« As-tu vu, au Jardin des plantes, l'éléphant ? », écrit Napoléon à Marie-Louise en 1813. Au beau milieu des négociations de paix avec l'Autriche, l'Empereur lui-même a vent du phénomène : depuis 1798, une foule immense se presse chaque jour pour observer de près les deux coqueluches de la ménagerie parisienne ouverte en 1793, Hans et Parkie. Il faut dire que le spectacle est de taille : un couple de pachydermes, en France ? Et qui plus est, amoureux, dit-on ?
Les éléphants, eux, n'en sont pas à leurs premiers succès : capturés en 1785 dans les forêts de Negombo, sur la côte ouest du Sri Lanka, pour être offerts au stathouder des Pays-Bas Guillaume V, puis confisqués par la Révolution française, ils sont depuis longtemps des vedettes.
Et ils le resteront, par-delà la mort : disséqués par Cuvier lui-même, en 1802 pour Hans puis en 1817 pour Parkie, ils apporteront, chacun à leur manière, leur pierre au grand édifice de la science. Cette histoire sera longtemps demeurée un mystère, jusqu à ce qu'une équipe de zoologues, parmi lesquels Philippe Candegabe, la retrace : c'est toute la passion d'un chercheur pour son objet d'étude, à la fois mort et éternellement vivant, qui tisse la trame de cette étonnante biographie.