Claudio Sillero se destinait à une carrière de biologiste marin. Une rencontre avec une femelle jaguar et ses petits en Argentine l'a convaincu de s'orienter finalement vers les carnivores. Premières études sur la hyène tachetée au Kenya, puis très vite un dîner avec un biologiste de la New York Zoological Society attisa sa curiosité au sujet du loup d'Ethiopie.
25 ans plus tard, le voici spécialiste mondial de l'espèce, au coeur du Parc National Bale Mountains en Ethiopie à plus de 3000 mètres d'altitude ,surveillant de près les derniers 400 adultes vivants au sein des 7 différentes populations observées.
Outre les loups, il peut y observer une faune riche et insoupçonnée considérant les conditions (chaud la journée, parfois de la neige la nuit) : ratel, chacal doré, léopard, hyène tachetée, serval, mangouste, tous friands de rongeurs.
Mais l'ironie veut que le principal danger menaçant le loup d'Ethiopie, canidé le plus menacé sur Terre, soit un cousin éloigné, le chien domestique.
3 raisons à cela :
1/ ils se nourrissent également de rongeurs
2/ les chiens mâles s'accouplent parfois avec les loups femelles, diluant ainsi le capital génétique
3/ les chiens sont porteurs de maladies qui peuvent infecter les meutes de loups, tuant parfois 3 individus sur 4.
Claudio a donc lancé en 1995 le "Ethiopian Wolf Conservation programme" afin de protéger l'espèce. Plus de 60 000 chiens de bergers ont été vaccinés contre la rage ou la maladie de Carré, protégeant à la fois les loups mais aussi les bergers.
Claudio Sillero est chercheur au sein de l'Oxford's Wildlife Conservation Research Unit, membre du Groupe Spécialisé dans les canidés au sein de l'UICN, administrateur de l'ONG Born Free Foundation, et a été récompensé en 1998 du prestigieux Whitley Award for Animal Conservation.
Quelques faits sur le loup d'Ethiopie :
- malgré son apparence, l'espèce est plus proche du loup et du coyote que du renard ou du chacal
- Il reste moins de 500 individus à l'état sauvage, dont 300 dans le parc national du Mont Balé en Ethiopie)
- La vie dans la meute répond à une hiérarchie stricte, mais la chasse de petites proies se fait en solitaire
- La coexistence est pacifique avec les bergers vivants dans les montagnes