Une belle découverte du grand requin blanc au-delà du mythe
Celui que l’on surnomme la « mort blanche » traîne encore dans son sillage une image de monstre sanguinaire avide de chair humaine...
Dans la réalité, le grand requin blanc est un animal exceptionnel, doté d’un équipement sensoriel ultrasophistiqué, parfaitement adapté à son environnement. Aujourd’hui menacé de disparition, il est en outre un acteur indispensable des écosystèmes marins. Aussi est-il urgent de poser un nouveau regard sur « le grand blanc ». L
Un défi relevé par Patrice Héraud et Alexandrine Civard-Racinais. En images, avec des clichés étonnants, réalisés en milieu naturel, et en mots, avec un tour d’horizon des connaissances les plus récentes sur ce seigneur des océans. Suivis dans le cadre d’un programme scientifique, Jammie, Ticka, ou encore Biscotto, nous aideront pour leur part à passer du mythe à la réalité.
À propos des auteurs :
Photographe professionnel et instructeur de plongée, PATRICE HÉRAUD participe depuis les années 1990 aux expéditions destinées à étudier, marquer et recenser les grands requins blancs au large de l’Australie du Sud. Président fondateur de l’association SOS Grand Blanc, qui se consacre à un programme de parrainage et de marquage des grands requins blancs, il est aujourd’hui reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes français de cet animal après l’avoir étudié, photographié et filmé pendant plus de vingt ans.
e Monde du silence et les aventures de la Calypso ont bercé sa jeunesse, passée au bord de la Méditerranée. Autrice et vulgarisatrice scientifique, ALEXANDRINE CIVARD-RACINAIS a notamment publié avec l’architecte mérien Jacques Rougerie "De Vingt mille lieues sous les mers à SeaOrbiter" (Democratic Books). Très mobilisée par les questions environnementales et le devenir des occupants de notre planète, elle a codirigé chez Fayard l’ouvrage Aux Origines de l’environnement, et rédigé chez ce même éditeur le Dictionnaire horrifié de la souffrance animale.
Alexandrine répond aux questions de faunesauvage.fr
- Avez-vous déjà été en contact avec un grand blanc? Dans quelle circonstances? Qu'en avez-vous ressenti?
ACR : Non, je n'ai encore jamais eu le privilège de croiser la route du seigneur des mers. Mes fréquentations se limitent aux requins pointes noires et au… requin dormeur.
- Le requin blanc est-il menacé autant que d'autres espèces de requins? Pour quelles raisons en particulier si il y en a?
ACR : En général, plus une espèce est haï, plus l'homme s'acharne à la détruire… Et le grand requin blanc, victime du délit de "grande gueule", n'échappe malheureusement pas à cette règle stupide. À l'échelle mondiale, l'espèce est considérée comme "vulnérable" par les experts de l'UICN en charge de l'établissement de la liste rouge des espèces en danger. Mais la situation est déjà critique dans certaines régions du monde. L'Australie aurait ainsi perdu entre 60 à 95 % de sa population de grands blancs, au cours des cinquante dernières années, d'après une étude récente. Le grand requin blanc de Méditerranée est également menacé de disparition à court terme. La dégradation de son environnement, la surexploitation de ses proies, la disparition du phoque moine, et, surtout, les captures volontaires et involontaires par des engins de pêche destinés à d’autres poissons en sont causes… Il est donc plus que tant de réagir si l'on veut, comme le dit joliment Bernard Seret que "le grand blanc ne disparaisse pas de la grande bleue".
- Comment faire baisser la pression sur le monde des requins? Quelles priorités?
ACR : En tant que consommateur français, on peut se passer de saumonette (une petite ou grande roussette qui s'avance masquée sur l'autel du poissonnier) ou discuter avec le responsable de l'approvisionnement de sa cantine d'entreprise ou scolaire s'il y a du "steak de la mer"ou de requin (souvent un peau bleue) au menu. Ne pas acheter de produits contenant du squalane ou privilégier le label MSC lors de ses achats de poisson — notamment de thon — permet aussi, indirectement, de diminuer la pression sur les requins. À L'inverse, il faut continuer à maintenir la pression, via les ONG ou les associations comme Bloom, sur la Chine afin d'inciter les consommateurs chinois à ne plus consommer d'ailerons de requins ou de produits issus de requins. A ce jour, la Chine demeure le premier importateur et consommateur au monde de viande et de nageoires de requins !