Disparaître, se travestir, jouer des tours, attirer ou effaroucher, leurrer ou être leurré... Ce numéro explore les pratiques du leurre entre les vivants, aussi bien sur le temps long de l’évolution, comme le mimétisme ou le camouflage, qu’à l’échelle des interactions individuelles et collectives.
L’iconographie de ce numéro cherche à tisser des liens et des points de contact entre la nature, l’art et l’artifice en remettant en question la séparation moderne entre nature et culture.
La question du leurre pourrait de prime abord nous conforter dans une vision de la nature comme une guerre de tous contre tous – avec des trompeurs et des trompés, chacun défendant des intérêts égoïstes. C’est l’interprétation qui en est proposée dans une partie de la littérature scientifique en éthologie comme en biologie de l’évolution.
Mais n’y-a-t-il pas cependant des dimensions qui nous échappent ?
Nous essaierons de saisir ce qui se joue dans ces relations en croisant les regards de biologistes, éthologues, anthropologues, philosophes et artistes.
En suivant les traces du cerf qui égare les chiens, celles des insectes attirés par des fleurs ou encore des biologistes qui partagent leur émerveillement devant les ruses des animaux qu’ils étudient – pieuvres transformistes, papillons mimétiques ou escargots « déguisés » en lichen... nous nous demandons ce que l’art du leurre peut nous apprendre des autres vivants.
Nous cherchons à envisager « l’art du leurre » comme une pratique partagée de l’imitation, de la ruse, du travestissement et du camouflage.