Peter Beard est né le 22 janvier 1938 à New York et a grandi sur la côte Est des États-Unis (New York, Long Island). Il est mort le 20 avril 2020 à Montauk, à l’est de Long Island.
Peter Beard à New York, en mai 2006. Photo Bryan Bedder. AFP
Il commence à prendre des photographies et à tenir un journal dès 1949. En 1955, il fait son premier voyage en Afrique. De 1957 à 1961 il étudie l'histoire de l'art à l'université Yale. En 1961, il rencontre au Danemark Karen Blixen (auteur de Out of Africaentre autres) avec qui il travaille jusqu'en 1962. La même année il décide de s'installer au Kenya dans une ferme nommée Hog Ranch à côté de celle de K. Blixen1.
À partir de 1964, il étudie les éléphants, les crocodiles et les hippopotames de Tsavo Park (Kenya). Il publie son premier livre en 1965 : The End of the Game, qui témoigne d'une façon originale (mélange de photographies, textes, documents) de la disparition des éléphants au Kenya2
À partir de 1972, il collabore avec Andy Warhol, Francis Bacon (peintre), ou encore Truman Capote.
En 1975 a lieu sa première exposition de photographies à la Blum-Helman Gallery de New York, suivie d'une exposition plus importante en 1977 au Centre international de la photographie de New York (photographies, journaux, objets africains, souvenirs personnels). En 1978, il fait son premier film documentaire pour ABC, Wild World of Sports.
En 1996, il est attaqué et grièvement blessé par un éléphant mais survit. La même année, la première grande rétrospective de son travail se tient au Centre national de la photographie à Paris.
En 2004, il écrit un livre pour sa fille, Zara (née en 1988) : Zara's Tales : From Hog Ranch - Perilous Escapades in Equatorial Africa.
Depuis 1972, il habite à New York et au Kenya.
En 2009, il est sollicité pour être le photographe du calendrier Pirelli, série qu'il réalise au Botswana, auu milieu des bêtes sauvages, assisté par une jeune photographe franco-sénégalaise, Delphine Diallo
Peter Beard, qu’Andy Warhol décrivait comme « l’un des hommes les plus fascinants de la planète, un Tarzan moderne… » a réalisé une œuvre colossale, faite de collages photographiques et de livres d’une richesse incroyable, au cœur desquels on trouve, depuis une demi-siècle, l’animal et la nature africaine. Depuis l’enfance, ce bourlingueur – qui navigue, avec femme et enfant, entre New York et Nairobi- nourrit une passion jamais éteinte pour les animaux, auxquels il s’associe dans ses fameux autoportraits : torse nu avec un lémurien sur l’épaule, le nez escaladé par un lézard gecko, ou encore le corps enchassé par un crocodile… Depuis l’enfance, cet homme, familier de Dali et connu comme le loup blanc aux quatrte coins de la « planète peole », nourrit depuis son enfance une passion pour les animaux auxquels il s’associe dans ses autoportraits: celui où on le voit allongé au bord du lac Rodolphe, à moitié englouti par un crocodile, reste naturellement la plus célèbre.
Biographie et bibliographie (Actes Sud)
Libération 21 avril, extrait
.....Chasse aux images et à la bête sauvage
C’est en 1955, à 17 ans, que Peter Beard effectue son premier voyage en Afrique, en compagnie de Quentin Keynes, arrière-petit-fils de Charles Darwin, rapporte le New York Times. Lors de ce voyage, il échappe même à une attaque d’hippopotame alors qu’il fréquente les chasseurs de gros gibier et part à la chasse aux images et à la bête sauvage avec eux. Le mythe veut qu’il lise lors de la traversée en bateau sur le Queen Mary le livre Out of Africa deKaren Blixen. La baronne danoise sera dès lors une source d’inspiration pour le photographe qui s’installera plus tard au Kenya non loin de l’ex-ferme africaine et de sa plantation de café. De l’auteure danoise qu’il rencontre à Copenhague en 1961, il dit dans un portrait par Libé : «The best, un pur génie aiguisé par l’Afrique.» «Elle ne voyait presque plus personne. Elle avait souffert. Elle a justement dit que sa vie littéraire s’était faite dans le sang.» Lors de leur rencontre, Peter Beard lui tire le portrait et, plus tard, il colle le visage de l’écrivaine danoise à côté de celui de Ramsès II et d’un chef de tribu africain dans un curieux triptyque postérieur à la prise de vue. A Libération, il disait aussi : «On a toujours dit qu’un territoire comme l’Afrique était impossible à détruire. Mais la destruction a bien lieu, et à une vitesse que vous n’imaginez pas !»
The End of the Game, livre publié pour la première fois en 1965, est son œuvre la plus connue. Dans cet ouvrage, il y sonne l’hallali de la chasse pour les hommes blancs. Dans des photos animalières assez banales, frontales et empreintes de la mélancolie du noir et blanc, il décrit le péril du continent qui voit dépérir ses espèces sauvages. Ses séries de carcasses d’animaux desséchés sont par ailleurs très impressionnantes. Si Peter Beard aimait se tailler une réputation d’aventurier et de défenseur de l’Afrique, il était aussi un chasseur de têtes : c’est lui qui avait découvert Iman, fille de diplomates, future mannequin star et femme de David Bowie, dans une université kenyane. En photographe de mode averti, il en fait une déesse des podiums, tout en organisant des séances de prises de vues avec d’autres mannequins sur le continent. Habitué du Studio 54, Peter Beard est surtout l’ami des stars, version gold des seventies et eighties. Le photographe a fréquenté Andy Warhol, Salvador Dalí, Jackie Kennedy, Aristote Onassis, Grace Jones et Francis Bcon qui a peint plusieurs portraits de lui. Il a aussi immortalisé Catherine Deneuve et Carole Bouquet. Avec Truman Capote, en 1972, le photographe suit la tournée des Rolling Stones en voyageant dans leur avion et voit l’écrivain abandonner petit à petit son récit.
Si sa biographie est émaillée de noms célèbres et clinquants, le «socialite» Peter Beard a aussi bravé quelques infortunes. Jeune, il réchappe d’un accident de moto à 130 kilomètres heure. En 1987, sa maison américaine – il vivait aussi au Kenya – part en fumée, réduisant en cendre tous ses «diaries» (journaux intimes). En 1996, il est grièvement blessé par une éléphante à la frontière tanzanienne. Avec ses défenses, l’animal broie sa cuisse, écrase ses côtes et défonce son bassin. Le photographe aurait déclaré «pour la baise, c’est fini» avant d’être transporté à l’hôpital de Nairobi. De cet affrontement avec le pachyderme en colère, il gardera des séquelles à vie.
Clémentine Mercier
Un article sur le site de Télérama : Peter Beard, le baroudeur poète de la cause animale
Sur le site de Libération : Le photographe Peter Beard, 58 ans, est le chroniqueur hors norme et sans pitié de la fin du monde africain. Cimetière des éléphants.