L’éléphant, demi-Dieu dans des temps pas si lointains, est devenu esclave. En vingt ans, la couverture forestière du Laos s’est réduite d’un tiers et la population d’éléphants a diminué de moitié. Mais aujourd’hui, il souffre d’un mal plus grand encore : l’oubli.
Au Laos, le “pays du million d’éléphants”, l’animal est en voie d’extinction. Avant qu’il ne soit trop tard, une équipe franco laotienne imagine un projet : pendant sept semaines, une caravane d’éléphants, menée par les meilleurs cornacs du pays et accompagnée d’une bibliothèque nomade et d’une troupe de comédiens, traverserait le NordOuest du pays, un territoire qui abrite les trois quarts des éléphants du Laos. Le but est bien d’alerter les populations sur leur sort et de mobiliser les consciences sur les mauvaises pratiques, cause de leur disparition. Si l’éléphant d’Asie va mal, on en connaît les causes : la déforestation, le braconnage, la déportation illégale vers des pays extérieurs, la réduction à une peau de chagrin de son habitat, la forêt tropicale…
Au terme de cette itinérance, la caravane termine son périple en beauté, au moment fort des cérémonies du vingtième anniversaire du classement de Luang Prabang, l’ancienne capitale royale, au Patrimoine mondial de l’Unesco. Devant le président, ses ministres et la nation tout entière, la caravane de vingt éléphants emmenée par l’éléphant blanc sacré – imposante et majestueuse – porte un message aux puissants : les cornacs de la caravane tentent de remettre une demande pour classer leur animal en sursis au Patrimoine national. Frapper les esprits, changer les mentalités, saisir les consciences, alerter les autorités, voilà l’ambition de la caravane, mais en utilisant comme arme l’émerveillement, le rêve, le théâtre. Utopique ? Pas tant que ça, si l’on regarde de près ceux qui cornaquent cette formidable expédition...
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