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POTIER Maud, cheville ouvrière du festival de Montier en Der

Rencontre avec Maud, chargée de mission responsable de la réalisation du festival et du développement pédagogique

Maud, lorraine d’origine, est tombée dans la nature toute petite, dès l’âge de 5 ans grâce à son « oncle ornitho qui m’emmenait au Der, qui m’a initiée aux oiseaux». Au départ elle voulait être garde forestier, mais cuber les forêts et vendre du bois, très peu !

D’où son parcours à priori étrange, fac d’histoire - histoire de l’art en particulier. Mais l’envie de la nature est la plus forte. Elle se tourne alors vers une formation professionnelle en environnement (BEATEP) et BAPAAT randonnée pédestre en Auvergne chez Espaces et Recherches, avec à la clé un stage à la Maison de l’Oiseau et du Poisson à Outines (Marne) où elle rencontre Manu (sous terre), adepte des chauve-souris et des rampants.

Puis un BTS en Gestion et Protection de la Nature (gestion des espaces naturels) à Nantes.

De fil en aiguille, de sorties ornitho en sortie ornitho, elle croise le chemin du festival de Montier-en-Der, comme visiteuse d’abord dès 2000, et quand un poste concernant les projets d’animations se présente, elle devient chargée du développement pédagogique et des expositions itinérantes en 2006.

Puis finalement responsable de la réalisation du festival et du développement pédagogique embrassant de larges responsabilités : programmation, conférences, pédagogie pour les 4 à 5000 scolaires et concours – international et jeunes !

Montier c’est plus de 46 000 visiteurs en 2022, un très bon cru, proche du record.

Finalement, Maud a bouclé la boucle : l’art et la nature enfin unis !

 Photo Pascal Bourguignon

Les portes du festival viennent de se refermer sur une (nouvelle) superbe 25ème édition.

Qu'est ce qui prédomine à chaud  : le sentiment du devoir accompli, le blues de voir les lieux vides, la fatigue physique, l'impatience de se replonger dans la future mouture... ?

Ce qui est prédominant c'est une ambivalence :

celle de la satisfaction générale des différents protagonistes de l'édition, et du sentiment d'avoir écrit une histoire, voulu raconter quelque chose de la nature et de l'environnement en utilisant les notes de chacun, et d'avoir le sentiment quelle a été entendue et même plus que la mélodie à été retenue,

et cette fatigue physique, ce babyblues qui vous aspire dans un syphon !

Comment vit-on le festival au quotidien quand on en est la cheville ouvrière ?  Trouvez-vous du temps pour apprécier les expositions, discuter avec les exposants et sentir le pouls du public ?

C'est là la difficulté ... on ne le vit pas ... du moins pas assez, il y a de petits moments suspendus mais beaucoup d'autres dans la résolution de petits problèmes ou tout simplement de logistique inhérente à un évènement de cette ampleur.

J'aimerais sincèrement pouvoir ne pas négliger ce temps d'échange. Le pouls est quant à lui facile à prendre ... l'ambiance générale transparait assez vite et les visages ne trompent pas.

Deux nouveaux lieux ont accueilli des expositions cette année. Expérience concluante ?

Oui tout à fait.

Les exposants étaient satisfaits, même s' il y a eu quelques craintes bien normales eu départ et un public au rendez-vous.

Un espace de conférence technique sur le pôle matériel vécu comme un réel atout, l'échange et le partage sont aussi possibles sur un lieu de business !

En parlant de future édition, à partir de quand allez-vous travailler sur Montier 2023 ?

Ça dépend ... il y a toujours des choses dans les cartons en sommeil, qui attendent le bon moment mais concrètement après la période des fêtes de fin d'année. Décembre est encore beaucoup consacré au rangement de toutes natures : matériel, bilans en tout genre dont  financier, ranger et ordonner son esprit aussi !

A quelle époque devez-vous avoir figé les grandes lignes (parrain, invités, thème...)

Idéalement tout ce ceci est bien dessiné en mars.

Le plus compliqué à gérer dans une telle organisation : l'humain ou la logistique ?

L'un ne va pas sans l'autre. La logistique sert des humains et elle est mise en œuvre par eux. Le côté humain est sans doute plus difficile car il peut-être sans prise mais généralement par le dialogue et l'empathie on résout beaucoup de chose.

Concernant la logistique, cela semble plus simple en théorie mais les limites sont souvent marquées par le budget alloué et il faut parfois être ingénieux pour retomber sur ses pattes !

La plus grosse crainte face à un événement qui pourrait impacter la bonne tenue du festival : météo désastreuse, mouvement social national,  crise économique, absence des grues :-)

Le festival est une alchimie ... donc ça pourrait être tout cela à la fois. En fait nous sommes assez confiant dans la relation que les fidèles du festival ont avec Montier et leur envie de venir. On sait qu'ils bravent les évènements et nous en avons connus ... attentas, gilets jaunes, covid ...

Par contre ces évènements extérieurs ont une grande influence sur une partie du public ... et c'est ceux là qui font une différence entre une bonne année, une très bonne année voire une année exceptionnelle ...

Le festival est situé en plus dans une période assez sensible d'un point de vue sociétale, post rentrée et donc c'est toujours un facteur de stress important mais il n'y pas le choix, on y va et on compte un peu sur notre bonne étoile.

Concernant les grues ... elle savent très bien qu'elles n'ont pas d'autre choix que d'être là,  la question ne se pose pas, d'ailleurs elles souhaitent participer à la fête ;-) !

Un souvenir particulièrement émouvant ? Une émotion face à une oeuvre ou un discours ?

Un c'est difficile, bien sûr énormément de souvenirs émouvants, Max Meroth devant son expo, la descente de Steve Mc Curry de sa navette aéroport qui renvoie à un projet de longue haleine, le projet d'écriture des enfants de l'école de Montier, visuellement une image de Tony Crocetta et Marcello : un gnou traversant la rivière Mara qui se retrouve au coeur d'une fresque préhistorique, tout un symbole sur cette frontière de leurs arts respectifs qui disparait sous nos yeux sur cette échelle de temps ? ...

et puis cette année j'ajouterai la surprise de mon émotion face à la remise de médaille de Régis.

La plus belle des récompenses ?

Le reconnaissance des protagonistes de l'évènement qui sentent qu'ils ont une vraie tribune, qu'ils viennent défendre des sujets, ne parlent et ne montrent pas dans le vide.

Les sourires, les petits mots apaisants et les jolies dédicaces que l'on savoure dans l'après dans un fauteuil au coin du feu donnent le sentiment d'un travail consciencieux et utile.

Le festival ouvre de plus en plus ses allées aux photographes "ethniques" (Steve McCurry, Anne de Vandière, Francis Latreille cette année). Envisagez-vous de changer à terme le nom du festival ?

Ce n'est pas à moi de répondre à cette question mais plutôt aux administrateurs de l'association.

Cependant de ma perception, je ne crois pas ... l'intégration de la notion humaine dans le rapport à la nature et l'environnement a été un long chemin et il est maintenant acquis sans pour autant remettre en question l'objet initial du festival, une manifestation sur l'animalier et la nature. L'homme n'étant pas exclu de cette réflexion il y figure à travers quelques projets choisis avec minutie.

 

Le questionnaire "Pleins pouvoirs"

Vous êtes invité à une séance de spiritisme. Bien que sceptique, vous choisissez la personnalité "environnementale" décédée avec qui discuter pour quelques minutes. Laquelle ?

Sans hésiter une seule seconde : Guy-Michel COGNE*, non comme une personnalité "environnementale" mais comme une personnalité tout court, qui a toujours aimé Montier et qui s'est intéressé à 200 % aux sujets qui y étaient déployés.

*Fondateur des magazines Chasseur d'Images et Nat'Images, entre autres

Députée, vous êtes seule dans l'assemblée Nationale déserte. Vous avez toute latitude pour abroger, amender ou créer une seule loi environnementale. Laquelle ?

Une modification de l'article premier de la constitution ...

« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.

Envers la NATURE, bien commun de l'humanité, elle assure au vivant sa protection indéfectible. Son organisation est décentralisée.

La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales. »

Voilà, rien que ça ;-) !

Généticienne fan de Jurassic Park, vous pouvez faire revenir à la vie une espèce disparue. Laquelle ?

Le Smilodon, on pourrait lui trouver quelques proies savoureuses !

Descendante de Darwin, vous savez faire évoluer les espèces. Vous pouvez modifier une particularité d'une espèce, ou lui en ajouter une. Laquelle ?

Homo sapiens sapiens ... qu'il s'aperçoive enfin qu'il n'est pas seul sur Terre et que son intelligence doit être mise au service du vivant et non de sa propre espèce .

Vous gagnez au loto, pas d'héritiers : quelle(s) association(s) de protection mettez-vous définitivement à l'abri du besoin ?

Plus besoin d'association de protection de la nature - l'enjeu est reconnu internationalement et toutes les associations de protection de la nature siègent maintenant dans toutes les grandes instances décisionnaires.

Pénurie mondiale de bois : L'arche de Noë sera plus petite que prévue. Il n'y a de la place que pour 5 espèces. Lesquelles ?

Le chien sauvage de Nouvelle-Guinée,

La Gastrotheca cornuta,

la tortue de Fernandina,

 

le Coelacanthe

(des espèces qu'on a cru disparues qui étaient finalement bien cachées) et mes filles Rose et Adèle, je les sauverai toujours ! ...

c'est peut-être une traversée périlleuse mais elles ont des ressources insoupçonnées

Vous vous réincarnez en un animal en danger critique sur la liste IUCN, mais avec la connaissance des actions à mener pour sauver votre espèce. Laquelle ?

Je ne me réincarne pas, impossible de choisir qui mérite de vivre ou pas et ce qui est perdu est perdu mais je fais en sorte que cette liste n'ait plus lieu d'être ... oui une grande utopie je sais. Oscar Wilde disait qu'aucune carte du monde n'est digne d'un regard si le pays de l'utopie n'y figure pas.

Vous perdez à un jeu. Un gage au choix : libérer des ours d'une ferme à bile en Chine, enfumer une ruche dans le hall du siège de Bayer ou porter un tee-shirt "La chasse tue" lors d'une balade forestière en Sologne ?

Je suis bien tentée par une action concrète et locale en Sologne ...

Reconversion professionnelle : photographe animalier, scientifique environnemental, responsable d'association de protection , ou ?

Un métier me permettant de conduire des actions concrètes sur le terrain ... là d'où je viens en fait ...

Hypnotiseur, vous pouvez forcer tous les acteurs d'un conflit à trouver un accord bon pour la faune : éleveurs / défenseurs des grands prédateurs, industrie phytosanitaire / apiculteurs, ou chasseurs / promeneurs ?

Les grands prédateurs évidement ... si nous arrivons à les accepter sur notre territoire ... sur tous les territoires le reste suivra ou aura précédé car nous aurons remis en question notre place d'être humain et notre rôle de croire que nous devons tout "gérer".

 

 

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