"Le paradoxe de la modernité, c'est le retour du sauvage" a écrit Baptiste Morisot en 2013 dans Philosophie Magazine. Un article transformé, trois ans plus tard, en un livre paru en 2016 et qui fait date!
Le loup, symbole des disputes entre acteurs de la nature, symbole de la place du sauvage dans nos sociétés de plus en plus urbanisées qui perdent le contact avec le "reste du vivant", s'en croyant supérieur, oubliant qu'elles n'en sont qu'une partie, le loup sanctuarisé ou régulé ou éliminé, que voulons-nous?
Le loup disparu de nos paysages, le loup revenu, bien accepté en Espagne, en Italie et si peu chez nous, il est devenu une "poudrière", objet d'un débat passionné, géré de façon absurde, manichéenne.
Comment l'accepter, comment cohabiter "au bénéfice effectif de chacun"? Diplomatie! Le mot est lâché. Baptiste Morisot y répond en philosophe mais aussi en homme de terrain ayant étudié la question à travers l'expérience de Yellowstone, ayant arpenté la Lozère avec Antoine Nochy, ingénieur écologue rompu aux grands prédateurs. "Les diplomates" - Prix du Livre
de la Fondation de l'écologie politique 2017 et Prix littéraire François Sommer
du meilleur ouvrage sur la nature 2017 - propose la connaissance, l'échange, le dialogue, la compréhension de l'autre, l'acceptation des territoires, les règles à respecter par chacun...Une leçon citoyenne, une leçon humaniste afin que le sauvage reste en nous, indispensable.
"Car le retour du loup est une bénédiction pour les humains : il est précieux pour la faune sauvage qu'il régule, pour la santé des écosystèmes qu'il assainit et vivifie, pour celles des forêts, des sols et des rivières. De même, il est précieux pour le développement touristique du monde rural, et comme symbole, enfin, de notre capacité à ne pas tuer tout ce qui nous résiste.
Voilà son pouvoir discret : savoir vivre avec le loup élève l'âme que l'on n'a pas"
Note de l'éditeur : Il s'agit avant tout d'un problème géopolitique : réagir au retour spontané du loup en France, et à sa dispersion dans une campagne que la déprise rurale rend presque à son passé de « Gaule chevelue ». Le retour du loup interroge notre capacité à coexister avec la biodiversité qui nous fonde – à inventer de nouvelles formes de diplomatie.
Notre sens de la propriété et des frontières relève d'un « sens du territoire » que nous avons en commun avec d'autres animaux. Et notre savoir-faire diplomatique s'enracine dans une compétence animale inscrite au plus profond de notre histoire évolutive.
Guidé par Charles Darwin, Konrad Lorenz, Aldo Leopold… et de nombreux autres « diplomates », Morizot propose ici un essai de philosophie animale.
Comme un incendie de prairie, ce livre traverse et féconde les grands sujets de la philosophie de l'écologie, de l'éthologie, jusqu'à l'éthique. Il esquisse un monde où nous vivrons « en bonne intelligence avec ce qui, en nous et hors de nous, ne veut pas être domestiqué ».
« Etablir des relations diplomatiques avec cette espèce serait plus efficace à long terme que ces mesures guerrières. Cela implique d’utiliser une compétence que même les bergers soulignent : l’extraordinaire intelligence inductive du loup » (Photo: dans le Parc national de la forêt bavaroise en Allemagne). IMAGO /STUDIOX
Le sommaire
I. LA CRISE DIPLOMATIQUE
Cohabiter avec les grands prédateurs
Introduction
1. Le modèle diplomatique
2. Cherchons l'anneau du roi Salomon
3. Comprendre et agir sur le comportement
4. Philosophie politique animale
II. L'INTELLIGENCE DIPLOMATIQUE
Pour une lupologie
1. Orienter les cultures de meutes
2. Vers les sciences sociales du loup : intériorité, variabilité, socialité
3. Un laboratoire nommé Yellowstone
4. De l'intentionnalité : vers une épistémologie animiste
5. Un chamanisme autrement rationnel
6. Du pistage
III. LE PROJET DIPLOMATIQUE
Une éthique des relations
Ce pouvoir qu'est la diplomatie
1. Nous avons inventé le loup
2. Les relations constitutives
3. Quels mutualismes avec les loups ?
L'auteur : Baptiste Morizot
Il mène un travail singulier en philosophie du vivant, nourri des sciences et de sa pratique du pistage de loups. Agrégé et docteur en philosophie, il est maître de conférences à Aix-Marseille Université.
photo MC-Radio France
Les critiques
"Je ne saurais trop inviter ceux qui ont pour mission de faire coexister le sauvage et le domestique à s'inspirer du bel ouvrage de philosophie que nous livre Baptiste Morizot." Raphaêl LARRERE
"Baptiste Morizot propose dans cet ouvrage une nouvelle carte ontologique. Il signe un grand livre de philosophie." Florence BURGAT
"Leopold nous invitait au début du 20e siècle à penser comme une montagne. Morizot nous invite à penser comme un animal." Baird CALLICOTT
photo Gary Kramer
L'interview de Catherine Vincent, journaliste au Monde, avril 2016 :
« Le loup remet en question notre modèle de souveraineté humaine »
Pour le philosophe Baptiste Morizot, l’homme doit créer des relations « diplomatiques » avec le prédateur plutôt que le tuer. En savoir plus sur Le Monde : ici