Plus de 30 ans passés à étudier, mesurer, compter les tortues marines, les guetter de nuit pour repérer leur lieu de ponte, surveiller les nids... Karen Eckert consacre sa vie à la sauvegarde de l'espèce.
Il faut dire que les tortues marines ont bien besoin de cette bienveillance : bétonnage des plages qui détruit les lieux de ponte, pollution visuelle (les fronts de mer éclairés désorientent les tortues qui viennent pondre), multiplication des sacs plastique avec lesquels elles s'étouffent (en les prenant pour des méduses), vol des oeufs par les populations locales, pêche accidentelle par des lignes dédiées aux poissons (bycatch)... : les menaces pesant sur l'espèce sont multiples !
Et depuis peu, Karen alerte l'opinion sur une nouvelle menace : le réchauffement climatique. La température du sable sur une plage augmente, et de plus en plus de femelles voient le jour au détriment des mâles (voir plus bas). Autre impact : le réchauffement des océans modifie la répartition géographique des ressources alimentaires des tortues.
Bref, de la naissance périlleuse (1 bébé tortue sur mille atteint l'âge adulte) au retour sur le lieu de ponte, la tortue marine est menacée à toutes les étapes de sa vie.
Karen insiste également sur la nécessité absolue d'élever le niveau de vie des habitants vivants près de lieux de ponte, afin de supprimer toute envie de braconnage des oeufs. L'éducation et l'implication des communautés sont donc au coeur des actions de terrain de Karen et son mari, qui sont très fiers des résultats obtenus : 70% des Etats Caribéens protègent aujourd'hui les tortues marines, qui prospèrent dorénavant dans la zone.
Source nutritive pour de nombreux oiseaux, poissons, reptiles ou mammifères, le tortues marines aident également à maintenir le fragile équilibre des barrières de corail. Elles sont donc indispensables.
Karen Eckert dirige l'ONG Wider Caribbean Sea Turtle Conservation Network, un des réseaux de protection de la biodiversité les plus actifs au monde, présent dans près de 45 pays différents
Référence mondiale, elle a participé à la publication de nombreux ouvrages sur le sujet afin de partager les bonnes pratiques couronnées de succès
Quelques faits sur les tortues marines :
- il en existe 7 espèces, toutes classées par l'UICN de "vulnérable" à "en danger critique"
- les tortues marines nagent dans les mers chaudes depuis 110 millions d'années
- la plupart migrent des zones de nourriture vers leur plage de ponte, qu'elles rejoignent inlassablement une fois à l'âge adulte
- la température de l'oeuf détermine le sexe de la future tortue : un température plus chaude favorise l'éclosion de femelles
- la plus grosse tortue rencontrée (une tortue Luth) mesurait 3 mètres et pesait plus de 900 kg, ce qui en fait un des plus gros reptiles avec le crocodile marin
- les tortues Luth peuvent plonger jusqu'à 1200 mètres de profondeur