Le gypaète barbu n’est pas un oiseau ordinaire : sa position extrême dans les chaînes alimentaires, son adaptation à la recherche d’une nourriture rare dans un milieu accidenté, sa pratique unique lui permettant de s’alimenter avec des os trop grands pour être avalés en les jetant depuis le ciel afin de les briser, le mystère entourant sa coloration à l’origine de mythes et légendes... tout concourt à faire de cet oiseau un objet d’étude passionnant.
Vous trouverez dans cette monographie - rééditée pour la troisième fois -, très documentée, les découvertes récentes sur la biologie du gypaète. L’ouvrage comporte plus de 200 photographies, étonnantes et rares, des cartes de répartition, des schémas descriptifs.
L’accent est mis sur leur réintroduction dans les Alpes, programme international auquel l’auteur a participé et qui est devenu un cas d’école de même qu'un symbole de la protection de la montagne et de la nature.
- Les toutes dernières informations disponibles sur le gypaète barbu.
- Une synthèse de plus de soixante ans de recherches sur le "casseur d'os" dit aussi le mythique phénix.
- Un cahier consacré à un programme de réintroduction exceptionnel.
- Un ouvrage attrayant, illustré de magnifiques photographies.
L’auteur: Président de la Commission de sauvegarde des espèces de la section française de l’Union internationale de conservation de la nature, administrateur de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), ancien directeur scientifique du WWF France, Jean-François Terrasse a consacré l’essentiel de sa vie à l’observation et à la sauvegarde des rapaces. Avec son frère Michel, il a contribué à faire mieux connaître par le film et la photographie les « grands planeurs ». Enfin, en créant le FIR (Fonds d'Intervention pour les Rapaces, depuis LPO Mission rapaces), il a obtenu leur protection grâce à une juridiction appropriée, puis a participé à leur réintroduction en France.
Jean-François terrasse a répondu aux questions de faunesauvage.fr :
Peut-on dire que pour le gypaète c’est gagné ? Ce n’est jamais gagné mais c’est gagné par rapport à une situation terrifiante qu’il a connue. C’est une des espèces qui a été le plus massacrée dans toute l’Europe. Il a disparu à peu près partout, sauf dans de minuscules points résiduels, les Pyrénées, la Corse et la Crète. Partout ailleurs il a été éliminé.
On revenait d’une situation presque insoluble. On a reconquis les Alpes, où il se reproduit maintenant, un modèle du genre. En Espagne, il y a plein de projets un peu partout.
On peut donc considérer que le projet de reconstituer des populations qui allaient du Maroc à la Chine est en bonne voie.
C’est assez unique.
Quels ont été les plus gros obstacles à cette réintroduction ? Au début, trouver des oiseaux, car il n’y en avait plus ! Puis, à partir du moment où on s’interdisait d’aller les prendre dans la nature, de les faire se reproduire. Les zoos ont été très coopératifs, sous l’égide d’un vétérinaire autrichien sans qui le programme n’aurait pas été possible, Hans Frey, qui les a convaincu de coopérer.
Et cela a pris plus de 10 ans, pour mettre au point des techniques, ne serait-ce que pour sexer les individus.
Ensuite on a mis en place une technique, assez connue, de remise dans la nature.
Il y a eu une entente assez exceptionnelle malgré les habituelles petites jalousies. Dans les Alpes, avec 6 pays impliqués, un peu moins facilement en Espagne.
Reste que, maintenant qu’ils sont dans la nature, rien n’est gagné, car subsistent les hélicoptères, les câbles, les poisons, les imbéciles qui leur tirent dessus… la routine de la protection de la nature. Et aussi, le saturnisme dû au plomb de chasse car le gypaète mangeant du gibier mort ingère le plomb contenu dans les viscères.
N’y a-t-il pas un risque que l’arbre cache la forêt ? Autrement dit, que la réussite d’une réintroduction laisse penser que tout va bien pour l’avifaune, les rapaces en particulier ? Le danger serait de dire « on peut tout flinguer puisqu’on peut tout reconstituer ». On peut dire cela aussi pour l’ours. On peut dire aussi que si on se donne la volonté de faire les choses, rien n’est inexorablement foutu. Il y a un espoir. On peut corriger des « conneries », ça coûte cher, c’est difficile, mais c’est possible. Et ça mobilise des tas de gens qui changent leur vie, voient les choses autrement… Sur le réseau gypaète c’est fabuleux, il y a des centaines de gens, anonymes, bénévoles, motivés qui bossent dessus. Mais il faut rester vigilant.