Dans le cadre de l'émission Call to Earth diffusée sur CNN International, le célèbre explorateur Steve Boyes présente son projet "The Great Spine of Africa", une série d'expéditions visant à établir des bases hydrologiques et écologiques pour tous les principaux bassins fluviaux intérieurs d'Afrique.
Steve Boyes a consacré sa vie à l'exploration et à l’étude des systèmes d'eau douce d'Afrique. Ses recherches sur le delta de l'Okavango, au Botswana, lui ont permis d'obtenir le statut de 1000e site du patrimoine mondial de l'UNESCO. Aujourd'hui, dans le cadre du "Rolex Perpetual Planet Initiative", l’explorateur s'intéresse au reste du continent et prévoit de mener les mêmes recherches scientifiques approfondies sur les cinq bassins fluviaux intérieurs restants.
CNN part à la rencontre de Boyes alors qu’il dirige la toute première expédition scientifique sur la rivière Chambeshi, dans le nord de la Zambie, la source la plus éloignée du Congo. Il parle du projet en ces termes : « Il y a de la magie, de la mythologie, du pouvoir dans ces rivières. C'est l'inconnu. Et c'est le cas de chaque coin, typiquement, de ces rivières. Personne ne les a jamais photographiées. Il n'y a aucune trace de ce qu'elles sont. C'est ce que nous produisons en fin de compte, non pas pour gâcher la surprise aux d'autres explorateurs, mais pour les documenter et en faire une base de référence. »
Au fil de l'eau, le flux de données est incessant. Chaque oiseau, chaque colonie, chaque bateau et chaque pont est enregistré par l'équipe, créant ainsi un tableau complet de l'écosystème. L'équipe enregistre des images à 360° et s'arrête à intervalles réguliers pour prélever des échantillons d'ADN environnemental et surveiller la biodiversité des poissons.
La Zambie connaît sa pire sécheresse depuis 20 ans. Steve Boyes espère que les expéditions de "The Great Spine of Africa" permettront d'anticiper ce type de changements climatiques à l'avenir. Il explique : « Il nous faut trois à cinq ans pour comprendre pleinement la nature des menaces qui pèsent sur un système fluvial et pour être en mesure de les modéliser. Nous allons déployer des stations de surveillance hydrologique et météorologique des précipitations dans l'ensemble de ce bassin fluvial, comme nous l'avons fait dans les autres bassins fluviaux. Cela nous permet de construire des modèles robustes qui peuvent commencer à prédire ces événements. »
Boyes parle de la relation que l'équipe entretient avec l'eau : « Tous ceux qui partent en canoë ou en rafting, où que ce soit dans le monde, ressentent ce sentiment de connexion avec tout ce qui les entoure. On a l'impression d'être la rivière, d'en faire partie. C'est ce que nous avons vécu lors de l'expédition. »
Grâce à une progression en douceur vers l'aval, l'équipe arrive à la dernière section de la Chambeshi et au point d'entrée du marais de Bangweulu. Vaste zone humide qui s'étend sur près de 10 000 kilomètres carrés, le Bangweulu est l'un des écosystèmes les plus diversifiés d'Afrique. Il abrite également l'emblématique bec-en-sabot. L'ornithologue et écologiste Maggie Hirshauer vit dans les marais depuis trois ans, où elle étudie et réhabilite les becs-en-sabot. Elle plaisante : « Je suis ornithologue. Je suis censée être une experte, mais les becs-en-sabot me laissent sans voix. C'est vrai. Vous les regardez et vous vous dites : « C'est extraordinaire. »
Les becs-en-sabot sont menacés d'être capturés pour être vendus sur le marché illégal des animaux de compagnie exotiques. Une grande partie du travail de Hirshauer consiste à éduquer et à intégrer la communauté locale des pêcheurs dans la protection des oiseaux. « L'engagement de la communauté est le principal fondement de ce programme. Nous avons un programme de protection des nids dans le cadre duquel les pêcheurs nous avertissent lorsqu'ils trouvent des nids et nous nous rendons alors dans les marais, nous vérifions le nid et nous obtenons des données grâce à ces rapports. »
Selon Boyes, les expéditions "The Great Spine of Africa" peuvent fournir à Maggie Hirshauer et à d'autres scientifiques toute une série de nouvelles informations sur des espèces comme le bec-en-sabot. Il déclare : « Ce genre de système nous fait comprendre qu’il est possible de vivre en abondance malgré la pression humaine. Les gens ne sont pas une pression, ils en font partie. Ils sont censés être là. On ne peut pas évaluer quelque chose tant qu'on ne peut pas le mesurer et mesurer le changement qu'il subit. »
Il conclut : « Il ne s'agit pas seulement de l'avenir de l'Afrique, mais de l'avenir de notre Terre. Les décisions prises en Afrique au cours des 25 prochaines années sont l'avenir de chacun d'entre nous. »
Pour en savoir plus sur Call to Earth : https://edition.cnn.com/