Marine BOËS

Artistes animaliers

Je suis une jeune illustratrice.

Après des études aux Beaux-Arts, j'ai travaillé dans le social et j'ai finalement passé un BTS Gestion et Protection de la Nature. Depuis je m'investis entièrement à la protection de nos espaces naturels en tant que garde nature vacataire et illustratrice naturaliste.

Le dessin et l'observation, ont toujours fait partie de moi depuis toute petite. Je les utilise désormais comme un outil au service du vivant.

Je propose aux associations, structures de gestion d'Espaces naturels ou particuliers, de les accompagner dans la sensibilisation, par la création d'outils pédagogiques et d'illustrations naturalistes, afin d'agir ensemble.

En résumé, passionnée de montagne avec le goût du partage, de la patience, de l'errance, et surtout de ce qui nous observe à notre tour, pas si loin de nous.

Entretien avec...

VOTRE RAPPORT AVEC LA FAUNE

Pourquoi avoir choisi l'animal sauvage comme thème privilégié ?

En plus d'être fascinant et source d'inspiration, c'est aussi le moyen de nourrir et partager la patience d'observer ce qui nous entoure.

Un élément déclencheur ? ou un maître à penser ?

J'ai nourri ma curisiosité petite auprès de mon père en ayant toujours aimé observer, être dehors, explorer, et être au contact d'animaux en refuge.

Ma curiosité notamment envers les loups et la montagne dans l'enfance, a été nourrie par de nombreuses lectures (Nicolas Vanier, Jack London, plus tard Nan Shepherd, Tesson..)

L'élément déclencheur serait peut être d'avoir vu des personnes comme Paul Watson défendre de manière engagée un écosystème.

Cet engagement pouvait prendre plusieurs formes. J'ai plongé dans un monde d'apprentissage sans fin, de poésie et de partage avec des personnes extraordinaires, dans lequel j'ai rencontré notamment de nombreux photographes inspirants et talentueux, m'apprenant à quel point la passion peut permettre de protéger.

Une belle émotion ou rencontre avec la faune ?

Je ne suis encore qu'au début de mon aventure, j'espère faire de nombreuses rencontres mais on n'oublie pas les premières rencontres...

Lors d'un long temps d'affût immobile sur une crête au dessus de la neige dans les Alpes, j'ai eu la surprise de voir un Gypaète barbu tournoyer au dessus de ma tête, très bas, majestueux, plus proche qu'attendu mais accueilli avec un silence de respect. Je ne me souviens plus si j'ai respiré pendant son passage.

L'émotion vient ralentir le temps, c'est une douceur. J'espère continuer d'en vivre le plus possible.

(Et j'adore les surprises !)

Un lieu mythique ?

J'aimerais visiter le Parc national des Abruzzes ; ou aller au plus profond de la Taïga observer la faune boréale.

Mais le lieu mythique je le connais déjà, j'espère pouvoir continuer d'explorer nos belles montagnes encore longtemps.

L'ART ANIMALIER

Votre oeuvre à laquelle vous tenez particulièrement ?

Peut être un très vieux dessin d'un canard en réponse à celui dessiné par mon père petite. Un jeu de sensibilité et de regard, mais je n'ai plus le visuel, l'éphémère prime, autre chose demeure.

Sinon, ca serait une esquisse représentant un instant, commencée sur le terrain, d'un Grand corbeau. Je suis restée un long moment avec lui. Il était bavard et est resté assez proche, me permettant de le dessiner grossièrement au fusain, les mains salies et expressives. Pas le plus pratique sur le terrain, j'ai dû le retravailler au retour, mais j'affectionne particulièrement ce genre de moments.

L’œuvre d‘un confrère que vous auriez aimé créer ?

J'aurais aimé avoir le talent de Vincent Munier et créer cette retranscription poétique de rencontres uniques.

Et la technique ?

J'aime travailler le dessin sous toutes ses formes, gravure, sculpture sur bois mais surtout l'encre, le fusain, graphite et l'aquarelle. J'aimerais mieux maîtriser l'aquarelle pour être d'autant plus pertinente In Situ.

L’endroit préféré, qui vous inspire tout particulièrement pour créer ?

Nos montagnes !

La source de vos inspirations ?

La force des éléments, surtout la faune... et parfois la faune humaine que je rencontre

. Toute poésie et authenticité dans ce qui nous entoure.

Des conseils ?

Je ne suis pas encore en mesure de conseiller, mais si je peux encourager ça serait en disant qu'il ne faut pas hésiter à tracer sincèrement, sans effacer, sans pression, car ce qui est là peut être parlant et toucher sans avoir besoin d'être parfait.

Je pense qu'aller à l'essentiel doit sûrement s'apprendre avec le temps alors autant s'amuser en attendant.

BIODIVERSITE

Le pire des dangers pour la vie sauvage ?

L'humain. La gestion de la politique et des incivilités est essentielle et souvent mise de côté ou bafouée à d'autres profits.

Une suggestion pour aider à sensibiliser le grand-public ?

Mettre en avant certains bénévolats qui permettraient d'ouvrir son esprit au milieu associatif, et donner plus de moyens aux structures qui sensibilisent (notamment par l'embauche)

Plutôt optimiste ou pessimiste pour l’avenir ?

Je ne suis pas sûre que l'humain sera capable de s'unir et sortir de son égocentrisme, mais je garde quand même espoir au fond que quelques petits pas tracent un chemin.

Les grand-messes annuelles (COP, sommet de la Terre...) sont-elles efficaces ?

Avancer au ralenti et désuni ne me semble pas le plus efficace

Pour conclure ?

Il existe de nombreux moyens de s'ouvrir. La faune nous apprend, entre autres, la patience, le respect, la résilience et le goût de l'observation.

L'illustration fait partie à mon sens des outils qui peuvent nous servir à nous rassembler, à nous toucher, peut être nous permettre de davantage nous intéresser à une espèce. Mieux connaître, serait mieux protéger. Je vous souhaite alors de vivre des rencontres uniques ou d'être inspiré, dans l'errance par le vivant sous toutes ses formes.

Si je peux conclure par une petite écriture faîte sur le terrain :

L'esprit errant,

salue l'air qui danse,

les ailes frappant le vent,

et la montagne immense.

Et si nous devenions cet esprit ?