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Nathalie BAYE

Interview exclusive d'une comédienne engagée pour les grands singes!

Un regard peut changer une vie! Nathalie Baye en est un exemple.

Jeune, à l'occasion de sorties scolaires, elle découvre la ménagerie du Jardin des Plantes de Paris et tisse un lien complice avec un gorille avec lequel elle échange regards, gestes et mutuelle empathie semble t'il.

Proche des animaux depuis son enfance - ses parents les aimaient aussi -, ces moments ont renforcé son envie de s'impliquer dans leur préservation.

... Et, un jour, de s'engager...

Il lui a suffi de croiser la route d'une primatologue reconnue, Sabrina Krief en l'occurence - maître de conférences au MNHN de Paris - spécialisée dans l'étude et la préservation des chimpanzés, essentiellement en Ouganda, dont les projets sont soutenus notamment par la Fondation pour la Nature et l'Homme (FNH créée par Nicolas Hulot), La Fondation Albert II de Monaco, l'association Coq en pâte ("Kids love nature") et Le Museum National d'Histoire Naturelle (MNHN).

Voir aussi le site "Sauvons les grands singes" : ici

 

Pour en savoir davantage, nous l'avons rencontrée en août loin des brouhahas urbains...

Comment votre implication en faveur des grands singes - les chimpanzés notamment- s'est elle avérée? J'ai toujours adoré les animaux, il y en avait toujours à la maison chez mes parents qui les aimaient aussi.

Mais, plus précisément, et c'est ce que j'ai raconté à Sabrina Krief quand nous nous sommes vues la première fois : vers 11/12 ans, j'ai été au cours Rive gauche, dans le 5ème arrondissement de Paris, qui se trouvait à côté du Jardin des Plantes. Après le déjeuner, on emmenait les enfants dans ce jardin pour se défouler avant de reprendre les cours. Je m'étais fait copine avec le gardien du zoo et il me laissait passer pour aller voir les animaux.

Un jour, je suis entrée dans le bâtiment des grands singes, il y avait un gorille qui était là, un gorille très étonnant. Je l'ai regardé. C'était à une heure de la journée où il n'y avait personne, j'étais seule, et lui était derrière la vitre; il m'a regardée - son regard était incroyable -, et à un moment il a frappé sur son thorax avec ses deux poings; J'ai fait la même chose. Ensuite, j'ai pris l'habitude de retourner le voir au moins 5 fois par semaine, et il venait dès que j'arrivais. Parfois il ne faisait rien, c'était moi qui me frappais la poitrine. Quelque chose est passée entre nous, qui m'est restée : une fascination pour les grands singes, mais aussi tous les singes en général. Voilà comment est né mon intérêt puis mon engagement pour ces animaux.

Et votre rencontre avec Sabrina Krief, comment s'est elle passée ? C'est assez récent, 2/3 ans. A l'occasion de la sortie d'un de mes films, le magazine ELLE m'avait interviewée, comme ils le font régulièrement pour connaître les envies d'un artiste à la rentrée des vacances : "Quelle pièce de théâtre, quelle exposition, quel film irez-vous voir à la rentrée?" J'avais remarqué qu'il y avait une exposition sur les grands singes au Museum d'Histoire Naturelle de Paris, organisée par Sabrina Krief. J'ai répondu que j'irai voir cette exposition en rentrant à Paris.

Sabrina l'a appris, m'a contactée pour me remercier d'en avoir parlé dans la presse et nous avons eu quelques échanges par mail. Puis elle m'a proposé de me guider quand je viendrai voir l'exposition, ce que j'ai, bien entendu, accepté avec plaisir!

Donc votre passion pour les singes "flottait" en vous? Ah oui, j'ai toujours adoré le petit zoo du Jardin des Plantes, je suis fascinée par Nénette, l'Orang-outan - qui en est la doyenne (47 ans) et la mascotte. Je vais la voir régulièrement.

Nénette, la doyenne oarang-outan (Pongo pygmaeus pygmaeus) © MNHN – F. Grandin

J'en profite pour préciser que le zoo du jardin cherche cherche des fonds pour agrandir le bâtiment des grands singes car ils ont besoin de plus de place.

Que pensez-vous des zoos? Bien évidemment, quand on aime les animaux, on a envie qu'ils soient en liberté. Mais ceux qui sont dans les zoos sont en principe tous nés en captivité. Et puis il faut penser aussi que de nombreuses personnes n'ont pas les moyens d'aller admirer des animaux dans leur milieu naturel; les zoos sont donc la seule façon pour que des enfants puissent voir des girafes, des éléphants,des singes...

Mais il est nécessaire qu'ils soient extrêmement encadrés, surveillés, comme du lait sur le feu.

Quel est votre rôle auprès de Sabrina? Je 'accompagne au mieux quand il y a une manifestation médiatique - j'espère d'ailleurs pouvoir aller en Ouganda cet hiver dans la réserve dont elle s'occupe -, je mets en lumière ses actions dès que je peux (sur Instagram) et je transmets les informations sur ses projets; je l'aide aussi pour trouver des fonds nécessaires (notamment pour aider les paysans qui cultivent du thé en bordure de la réserve à passer au bio pour supprimer les pesticides qui causent de nombreuses malformations aux singes).

Par votre métier, vous essayez d'impliquer d'autres comédiens? J'en parle, j'essaie de réunir quelques bonnes volontés. Je suis très vigilante et dès que je peux faire quelque chose, je le fais.

 Comment voyez-vous l'engagement de l'artiste pour une cause? C'est compliqué? Non! ce qui est compliqué c'est ce que font les médias de ce que vous faites ou dites. Parfois, on exprime une idée ou on mène une action et elle ressort dans la presse d'une façon un peu bidon, un peu voyeur, un peu vulgaire. Je n'ai jamais cherché à me mettre en avant dans mon soutien à Sabrina, ou de l'exploiter, cela n'est pas dans mon caractère. Il faut donc s'engager intelligemment et, pour la presse, avec des personnes "droits dans leurs bottes"!

Vous connaissez Jane GoodallPeu, je l'ai rencontrée 2 fois. La dernière fois pour une présentation au Grand Rex; elle m'avait évoqué sa fatigue et son grand besoin de relais.

Et Diane Fossey, son aventure auprès des gorilles? J'y ai été sensible mais je l'ai moins suivie car à l'époque je travaillais tout le temps. Mais avec Sabrina, on se bat , avec le même esprit, contre le braconnage et l'utilisation des pièges.

Cela me fait penser tout à coup aux cirques, à l'utilisation des animaux vivants, j'espère que cela va disparaître.

Vous êtes allée en Afrique voir la faune sauvage? Oui, au Kenya, magnifique expérience! En Afrique du Sud aussi, mais j'ai été moins séduite par la végétation et les mentalités en général.

Et si vous étiez un animal sauvage? C'est bien difficile de vous répondre car tous les animaux m'intéressent, même une mouche qui passe!

Et quid de notre rapport au monde sauvage? Il est indispensable! le monde sauvage a autant le droit de vivre sur cette planète que nous.

Nous parlons alors du livre de Frans de Waal "Le bonobo, Dieu et nous"; Nathalie Baye en prend la référence. Du coup elle évoque le film qui a été consacré à Sabrina et son mari photographe Jean-Michel Krief : "Dans ce film, Sabrina montre qu'elle a découvert, à travers le contenu des crottes des chimpanzés, qu'ils savent parfaitement se soigner grâce à la sélection et l'ingestion d'herbes aux vertus médicinales - antibiotique  vermifuge...

Quelles sont les urgences sur cette planète? Qu'est ce qui vous inquiète? Il y en a tellement! Cet hiver, je suis allée en famille en Thaïlande, sur une île totalement perdue. Une jeune femme m'a emmenée dans son village natal. Et j'ai vu une mer de plastique (elle répète deux fois ces mots), sur une étendue immense. C'est affolant et j'espère qu'on va en prendre conscience.

Déchets sur une plage de Thaïlande/WordPress

L'avenir est inquiétant et je trouve que la communication sur ces questions n'est pas bien faite, elle est trop soft. Je pense qu'il faut faire peur davantage, car ce qui se passe est assez terrifiant. 

Dans ma jeunesse, quand on allait dans un supermarché, il y avait un choix d'une vingtaine de biscuits différents. Aujourd'hui, il y en a au moins 400 et une multitude de marques! C'est du délire! Avec tous ces emballages en plus.... Il y a 80 sortes de yaourts...

Comment s'en sortir?  Il y a tant à faire. Et l'appât du gain, la vitesse, les voitures, les bateaux...! Ce monde qui va si vite!

La rencontre se termine, nous pourrions échanger encore longtemps...

Mais pour conclure ce moment, quel message laisseriez-vous si vous disparaissiez ce soir? J'aurais envie de dire que la nature - végétation, air, mer, animaux... - est notre richesse et qu'il faut conserver cette richesse car elle est merveilleuse et indispensable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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