Vivants joyaux et Pastels volants
Orfèvre de métier, Lionel Asselineau a œuvré durant 10 ans pour les plus grands joailliers, Cartier, Van Cleef & Arpels, Tiffany, Chanel...Il parait les belles des gemmes les plus précieuses quand la nécessité impérieuse se fit sentir d'aller vers une joaillerie vivante, celle qui habite nos jardins et dont le chatoiement n'est pas moins précieux que celui qui orne les vitrines prestigieuses de la place Vendôme.
Désormais, volant de ses propres ailes son regard va sertir cette scène où la rose s'incline devant la rosée, où le temps s'arrête devant le passereau tandis qu'un ange sourit aux mésanges. Le pastel d'Asselineau sait dire le velouté d'une plume, le duvet d'un bourgeon, l'insolence fugace de ce piaf qui nous lance un regard goguenard. Il en saisit l'instantanéité et témoigne de ce qui palpite, dans cette vie minuscule, il en révèle toute l'importance, avec le même soin, peut-être même un peu plus que lorsqu'il sertissait un solitaire condamné à finir au fond d'un coffre.
Ses joyaux, Lionel Asselineau les trouve sous nos yeux. Ils chantent, se lissent les plumes, ses bijoux volent, pépient, zinzinulent, turlutent, trillent sur tous les airs leur ode à la liberté. Lionel Asselineau, c'est Audubon retrouvé, à cela près que lui, n'assassine pas ses modèles. Jouant de toutes les facettes de sont talent, l'orfèvre sait aussi mettre le vivant à l'œuvre dans de mal nommées « Nature morte ».
Il souligne le geste qui conçut ce chaudron, cette vasque, la fantaisie qui anime à cet épouvantail. Flocon de neige, branche qui fait la morte, feuille qui déroule son printemps, à chaque fois le maître pastelliste sublime l'événement. Sa virtuosité troublante fait bruisser quelque chose en nous, et nous invite à caresser ces riches heures où l'infime nous prend à rebrousse moelle. Tout pourrait être contenu là, comme dans ces estampes du bout du monde où l'intérieur et le dehors s'enlacent au point que le bas et le haut se démasquent et intervertissent leurs rôles. En frôlant le trompe-l'œil, il nous restitue cette part de vérité qui d'ordinaire nous échappe.
Lionel Asselineau nous invite au voyage, là au bout du jardin, entre deux battements de paupières, il nous réinvente un regard et nous intronise découvreurs de nouveaux mondes.
Jean-Noël Martin