Les villageois de la région de Lastourville au Gabon le surnomment « Papa gorilles », Max Hurdebourcq, la cinquantaine passée, parcourt depuis des années cette vaste zone forestière pour observer les gorilles et sensibiliser les populations locales à leur préservation. Ancien reporter freelance, Max rencontre les gorilles gabonais en 2006 lors d’un reportage, il décide de revenir les étudier. Au cœur d’une vaste concession forestière de 600 000 hectares, il va à la rencontre des villageois pour leur expliquer que les gorilles ne sont pas une menace mais une chance. La cohabitation entre les gorilles et les hommes n’est pas toujours facile, à tel point qu’elle fait parfois des victimes des deux côtés.
Les gorilles sont chassés par les villageois soit par peur soit pour leur viande. Au cœur de cette exploitation forestière labellisée FSC, située à 300 km à l’est de Libreville, les nombreuses pistes favorisent les rencontres impromptues avec les grands singes. « Ils sont à proximité des pistes. Ils n’ont pas peur des véhicules. Ce n’est pas rare de les croiser ou de les apercevoir », explique Max Hurdebourcq, pourtant il ignore leur nombre, « c’est l’objectif d’une de nos prochaines missions. Au cours des précédentes, j’ai compté plusieurs centaines de nids de gorilles ».
« Ce qui m’a surpris, c’est que, même s’ils vivent au milieu de la forêt, les villageois connaissent très peu le mode de vie, la biologie des gorilles. Pour nombre d’entre eux, les gorilles sont des animaux malfaisants. Je m’attache à leur montrer qu’il n’en est rien. » Grâce à des films, des panneaux, des débats dans les écoles des villages et pour expliquer la manière de se comporter pour éviter les attaques en cas de rencontre avec un gorille, Max parvient progressivement à faire prendre conscience aux villageois et aux travailleurs de l’exploitation que ces grands singes ne représentent pas une menace. « Le film tourné dans le zoo de La Palmyre montre une maman gorille en train de donner la tété à son bébé. Les enfants sont surpris de découvrir la ressemblance entre une mère gorille qui s’occupe de son petit et leur propre mère », raconte « Papa Gorilles ». Ce film permet de casser l’image négative des gorilles et de les rendre attachants, de les rendre plus humains. Il a visité une vingtaine de villages dans la région et sensibilisé près de 2000 personnes. « En plus, cette année, le symbole de la Coupe d’Afrique des Nations est un gorille, ça va un peu m’aider. Le rapport des habitants au gorille évolue lentement, il faudra bien une génération pour que les choses changent. » À terme, il espère convaincre les villageois de développer une activité d’écotourisme basée sur l’observation de la faune, les gorilles, les chimpanzés et les éléphants pour les inciter à protéger ces espèces et pour lutter contre le braconnage.
Texte Julien Leprovost
A lire ici un reportage qui lui est consacré sur le site de 20 minutes, et ici et ici un reportage sur le site de Sciences et avenir