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Françoise d’EAUBONNE, la militante à l’origine de l’éco-féminisme

Militante libertaire féministe, Françoise d'Eaubonne est l'une des premières à opérer un rapprochement entre les luttes féministes et la protection de l'environnement dans les années 1970. Elle est à l'origine de "l'éco-féminisme", dont se revendiquent des militants écologistes aujourd'hui.

Le mot "éco-féminisme" est employé pour la première fois dans Le Féminisme ou la mort, ouvrage de 1974 écrit par Françoise d'Eaubonne.

Née en 1920, Françoise d'Eaubonne a une longue tradition féministe dans sa famille comme elle l'explique sur l'Ortf en 1972 : "J'estime que j'ai eu beaucoup de chance d'être la fille et la petite-fille de vieilles féministes, y compris ma mère qui était l'élève de Mme Curie et qui devait faire le coup de poing pour pouvoir s'asseoir sur les bancs de la faculté des sciences. Parce que les hommes essayaient d'empêcher les femmes d'entrer dans les facultés de peur que plus tard, elle leur prenne leur situation."

Résistante sous l'Occupation, elle s'engage au Parti communiste après la guerre. Elle est marquée par ses lectures féministes, notamment Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir. Militante au sein du Mouvement de Libération des Femmes (M.L.F.), elle fait partie des signataires du manifeste des "343 salopes". Au sein du mouvement, elle anime un groupe "écologie et féminisme" où elle appelle les femmes à reprendre le contrôle de leur corps et de la natalité.

"Je suis arrivée à l'idée que maintenant la famille est quelque chose de totalement dépassé qui doit disparaître. La société mâle doit devenir la société où les femmes prendront le pouvoir pour le détruire immédiatement." Françoise d'Eaubonne, 1972

Préoccupée par une croissance économique toujours plus gourmande en ressources et par une démographie qui lui semble sans limite en 1970, l'essayiste accuse "le pouvoir patriarcal" et reproche l'avidité des hommes. Pour elle, il est temps de "reprendre le pouvoir à ceux qui en ont fait ce que nous voyons, qui ont détruit la planète, qui ont fait de la démographie, de la procréation ce fléau, qui maintenant menace l'humanité elle-même." 

Si elle souhaite renverser le pouvoir patriarcal, ce n'est pas pour le remplacer par un pouvoir matriarcal, mais pour arriver à une sorte d'autogestion heureuse. Elle explique être "contre la garde du pouvoir, y compris par nous-mêmes, parce que nous savons très bien que le pouvoir corrompt tous ceux qui s'en emparent. Ce point de vue n'est pas neuf, d'ailleurs, c'est le vieux point de vue des anarchistes. "

La militante aborde dès les années 1970 les réflexions sur la fluidité des genres, encourageant en quelque sorte à dépasser l'idée de masculinité et de féminité.

Au lieu de l'être asexué dont ont peur ceux qui entendent parler de ce genre de choses, on aurait au contraire un être doublement sexué, qui aurait toutes les qualités des deux sexes. Il n'y aurait plus l'homme viril, la femme gracieuse, pour prendre très grossièrement des styles dépassés. Chaque être humain serait viril et gracieux à la fois. Françoise d'Eaubonne

Penseuse marginale de son vivant, éloignée du milieu universitaire, boudée en France, Françoise d'Eaubonne connaît en revanche un certain succès dans le milieu universitaire anglo-saxon.

Mais l'éco-féminisme revient dans les cortèges depuis quelques années, mobilisé par une nouvelle génération de militants écologistes.

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