L'histoire commence lorsque je découvre près de chez nous une cavité dans un vieux chêne. Je retourne me promener près de cet arbre lorsqu'un jour, je la vois, confondue à l'écorce, prenant un bain de soleil ! Quel merveilleux cadeau que de voir la Chouette hulotte en lumière diurne, elle d'habitude nocturne et si discrète. C'est notre première rencontre, magique et inattendue. D'autres s'invitent au cours de nos voyages. Chaque rendez-vous avec une chouette, chaque photo d'un hibou fait naître en nous une joie immense, une envie irrésistible d'en découvrir davantage sur ce petit peuple mystérieux si bien dissimulé.
Ces premières «trouvailles» nous fascinent et nous entraînent dans une belle aventure où nous allons découvrir les treize espèces de strigiformes d'Europe.
Avec ce projet , nous sillonnons divers pays durant plusieurs années. Nous traversons les saisons dans des univers aussi variés que les bords de mer et les montagnes de France, les forêts primaires de Scandinavie, et les plaines désertiques du cœur de l'Espagne.
C'est après plus de dix années de recherches, d'observation et de communion avec la nature que notre ouvrage dévoilant les chouettes et hiboux d'Europe voit le jour. Photographiés dans des lumières naturelles, diurnes, à l'aube ou au crépuscule, les nocturnes s'y montrent sous d'autres visages. De la toute petite et délicate chevêchette à l'imposant et digne Hibou grand Duc, chaque rencontre fut riche et unique. Nous avons tant appris en observant ces êtres ailés si charismatiques.
De situations cocasses en visions oniriques, nous voulions partager nos plus belles émotions, vous laisser entrevoir le monde fantastique de ces oiseaux singuliers, goûter la poésie des instants fugaces.
Les chouettes et hiboux ne sont jamais bien loin, et la magie à portée de chacun...
Photographe : David Allemand
Poèmes & écrits : Stéphanie Allemand
Prix public : 42 euros
- Livre Format carré : 28 x 28 cm
- 170 g/m2 Arctic volume blanc
- Couverture cartonnée rigide
- Photographies : 161
- Poids unitaire : 1790 g
- Français/Anglais
L'interview des auteurs
Etonnamment il ne semblait pas exister de «beau livre» sur l’espèce. Est-ce pour cela que vous avez publié en Français - Anglais ? Et pourquoi un titre uniquement en Anglais ?
Tu as raison il n'existait pas encore de beau livre rassemblant la totalité des chouettes & hiboux d'Europe et surtout dans les lumières naturelles, c'est une première en France je crois.
L'intérêt c'était de photographier tous ces oiseaux sans utiliser de lumière artificielle.
Il y a eu des livres sur des monographies, c'est à dire sur une seule espèce, mais pas sur les treizes strigiformes que l'on trouve en Europe.
Effectivement nous avons publié en français-anglais car il nous semblait évident de nous adresser à un public européen, les espèces abordées dans notre ouvrage étant européennes. Certaines ont été réalisées dans des pays anglo-saxons.
Le titre "OWLS" est court, il interpelle, tel un cri d'oiseau, ce titre en anglais signifie à la fois chouettes et hiboux et sa sonorité nous plaisait. Et puis, une fois de plus, il s'adresse à un plus large public.
En tournant la première page du livre nous traduisons le titre anglais en français.
Pouvez-vous nous faire un point rapide sur les espèces : statut IUCN, principales menaces
Parmi les principales menaces concernant les chouettes & hiboux on retrouve des abattages d'arbres à cavités, nous avons d'ailleurs travaillé avec le Parc national des Écrins pour recenser ces arbres afin de préserver les nidifications des chevêchettes.
Pour d'autres espèces, cela sera la rénovation des maisons, des cabanons, des fermes ou encore le grillagement des clochers qui détruiront leur habitat d'origine et leur possibilité de nicher.
La transformation des cultures et l'utilisation de pesticides représentent d'autres menaces ainsi que la coupe des haies et des arbres.
Les lignes électriques et les collisions routières sont un danger mortel.
Cependant, les espèces ne sont pas menacées de risque d'extinction selon l'UICN.
Quelle est la génèse du projet ?
Nous avons réalisé de très nombreux voyages sans avoir eu l'idée de commencer ce projet.
C'est au fil du temps et au fil des rencontres que notre photothèque sur les strigiformes n'a cessé de croître, jusqu'au jour où nous avons eu l'envie de réunir toutes les espèces de chouettes et de hiboux présents en Europe dans un seul ouvrage.
Nous souhaitions apporter notre vision, les dévoiler en lumière naturelle, c'est-à-dire montrer des oiseaux nocturnes de jour, ce qui fut long et parfois compliqué !
Ce fut un projet de longue haleine, d'autant plus que nous voulions les photographier dans les ambiances magiques dans lesquelles ces oiseaux évoluent, restituer la poésie ou la cocasserie de chaque chouette et de chaque hibou.
Pourquoi les chouettes & hiboux ?
Ce sont des oiseaux fascinants, mystérieux, mystiques qui nous entraînent dans leur monde caché, secret, au milieu de décors féeriques.
Leur regards sont hypnotiques et chaque oiseau possède l'art de se confondre dans son environnement. Ils possèdent l'art du mimétisme, si fascinant.
Ces oiseaux attirent par leur mystère, ainsi que par toutes le légendes et les histoires mystiques qu'ils véhiculent. Ils sont porteurs de messages, renvoient à l'enfance, à l'inconscience et paradoxalement, à la sagesse et à la connaissance. Ils sont porteurs de symbolismes forts.
Leurs yeux, jaunes, noirs ou oranges sont ancrés au crane et disposés vers l'avant ce qui leur donnent un regard plus aplati et plus "humain" comparé aux reste des autres oiseaux...
On pourrait citer tant d'autres raisons, c'est un charisme naturel qui attire nombre de personnes et ont fait naître de nombreux « ululophiles » !
Malgré tout, ces oiseaux sont tous différents et chaque espèce est bien différente selon la taille, la couleur, et le biotope dans lequel on peut les trouver.
Quelle espèce a été la plus dure à trouver et photographier ?
Sans aucun doute le Petit duc-Scops qui est le plus petit de nos hiboux en Europe et l'un des plus nocturnes. Ce fut extrêmement difficile de le trouver car il chante au crépuscule, c'est un oiseau qui a pour habitude de siffler à la tombée du jour, proche des habitations, des places de villages... On l'entend, mais on ne le voit pas. De plus, pour corser le tout, on le trouve essentiellement dans le sud de la France entre mars et octobre car c'est un migrateur.
Il se camoufle très bien dans les arbres et affectionne des reposoirs diurnes pour dormir la journée.
Un souvenir d’une très belle observation ?
Question difficile car il y en a eu plusieurs, peut être une des toutes premières rencontres avec les strigiformes il y a une dizaines d'années avec cette hulotte camouflée dans un vieux chêne.
J'étais allé en forêt pour prospecter un nouveau territoire lorsque je suis tombé tout à fait par hasard sur cette chouette, la rencontre fut intense est invraisemblable, rencontrer en pleine journée un oiseau de nuit !
Si vous deviez ressortir une seule photo ?
Peut-être ma série sur les chouettes harfangs avec la photo de la couverture du livre.
La chouette est venu se poser à plusieurs reprises sur cet arbre isolé au milieu des grandes plaines désertiques. Le ciel gris puis neigeux a magnifié la scène, ce fut un grand moment de magie que de pouvoir admirer cette chouette posée sur cet arbre tout aussi artistique que ce magnifique oiseau.
Combien de temps pour réaliser le projet entre l'idée de départ et l'impression du livre ?
Les premières photos datent de 2004 puis nous avons continué à photographier au fil des années l'ensemble des espèces. Le travail s'est étendu sur une dizaine d'années en réalisant de nombreuses images telles que le Harfang des neiges, la Chouette lapone, la Chouette hulotte ou la Tengmalm. Quand nous avons décidé de rassembler l'ensemble des strigiformes européens, il nous manquait énormément d'images. Il aura donc fallu ensuite 7 ans pour photographier les oiseaux dans différentes saisons, attendre les printemps, voyager dans différentes contrées pour les chercher, et trouver des solutions pour arriver à finaliser le projet jusqu'à l’impression du livre en octobre 2017.
Nous avions convenu de faire éditer notre livre à l'automne 2017 pour présenter notre travail au Festival de Montier-en-Der ainsi qu'au Festival de l'oiseau, tous deux partenaires de ce beau projet.
Nous avons réalisé plus d'une trentaine de maquettes différentes et en janvier 2017 il nous manquait encore quelques images sur certaines espèces. Ce fut un véritable challenge de terminer cet inventaire photographique.
Quels sont les principaux obstacles aujourd’hui à la réalisation d’une monographie sur une espèce particulière : le coût, l’intérêt des éditeurs, l’audience limitée… ?
Il y a eu de nombreux livres et projets sur des monographies sur la réalisation d'une seule espèce. Personnellement je trouve ce choix compliqué, car souvent on trouve de la répétition sur le choix des images. Il faut vraiment varier les prises de vues et réaliser des images en toutes saisons, j'ai rarement vu cela dans une monographie, de plus il faut trouver, et c'est cela le plus compliqué, le sujet qui va plaire au grand public ce qui peut être une prise de risque lorsque l'on entreprend de faire un livre en auto-édition.
Il y a de plus en plus de photographes qui font le choix d'éditer leur propre livre ce qui donne une grande liberté dans la réalisation de son ouvrage mais bien sûr cela a un coût non négligeable et varie en fonction du choix du papier, du format du livre, couverture rigide ou non, et tout cela se voit au rendu final et le public ne se trompe pas !
Nous avons été en contact avec plusieurs éditeurs intéressés par notre projet, mais nous avons rapidement abandonné cette solution pour être libres de nos choix et de réaliser l'ouvrage de A à Z.
Ce superbe ouvrage en appelle d’autres : une suite sur les espèces des autres continents est-elle prévue ?
Il y aura d'autres projets, mais la tâche fut déjà longue en Europe soit 10 années pour photographier 13 espèces, imagine pour le reste du monde!
Ensuite nous avons travaillé sur ce projet car nous voulions lui apporter une note artistique, le but n'était pas de répertorier un maximun d'espèces nocturnes.
Sagesse, savoir, transport des âmes, perception de l’invisible : laquelle de ces qualités liées aux hiboux et chouettes aimeriez-vous posséder, et pour en faire quoi afin d’aider la biodiversité ?
Une question difficile peut être la perception de l'invisible pour anticiper sur l'avenir, pour mieux ressentir ce que l'on ne voit pas, et voir ainsi à long terme les conséquences de notre action sur la biodiversité...
Enfin un regard sur le monde actuel et son rapport à la biodiversité : plutôt optimiste engagé ou résigné fataliste ?
Notre société actuelle évolue sans cesse, de nos jours tout va trop vite, la biodiversité avec. Je serai plutôt de nature optimiste en sachant que l'homme va devoir s'adapter en permanence avec de nouvelles règles dans l'avenir, nous n'avons pas le choix.
Je pense qu'il y aura dans un futur proche de plus en plus de réglementation et de prise de conscience pour aller dans ce sens même si cela peut impacter sur notre façon de voir les choses.
Ensuite chacun peut mener à bien son travail pour protéger son environnement de proximité pour éveiller les consciences pour la protection de notre biodiversité.