Au début du XIXe siècle, des milliards de pigeons migrateurs (Ectopistes migratorius) parcouraient le ciel américain. En 1914, la dernière femelle de cette espèce mourrait au zoo de Cincinnati. Le passé peut-il éclairer nos comportements et nos décisions ?

La Tourterelle des bois connaît depuis plusieurs décennies un très fort déclin démographique sur la majeure partie de son aire de distribution. En Europe, ses effectifs ont chuté de façon vertigineuse, d’environ 80% au cours des 40 dernières années. Sur la voie de migration occidentale qui concerne notre pays, la situation est également alarmante.

Dans ce contexte très sombre, le présent projet d’arrêté qui prévoit une suspension de la chasse de Tourterelle des bois jusqu’au 30 juillet 2022 va dans le bon sens.

En effet, si la dégradation des habitats de nidification est généralement invoquée comme le principal facteur à l’origine de l’érosion des effectifs, la chasse constitue une pression et un facteur de déclin supplémentaires qu’il est nécessaire de supprimer tant que la dynamique actuelle ne sera pas inversée.

Compte-tenu de la situation alarmante de la Tourterelle des bois, en France et ailleurs, il est de notre responsabilité collective de tout mettre en œuvre pour éviter sa raréfaction, voire à terme sa disparition (songeons à l’exemple du pigeon migrateur cité ci-dessus).

Agir sur la chasse est un levier indispensable que nous devons actionner tout en étant bien conscients qu’il ne suffira pas à lui seul. C’est pourquoi nous apportons un avis favorable à cet arrêté mais que nous demandons dans le même temps, au nom du principe de précaution, et dans l’attente des résultats du plan de gestion adaptative qui doit être mis en œuvre en France prochainement, que la durée de suspension soit portée à 5 ans au lieu de 1 an.