Certaines lianes font partie de notre quotidien – la vigne, le houblon, le kiwi... –, mais la plupart gardent une auréole de mystère. Leur invention majeure, qui consiste à économiser sur la construction d’un tronc afin de développer un feuillage abondant, est une manière élégante d’accéder à la lumière en limitant les contraintes de la gravité. Cependant, l’absence d’autoportance engendre des contraintes nouvelles, auxquelles les lianes ont dû répondre : la dépendance vis-à-vis de leurs tuteurs, les réactions de défense de ces derniers contre elles, sans compter les attaques des herbivores attirés par un feuillage prolifique. Pour cela, il a fallu encore innover, tant sur le plan morphologique que physiologique ou biochimique. En rétroaction positive, ces innovations toujours plus complexes ont stimulé la diversification des lianes. Ainsi, elles se sont peu à peu enrichies d’un nombre impressionnant d’espèces.
Ce n’est que vers la fin du xxe siècle que les sciences biologiques se sont vraiment penchées sur l’histoire et l’écologie des lianes. L’ouvrage d’Annik Schnitzler et Claire Arnold, richement illustré, vise à fournir aux amateurs de plantes l’essentiel des connaissances acquises à ce jour. Il retrace la présence des lianes au fil des périodes géologiques, décrit leurs habitats, leurs différentes stratégies d’adaptation aux biotopes qu’elles colonisent, les aspects multiformes de leur reproduction, leur richesse en molécules actives et leur résilience. Il évoque aussi les relations des lianes avec les arbres, ainsi qu’avec les animaux et les sociétés humaines qu’elles ont contribué à nourrir et à soigner depuis l’aube des temps. Aujourd’hui, la surabondance de certaines lianes invasives ne doit pas faire oublier la disparition d’espèces plus vulnérables. Des plus modestes aux plus emblématiques, les lianes ont encore beaucoup à apporter à notre connaissance du monde vivant : ce livre est un plaidoyer en leur faveur, afin qu’elles soient mieux connues et mieux respectées.
Avec la contribution et les dessins de Francis Hallé et la participation de Sarah Cardinal
L'auteure : Professeure honoraire de l’université de Lorraine, Annik Schnitzler a consacré ses recherches à différents aspects de l’écologie forestière en régions tempérées et tropicales.
Ses travaux ont porté tout particulièrement sur l’étude des lianes, notamment le long des grands fleuves. Elle est déjà l’auteure de livres destinés au grand public, notamment Forêts sauvages (Glénat, 2020).
Docteure en biologie, Claire Arnold est spécialisée dans l’écologie et la génétique des populations. Elle s’est tout d’abord intéressée à la vigne sauvage, puis à sa parente cultivée, pour ensuite parcourir les forêts du monde afin de mieux comprendre le rôle des lianes dans les écosystèmes forestiers.
Botaniste et biologiste, Francis Hallé est spécialiste des arbres et des forêts tropicales. Il a été professeur aux universités d’Orsay (1960), de Brazzaville (1968), de Kinshasa (1970) et de Montpellier (1971-1999). Il est membre correspondant du Muséum national d’histoire naturelle de Paris et l’auteur de nombreuses publications, dont : Le Radeau des cimes (en collaboration avec Dany Cleyet-Marrel et Gilles Ebersolt, J.-C. Lattès, 2000), Éloge de la plante (Seuil, 1999), Architectures de plantes (JPC, 2004), Plaidoyer pour l’arbre (Actes Sud, 2005), La Condition tropicale (Actes Sud, 2010), Il était une forêt (avec Luc Jacquet, Actes Sud, 2013), Plaidoyer pour la forêt tropicale (Actes Sud, 2014).