Difficile d’échapper à l’huile de palme : elle est omniprésente dans les aliments issus de l’industrie agroalimentaire – biscuits, friandises, pâtisseries, lait en poudre, condiments, plats cuisinés, glaces, pizzas – ainsi que dans de nombreux autres biens de consommation courante comme les cosmétiques et les agrocarburants. Pourquoi ? Parce que ses propriétés mécaniques et thermiques lui garantissent une onctuosité à toutes températures qu’aucune autre matière grasse végétale ne peut égaler.
Et ses propriétés nutritives ? Elles sont mises en cause de façon insistante par de nombreuses ONG et agences pour la protection de la santé publique du fait de sa haute teneur en acides gras saturés, synonyme d’obésité chez les consommateurs ayant peu accès aux produits frais.
Et ce n’est peut-être pas le plus grave. La culture intensive du palmier à huile, une plante originaire d’Afrique, est si lucrative qu’elle a envahi toute la ceinture tropicale de la planète, avec des effets ravageurs sur les biotopes, la biodiversité et les populations autochtones. En Indonésie, en Malaisie, en Afrique centrale ou en Amérique latine, on défriche des millions d’hectares de forêt primaire pour y substituer des plantations immenses de palmiers à huile tirés au cordeau. Souvent à la faveur de gouvernements corrompus, les fournisseurs locaux des multinationales agroalimentaires exploitent ces terres en faisant appel à une main-d’oeuvre bon marché, paupérisée par la ruine de leur mode de subsistance traditionnel.
Le sujet est quasi tabou : les « agros » et leurs lobbyistes veillent et n’hésitent pas à assigner les journalistes trop curieux ou trop critiques, tant le « business » de l’huile de palme est sensible aux opinions des consommateurs.
Emmanuelle Grundmann nous livre la première enquête documentée, rigoureuse et impartiale sur ce nouvel or « vert ». Elle fait le tri entre les vérités et les mensonges qui polluent le débat depuis plus de vingt ans, et ce travail réserve au lecteur bien des surprises.
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