.
Aujourd’hui, son travail explore les possibles hybridations entre architecture/machine et nature.
Sa série des “mechanimals” est l’illustration de cet univers graphique et est visible sur les murs de la capitale.
La symétrie naturelle de l'animal permet une composition qui joue sur le contraste des matières, des échelles et des textures.
Cette faune urbaine vient nous questionner sur l'impact de l'artificialisation de la nature ou, à l'inverse, de l'instinct sauvage et primitif à retrouver dans notre vie urbaine.
« Plus je dessine d'espèces sauvages, plus elles me paraissent fragiles ». Street-artiste de talent, Ardif (33 ans) offre une vision originale sur notre rapport complexe face à la nature. Ses impressionnants animaux de chair et de mécanique font inexorablement écho à l'actualité.
« Avec cette hybridation entre animaux et mécanique, je traite de l'équilibre à trouver entre la nature et la technologie, explique cet ancien architecte. Il nous faut imaginer un dialogue symbolique avec notre patrimoine naturel, proposer une nouvelle vision du monde. C'est aussi le rôle de l'art de questionner sur notre impact sur la biodiversité. » Dès juin 2016, le trentenaire s'essaie avec un chat mécanique avant de se laisser tenter par d'autres espèces moins visibles, « comme le Bernard l'Hermite ou la chenille »L'art permet de mettre des images sur nos maux.
Ardif - Street-artiste
Puisant son inspiration dans les livres anciens de biologie, les ouvrages de Jules Verne, les documentaires animaliers et les robots des « Machines de l'île » à Nantes, Ardif fournit un véritable travail de fourmi avant qu'une de ses oeuvres ne s'affiche sur un mur. « Je dessine l'animal au pinceau sur toile ou au feutre fin en atelier avant de le scanner puis de l'agrandir, détaille l'artiste de Vincennes (94). Je découpe l'oeuvre et je vais la coller à Paris, en France ou dans un autre endroit du monde. Quand je fais mes valises, j'emmène toujours un dessin avec moi. »
« Il suffit d'un claquement de doigts pour que des dizaines d'espèces disparaissent...
New York, Londres, Paris... Ce sont plus de 150 animaux mécaniques qui ornent les murs de plusieurs villes du globe. Avec un objectif : interpeller et sensibiliser à la préservation de la nature. « J'ai récemment créé une ourse polaire et ses deux oursons lors d'une étreinte, décrit le jeune homme. Dans l'imaginaire, l'ours représente la force et la puissance. Ici, il paraissait fragile et vulnérable. Cette scène est poignante. Nous avons, en tant qu'humain, une lourde responsabilité. J'éprouve parfois ce qu'on appelle la solastalgie. Cette anxiété provoquée par les changements environnementaux actuels... Il suffit d'un claquement de doigts pour que des dizaines d'espèces disparaissent. L'art permet de mettre des images sur nos maux. C'est ma façon à moi d'interpeller et d'agir. »
Collant au maximum à l'actualité, il a dégoté une place à Paris pour exposer un koala en soutien aux nombreux marsupiaux morts dans les incendies qui ont ravagé le pays-continent. « Pendant le confinement, j'ai envie de travailler sur le pangolin, lance-t-il. Je trouve que c'est un animal esthétiquement magnifique et qui mérite qu'on s'y intéresse davantage. »
Source 30 millions d'amis