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MARION Rémy

Auteur, réalisateur, conférencier, photographe, spécialiste des ours polaires.

Né à Honfleur au début des 60’s dans une famille de pêcheurs - son père en l’occurrence - Rémy Marion a rencontré très tôt la mer, les animaux, la nature où il s’échappait dès qu’il avait une minute. Honfleur, cité marine, de corsaires, de grandes aventures – d’où partit Champlain le fondateur de Québec – lui a donné en plus le goût des voyages.

Parti pour faire des études de biologie, il finit en chimie, ce qui lui apportera néanmoins les moyens de comprendre les phénomènes de la nature, les interactions, et l’aidera dans les rédactions de ses livres comme dans sa pédagogie.

Et de trouver du travail chez IBM, dont le salaire « confortable » contribuera à ses premiers voyages (Spitzberg en 1986 à 25 ans).

Première découverte du milieu polaire, fondamentale, les phoques, premières fiches (il n’existait pas grand chose), du coup son ami Sylvain Mahuzier lui propose la co-rédaction du premier livre sur le sujet (phoques, otaries, Siréniens) chez Delachaux & Niestlé.

Beaucoup de voyages plus tard, dont des accompagnements comme guide nature dès 1988, rencontre avec l’ours polaire à Churchill en 90, double vie très/trop remplie qui l’oblige à choisir, il quitte l’industrie en 1994. Tout s’enchaîne, Guide des manchots en 1995, création de l’agence Cap Nature dédiée à l’observation en 1994 (elle s’arrêtera en 97), nombreux séjours avec l’ours, premiers tournages – avec Lelouch, Hulot, Arthus-Bertrand, la télé, les magazines -, première monographie en 1999, conférences, 20 bouquins… Infatigable !

En 2001, création d’une nouvelle agence à Barbizon, Pôles d’Images (librairie nature, galerie d'art animalier, activités de voyages, rédaction, édition d'une trentaine de livres, conférences, expositions…), puis de l’association Pôles Actions, « partie militantisme, pour une transmission objective de l’information ».

Depuis 25 ans, Rémy tourne autour du monde, il a fait une centaine de voyages polaires : Arctique, Antarctique, Churchill, Falklands.... et a écrit vingt livres.

Incessant voyageur, transmetteur, passeur, il n’est pas prêt d’arrêter.

 

Nous l'avons rencontré pour aller plus loin.

Retrouvez ses images dans la galerie des photographes

Quels maîtres à penser, quelles références ?

Denis Guedj, écrivain et historien des mathématiques, vulgarisateur, très engagé, qui m’a appris le pouvoir de transmettre, entre voir et savoir.

Aldo Leopold (« Almanach d’un comté des sables »), Jim Harrison, Barry Lopez (« Rêves arctiques »), les écrivains de la nature, des espaces.

Pourquoi le sauvage ?

Grâce aux grands espaces, leur lumière, la beauté. J’aime la liberté de penser, de mener sa vie, j’ai peu d’empathie pour le domestique, encore moins pour les animaux en cage.

Si vous étiez un animal sauvage ?

Un orque. Animal de communauté, qui sait s’adapter, qui a des relations particulières avec l’Homme, qui ne s’est jamais attaqué à lui dans la nature.

Un spot préféré ?

Les Falklands, un paradis. Là où je me sens le plus détendu, le plus serein. Lieu d’harmonie, de lumières sub-polaires, de sauvagerie incroyable.

Une belle rencontre ?

Mes sensations fortes face aux ours polaires, aux orques.

Un lieu mythique ?

Je suis à peu près allé partout où je rêvais, mais peut être la Géorgie du sud, les îles Wrangel au nord de la Sibérie.

Une œuvre qui résume votre parcours ?

« La grande vague » d’Hokusai, devant laquelle j’ai récemment passé une demi heure. Ça me touche particulièrement. De même que « la vague » de Camille Claudel au musée Rodin. La mer, les mouvements des vagues, la façon de retranscrire cette émotion.

 

Le matériel, la technique?

Je vis au milieu de milliers de livres. Mes parents, modestes, ont toujours fait d’énormes efforts pour que nous ayons accès aux livres. Livres anciens, livres de nature, d’exploration. Et, en plus d’être éditeur d’une vingtaine d’ouvrages, je suis auteur d’une trentaine de livres.

J’ai fait beaucoup de photos – avec une préférence pour les focales extrêmes, le 21mm, le 800mm -, maintenant c’est plutôt la video qui me permet de raconter des histoires, de transmettre. Je termine un film pour Arte, dont la sortie est prévue en début d’année prochaine au sujet des ours blanc et brun.

Un conseil à un débutant ?

Un conseil de vie : ne pas se priver de vivre ses rêves. Sortir des sentiers battus, rencontrer les autres. Les nouvelles technologies permettent beaucoup de rencontres, en dehors des enseignements traditionnels.

Un animal disparu revient, lequel ?

Le Grand pingouin, détruit par l’Homme. Emblématique, et cas d’école en biologie.

 

Une initiative ? Une urgence ?

Changer de société. Consommer autrement. Que l’Homo Sapiens sapiens devienne enfin sapiens !

L’extrême urgence : la conférence climat de Paris. Si ça ne réussit pas là, ça va être compliqué. L’état du climat, c’est fondamental, tout tourne autour, c’est un indicateur de la folie consumériste.

Une association qui mérite d’être soutenue ?

J’aime beaucoup l’ASPAS, une association qui prend des coups, qui se met en danger comme certains individus, Hulot, Arthus-Bertrand. Mais je ne suis adhérent d’aucune, pour garder ma liberté. Mais si on me demande de soutenir ponctuellement un combat, j’y vais.

Un message à laisser ? Peut-on être optimiste ?

Partager. Ce qui compte ce n’est pas la nature pour la nature, c’est de partager des émotions. Il faut en avoir envie. Le contraire de beaucoup d’accompagnateurs de voyages, qui connaissent peu ce qu'ils montrent et font leurs petites affaires.

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