Hermann Heinzel, biologiste, ornithologue est l'un des plus grands peintres animaliers au monde.
Connu dans le monde entier pour ses talents de peintre animalier et d'ornithologue, Hermann Heinzel, docteur en biologie, vit depuis plus de 15 ans en France, où il se consacre à l'observation et à l'illustration des oiseaux.
Auteur de guides ornithologiques de référence, il vit en plein Gers depuis plus de 30 ans, où il observe et dessine les oiseaux.
« Mon premier oiseau, je l'ai bouffé. » Hermann avait 6 ans, c'était au début des années quarante, dans un camp de travail allemand où il était interné avec sa mère. « J'avais faim, il avait froid, j'ai attrapé un petit hibou, un moyen duc, je l'ai tué, et ma mère l'a plumé pour le faire griller. » De cette expérience va naître un amour charnel pour les oiseaux.
Même la vie d'Hermann Heinzel imite le vol imprévisible et tortueux d'une hirondelle. Né en pleine « blitzkrieg » dans la Pologne envahie par la Wehrmacht en 1939, il reste prisonnier avec sa mère polonaise mais est séparé de son père Russe réquisitionné par l'armée rouge. De cette époque d'internement, il se souvient du froid, de la faim, des uniformes et de la libération du camp par les Soviétiques. Après guerre, le « sale Polonais » se retrouve en Westphalie au nord-ouest de l'Allemagne actuelle. Dans les campagnes, on parle une langue étrangère : le Flamand. À l'époque, les réfugiés sont logés dans des fermes allemandes de la région. Sa mère y est ouvrière agricole, lui, parcourt les champs et les bois à la recherche de nids d'oiseaux. « Les œufs de corneille, de vanneaux ou de palombes nous permettaient de manger un peu plus. » C'est là qu'il acquiert les secrets de l'observation à l'œil nu des oiseaux. L'imitation de leurs chants. Privé de feuille de papier, il commence à dessiner sur des bandes de journaux récupérés qu'il colle avec de la farine et de l'eau. Dans son village un copain avait un livre d'oiseaux, il le dévore. Déjà, il croque des bouvreuils qu'il capture, et débute à 8 ans son premier recueil de dessins au crayon. Une quarantaine de croquis qui lui seront volés plus tard, lors d'une exposition. Une déchirure.
Bachelier, puis biologiste en étudiant au musée d'histoire naturelle de Bonn, son talent commence à être reconnu : un collectionneur lui achète toute une série de perroquets, les éditions anglaises Collins le contactent pour un premier guide (1963). La carrière du peintre des oiseaux prend son envol. Le guide sera traduit en 17 langues. Devenu le livre de référence des ornithologues de tout poil, on l'appelle « L'Heinzel ». L'Inde, l'Afrique, Hermann Heinzel parcours le monde à la recherche de nouveaux sujets, s'installe à Andorre, apprend le Catalan et finit par se poser dans le Gers, un peu par hasard en 1978. Sur un marché de Toulouse, une maraîchère lui indique une maison à vendre près de Gaujan. Le propriétaire l'accueille avec un fusil, mais finit par céder à la tentation des nouveaux francs. Il y rencontre ses voisins, le saxophoniste Bill Coleman et Guy Lafitte. Ils lui font connaître le tout nouveau Jazz In Marciac, il leur apprend les oiseaux. Ils fonderont même le premier club ornithologique du Gers qu'il quitte, accusé de manger parfois des oiseaux. « Un jour que je circulais en auto, un loriot se tue sur mon pare-brise. Je l'ai récupéré, peint et mangé. C'était la fin de l'été, il s'était gavé de figues, il était délicieux. » À un Marciacais qui lui demande comment se débarrasser des pigeons : « Attrapez-les et mangez-les ! » A une solution simple pour protéger les oiseaux, l'ornithologue répond sans concession : « Arrêtez les insecticides, sinon autant en mettre dans le café, on disparaîtra tous plus vite ! » Un oiseau rare cet Hermann. Jordi Chaïrat
Le chiffre : 3 000 dessins d'oiseaux européens. C'est le nombre d'aquarelles peintes par Hermann Heinzel dans son ouvrage majeur : « Le guide Heinzel des oiseaux d'Europe. » (Delachaux)
Source : La dépêche.fr