Daniel Van Tongerloo, dit Atrayoux, est né en 1976 à Gand en Belgique.
Enfant malicieux, adolescent sportif, fils de bateliers, il a eu un parcours atypique et s'est enrichi de ses expériences. Le voyage et le changement sont nécessaires pour ce photographe amoureux de la nature et de la faune sauvage.
Toujours curieux, il a un jour pris l'appareil photo de son épouse et s'est intéressé au moindre réglage. De tests en essais, il s'est pris de passion pour cet art et c'est en autodidacte qu'il a appris à maîtriser toutes les techniques.
Atrayoux s’est spécialisé dans la photographie animalière qu'il développe, en particulier pour ses séries limitées "Black and Wild" et "White and Wild" qu'il présente au public et est sensible au déclin de la biodiversité de notre belle planète ! Ilsouhaite, au travers de ses photos, de ses portraits aux détails étonnants, sensibiliser à une existence parfois méprisée par les hommes.
Cet engagement, on le retrouve aussi dans ses choix. En effet, pour ses impressions, Atrayoux fait appel à un imprimeur d’art qui utilise un papier sans acide et une encre à base de pigments de charbon. Par chance, cette impression est actuellement la meilleure pour les impressions noir et blanc car le pigment de charbon est plus fin et permet d’obtenir un relief remarquable tout en subtilité et nuance et met en valeur des détails, des textures, des expressions qui n’apparaissent pas sur une impression classique.
De même pour ses voyages par exemple en Afrique, Atrayoux ne fait de photos que dans des parcs nationaux où les animaux sont protégés et les règles sévères pour préserver leur tranquillité plutôt que dans des réserves privées où la chasse aux espèces en danger est possible contre quelques milliers de dollars…
Le braconnage, la chasse, la déforestation, le réchauffement climatique sont les principales causes du déclin, sans parler de la bêtise humaine !
On ne pourra qu’être hypnotisé par les photographies poétiques et sauvages d’Atrayoux, faisant jaillir du noir des fissures de lumière d’une rare beauté. Extrait « Art in the city ».
Du masque au portrait, infinis sont les passages en terre animale. Si le portrait rapproche l’humain de l’humain, Daniel van Tongerloo pratique à vif l’art du visage habité de l’animal humanisé. Mais si la peinture éternise les traits fixés d’une personnalité sociale, a contrario, le photographe-artiste saisit l’instant le plus sublime qui soit, celui de l’infime d’une présence au monde exceptionnelle d’intensité, sidérante d’impact et d’extrême vitalité, archaïque et pulsionnelle. Pure animalité sans fioriture, sans psychologie fabriquée, et même sans environnement attendu. Magie de la présence animale, lumineuse et absolue. Daniel van Tongerloo, au terme d’une longue gestation intérieure, part d’une image intérieure qu’il traque sans fin jusqu’à ce qu’elle se fasse réalité. Il s’agit de capter le moment unique et prodigieux où la vision du dedans rejoint le miracle attendu de la présence animale. Fabuleuse captation du regard, quand l’œil animal troue l’étendue. D’où viennent ces brulures vitales, ces élans secrets, et ces failles énergiques, sinon des sources obscures de nos souterrains sacrifiés ? De notre animalité enfouie, intime et fragile.
La tête seule est privilégiée, comme un fabuleux trophée d’âme universelle. L’ego tristement humain en prend un sacré coup, quand la tête animale impose un sidérant face à face entre l’homme et ses racines primitives. Depuis l’aube des temps, l’animal-dieu habite la terre et les demeures de l’art. Chez Daniel van Tongerloo, l’animal est l’autre de l’humain, ici tout proche, à portée de main et de regard, quand l’art envoûté fouille l’abîme de nos affects. Chaque animal est un miroir d’humanité secrète, détaché, distancé, fort et lointain. Un frère d’altérité, et pas un n’est une bête. Les animaux portent sans le savoir toute la beauté du monde.
Extrait de la brèv’aralya, le E magazine de l’Art Contemporain, article de Christian Noobergen (2019)