Walton Ford est un peintre américain naturaliste connu pour ses illustrations très précises et à grande échelle d’animaux.
Ces œuvres représentent des animaux sauvages tels que tigres, éléphants, singes et de nombreux oiseaux exotiques.
Son style est comparé à celui de John James Audubon, Karl Bodmer et d’autres artistes issus du mouvement d’illustration naturaliste, rappelant la peinture coloniale du xviiie siècle,
Ford insuffle dans ses œuvres de l’humour et une critique de la culture. Ses images subversives s’intéressent au sens de la relation entre les humains et leur environnement. « Mon travail réagit à l’histoire de l’histoire de la nature et à l’histoire des interactions entre les personnes, les animaux et d’autres cultures », explique-t-il. « Et à notre façon de nous souvenir d’événements naturels historiques et de créatures qui sont désormais éteintes ».
L'artiste y mêle surréalisme, humour et allégorie, avec une certaine critique du colonialisme, de l'industrialisme, des sciences naturelles et de l'effet de l'homme sur l'environnement.
Enfant, Walton Ford découvre à New York, l’American Museum of Natural History où il est saisi par les spectaculaires dioramas d’animaux empaillés, comme le Metropolitan Museum of Art où il apprécie tout particulièrement une toile de Pieter Brueghel l'Ancien "où des paysans font la sieste dans l’après-midi" et la vision de l'enfer dans le Jugement dernier de Jan van Eyck1. Dès l'âge de neuf ans, Walton Ford se passionne pour le dessin.
Entré à la à la Rhode Island School of Design (RISD), sachant dessiner et peindre, il choisit les cours d'art dramatique et de cinéma. En dernière année, il étudie à Rome et découvre les fresques de Giotto sur la vie de saint François d’Assise qui le fascinent. Lorsqu'il termine son diplôme, le mouvement néo-expressionniste occupe East Village (Manhattan), le quartier des artistes comme Jean-Michel Basquiat et, la question de la fin de la figuration ou de la possibilité d’être encore un peintre figuratif est au cœur des discussions. L'artiste diplômé en 1982 de l'École de design de Rhode Island qui avait l'intention de devenir cinéaste se tourne vers la peinture animalière figurative.
Après avoir vécu à New York City, Walton Ford a déménagé son studio à Great Barrington (Massachusetts).
Les formats sont très grands (jusqu'à plus de trois mètres de long) - chaque animal est peint à sa taille réelle - à l'aquarelle, la gouache, l'encre et le crayon sur papier. Le dessin éclatant offre une extrême précision qui évoque les planches zoologiques, estampes ou eaux-fortes, du xve au xixe siècles en particulier celles du peintre-ornithologue John-James Audubon (1785-1821, Cf. Birds of America2 ou Biographies Ornithologiques). Walton Ford Ford célèbre le mythe entourant le naturaliste-peintre mais le repositionne également comme un tueur d'animaux. Il s'inspire également, entre autres, du caricaturiste français J.-J. Grandville, des contes folkloriques vietnamiens, des lettres de Benjamin Franklin et de grands voyageurs, de l’autobiographie de Benvenuto Cellini, etc. L'artiste signale plus particulièrement dans ses interviews un manuel américain du xixe siècle, Camp Life in the Woods and the Tricks of Trapping and Trap Making, expliquant l'art de piéger des animaux pour les revendre ; ces pièges se retrouvent dans ses productions dans un double sens littéral et métaphorique selon différentes perspectives.
L'œuvre de Walton Ford croise les références classiques littéraires et historiques (de Pline l’Ancien à Alfred Jarry, en passant par le marquis de Sade ou Guy de Maupassant) et la culture contemporaine populaire (King Kong, Les Dents de la mer ou Jurassic Park, par ex.). Supprimant les barrières entre les genres, Walton Ford aime revisiter les légendes et paraboles animalières, les films à grand spectacle, les récits d’explorateurs naturalistes et les auteurs comme David Quammen qui présente dans Monster of God, des légendes comme celle de Beowulf, où se tiennent des récits de combats entre bêtes sauvages. Il souhaite présenter "une histoire culturelle des animaux", la place qu'ils occupent dans notre imaginaire, et plus particulièrement, de ceux qui sont "forcés de vivre avec nous".
Chaque œuvre présente une flore et une faune précises - voire recomposées de plusieurs espèces éventuellement disparues comme le Loup de Tasmanie - et propose une critique cinglante du monde industriel du xixe siècle ou de la société de consommation américaine contemporaine. Les sujets du bestiaire surréaliste sont détournés ; féroce et ironique, la faune exotique (fauves, éléphants, singes, oiseaux, rhinocéros, etc.) dessinée avec un extrême réalisme emprunte à diverses sources comme les cartoons américains des années 60-70, aux storyboards et aux Surréalistes. Chaque portrait d'animaux se double d'une symbolique complexe où se mêlent indices, blagues et leçons érudites. L'ariste présente ses œuvres comme : composed of dense allegories that make sometimes pointed, sometimes sidelong allusions to everything from conservationism and consumption to war, politics and imperialism3. À l'instar de Martin Scorsesepour qui le plus important pour le metteur en scène était d’imaginer où placer la caméra, l’œil, Walton Ford se pose la même question.
Walton Ford s'inspire de ce qu'il appelle les vrais animaux sauvages, qui provoquent une peur primitive et aussi, qui disparaissent de la Terre. Le bestiaire de Walton Ford est issu d'une jungle incroyable où la nature est particulièrement dangereuse : une dinde écrase une perruche, des singes mettent à sac une table soigneusement dressée, un bison est encerclé par une meute de loups blancs ensanglantés... Les thèmes, actuels, interrogent sur la frontière entre l’homme et l’animal. Le peintre s'intéresse aux animaux sauvages, aux monstres, aux peurs humaines, aux questions fondamentales que pose "la bête".
Lors d'un séjour parisien (2011), l'artiste explore les collections du Musée de la Chasse et de la Nature et de la Bibliothèque nationale et conçoit de travailler autour du thème de la bête du Gévaudan. L'expostion qui en découle est présentée à Paris en 2015-16.