Un éleveur qui n’a pas rempli toutes ses obligations administratives se retrouve pourchassé par les gendarmes comme un criminel. Quel enchaînement terrible a fini par l’entraîner dans cette cavale ? Inspiré d’un fait divers dramatique, ce roman aussi psychologique que politique pointe les espérances confisquées et la fragilité des agriculteurs face aux aberrations d’un système dégradant notre rapport au vivant.
“Là où j’ai choisi de vivre, au milieu des champs et des fermes, j’assiste à l’effondrement du monde agricole – puissant révélateur du chaos de nos sociétés contemporaines. La tragédie qui se joue dans nos campagnes révèle notre rapport au vivant, à la santé, aux libertés. L’injonction faite à nos paysans de se spécialiser dans des monocultures de masse, d’entasser les bêtes vivantes comme des bêtes mortes est une injonction à la perte de sens, un déni de savoir-faire et de dignité. En France, un agriculteur se suicide chaque jour de l’année. Mais qu’est-ce qui fait disparaître un paysan qui ne se suicide pas ? Car il y a tout aussi intolérable : lorsque ceux qui refusent le modèle productiviste sont terrassés par une violence d’État devenue systémique.
Ce texte est inspiré d’une histoire vraie, le destin d’un homme que les petites mains de l’administration ont muselé et que le bras armé de cette même administration a poursuivi comme un criminel. Ce sont ces trois années de harcèlement administratif et ces neuf jours de traque que j’ai explorés pour incarner les affres d’un être confronté à l’absurdité du monde. Au sein du roman, j’ai choisi la polyphonie des témoignages – voisins, sœur, amis – pour dresser le bilan des dépossessions. Et ce sont les soubresauts du corps, accordés aux tourments d’un paysan fugitif dans une nature en sursis, qui traduisent à la fois la mélancolie et l’euphorie de la cavale. Ce personnage fictionnel se veut une allégorie de toutes celles et ceux qui m’ont confié ce que signifie aujourd’hui être des gens de la terre. Ainsi l’œuvre de fiction s’empare-t-elle librement de ce fait divers de mai 2017 sans se faire juge ni censeur. J’ai seulement souhaité que soient justes le sentiment de révolte, les luttes, les renoncements, les espérances. Au sens non pas de la justice mais de la justesse.’’
corinne royer
Ce roman est librement inspiré de l’histoire de Jérôme Laronze, agriculteur de Saône-et-Loire abattu par des gendarmes le 20 mai 2017, après trois années de harcèlement administratif et neuf jours de cavale. Il n’avait pas encore trente-sept ans.
Sélection du Prix Giono; Prix du livre engagé pour la planète de Mouans-Sartoux; Prix du roman du Festival du livre de Villeneuve-sur-Lot
L'auteure : Corinne Royer vit entre les hauts plateaux du parc naturel régional du Pilat, près de Saint-Étienne, et l’Uzège. Pleine terre est son cinquième roman après M comme Mohican (Héloïse d’Ormesson, 2009), La Vie contrariée de Louise (Héloïse d’Ormesson, 2012, prix Terre de France / La Montagne ; Babel n° 1589), Et leurs baisers au loin les suivent (Actes Sud, 2016) et Ce qui nous revient (Actes Sud, 2019 ; Babel n° 1770)
Critiques
"le roman de Corinne Royer permet de donner un corps et une âme à un monde agricole en extrême souffrance" Le Monde des Livres
"Un cri de rage traversé de poésie lumineuse, porté par un verbe sans concession"
Femme Actuelle
"Il faut lire ce roman âpre, magnifique et intense où la nature intervient comme un personnage en soi. On y vit de l’intérieur, non seulement le destin d’un homme désespéré, mais les souffrances de ce monde paysan... Ce n’est ni une leçon ou une démonstration. Juste un récit complice et humain"
La libre Belgique
"Pleine terre résonne comme un signal d'alarme projetant sa voix bien au-delà du monde paysan. Un cri dont la force de la littérature nous donne avec ce très beau roman un écho puissant, qu'il serait sage d'entendre." France Info Culture
Extrait