Photographes animaliers

Nicolas BERAUD

Né en 1990 à Évreux, j'ai surtout grandi dans les Landes en découvrant nos grands espaces grâce à des parents curieux et sensibles à l'environnement.

Suscitant rapidement un intérêt pour l'expression artistique, j'occupe alors une importante partie de mon temps libre à dessiner. Je poursuis le dessin en effectuant des études dans une école de communication visuelle sur Bordeaux.

J'en fais ensuite mon métier jusqu'à ce que je décide de m'orienter vers la sensibilisation à l'environnement, la nature prenant pas à pas le dessus.

Alors que je m'efforçais de révéler le beau grâce au dessin, aujourd'hui, la photographie me permet de partager plus aisément des moments de vie et d'émotion passés auprès d'une nature sauvage.

 

Entretien avec...

Quel cheminement personnel jusqu'à l'animal sauvage ?

Avant l'animal sauvage, la nature est ma réelle première source d'inspiration. Issu de l'univers du dessin, il m'importait déjà de montrer aussi bien le paysage que l'animal avec mes crayons. Mon père témoigne d'un intérêt pour la faune sauvage et nous a transmis cette passion à mon frère, ma sœur et moi. Celle-ci s'est développée plus tardivement, et ce n'est véritablement qu'au début de l'année 2016 que j'ai commencé à avoir une démarche plus naturaliste du monde qui m'entourait. Initiée avec une paire de jumelles, l'appareil photo a ensuite suivi.

Ce cheminement m'incite à ne pas me définir comme un photographe animalier, mais plutôt un photographe de nature.

Un maître à penser ?

Pas de maîtres, mais de nombreuses inspirations. Je suis admiratif des cultures vivant en harmonie avec la nature comme l'ont été certaines ethnies amérindiennes ou comme le sont encore aujourd'hui plusieurs peuplades indigènes.

J'affectionne les démarches photographiques de Nick Brandt, Sebastião Salgado ou Stefano Unterthiner. J'apprécie particulièrement la démarche naturaliste de Michel et Vincent Munier : j'ai commencé la photographie il y a tout juste 3 ans en découvrant leur travail, notamment celui de Vincent. Sensible à son approche artistique et à sa philosophie, il est indéniablement l'un des photographes qui m'inspire le plus aujourd'hui.

J'aime également les émotions véhiculées par la musique de Max Richter, Sigur Rós ou Wardruna, ou de certains écrits de Victor Hugo, Baudelaire, Henri David Thoreau ou Sylvain Tesson.

Les propos de Mike Horn, Pierre Rabhi ou Paul Watson m'inspirent également.

Parmi les illustrateurs et les peintres, je pourrais citer Claire Wendling, John Howe, Alan Lee, ou le naturaliste Benoît Perrotin.

Une œuvre marquante ?

J'aimerais citer l'oeuvre de Hayao Myazaki pour les valeurs véhiculées à travers ses films.

Je suis également admiratif de l'oeuvre de Tolkien.

Si j'étais un animal sauvage ?

Malgré mon intérêt pour l'ensemble du vivant, je dois admettre que je passe beaucoup de temps à regarder l'avifaune.

Un oiseau solitaire relativement discret, se laissant porter par les thermiques... Je pense que cela me correspondrait plutôt bien. Un grand corbeau, un gypaète peut-être ?

Mais n'oublions pas que nous autres humains sommes tous des animaux sauvages...

Une belle émotion ou rencontre avec la faune ? 

Dur de n'en citer qu'une seule... L’émotion est vraiment présente à chaque rencontre, qu'il s'agisse d'un cerf bramant sur la crête d'une montagne ou d'une petite mésange huppée s'agitant sur les branches d'un conifère.

Un animal disparu qui reviendrait ?

J'aime à penser que le lynx boréal habite encore dans les montagnes pyrénéennes, auquel cas son retour me plairait beaucoup.

En réalité, j'aimerai mieux voir les espèces d'aujourd'hui ne pas disparaître par la bêtise ou l'ignorance humaine plutôt que de voir à nouveau une espèce éteinte naturellement.

Un animal fantastique qui existerait ?

Plus jeune, baignant encore dans l'univers de l'heroic-fantasy, j'aurai probablement répondu avec enthousiasme à cette question. Aujourd'hui, je n'en ressens pas le besoin : l'incroyable richesse du monde animal qu'il existe sur notre planète me suffit, ne serait-ce quà l'échelle de notre pays.

La photo ou la série à laquelle vous tenez particulièrement ?

Peut-être l'image d'un isard des Pyrénées photographié en pleine tempête hivernale, pour le moment vécu en compagnie de l'animal et partagé avec un ami.

Spot préféré ?

Les montagnes pyrénéennes, dans lesquelles je m'évade peut être plus facilement de la folie humaine.

Plutôt solitaire matinal pour profiter du moment ou accompagnateur de groupe pour partager ?

Il me semble que la solitude va de pair avec l'acte de création. Il m'est plus facile de me sentir en osmose avec l'environnement lorsque j'y évolue seul, sans oublier que le dérangement y est aussi moins présent.

J'apprécie toutefois de partager certains moments auprès de la nature avec mes proches ou dans une démarche de sensibilisation, cette dernière étant essentielle à mes yeux.

Un lieu mythique ?  

Ils sont nombreux, et se trouvent principalement au Nord : la Laponie, l'Alaska, le Kamtchatka, le Tibet, et tant d'autres. J'en rêve, mais je ne ressens pas pour autant le besoin de m'y rendre pour le moment : le fait de savoir qu'ils existent et qu'ils abritent une faune peu ou moins impactée par l'homme me suffit.

"Les derniers refuges du sauvage méritent, pour pouvoir le rester, qu'on ne cède pas à l'attrait qu'ils exercent sur nous."

Et la technique ?

Il est essentiel d'acquérir les bases mais je ne cours pas derrière pour autant. Je n'y pense que très peu sur le terrain. Des automatismes s'installent rapidement avec le temps pour laisser plus de place à la créativité, cette dernière m'important plus. Si possible, privilégier la pratique de l'affût pour minimiser le dérangement également.

Des urgences ? 

Une prise de conscience collective en premier lieu : sans la nature, nous ne sommes rien. Comprendre l'impact que peuvent avoir nos faits et gestes, respecter notre environnement du mieux que l'on puisse. Les alternatives existent dans de nombreux domaines, prendre le temps de se renseigner en conséquence et de ne pas tomber dans la facilité qui n'est généralement pas synonyme d'éthique. Si chacun avait conscience de cela, ce serait déjà une belle avancée.

Des conseils ? 

Ressentir les choses, photographier avec le coeur. Ne pas accorder trop d’importance au matériel. Prendre le temps d'observer, comprendre ce que l'on souhaite photographier. Ne pas oublier que l'image est moins importante qu'une vie. Se remettre en question afin de progresser, tout en se fiant à ses intuitions.

Une association à mettre en avant ?

Toutes les associations et ONG oeuvrant pour une meilleure compréhension et protection du vivant, de l'environnement comme de l'humain. Sea Shepherd, l'ASPAS, FERUS, la LPO, l'ACF, la MSF, la RSF, et tant d'autres. J'incite aux lecteurs et lectrices à se rapprocher de ces organismes.

Une suggestion pour aider à sensibiliser le grand-public ?

L'éducation et la sensibilisation à la préservation de notre environnement me semblent essentielles et ce dès le plus jeune âge. Une prise de conscience doit être faite, il est nécessaire d'échanger sur ce sujet dans les établissements scolaires, centres de loisirs, etc.

Pour conclure ?

Je tiens à remercier l'équipe de Faune Sauvage pour son invitation et plus particulièrement Philippe Guerlet pour la proposition de cette interview.

Je pense qu'il faut vivre plus sereinement et en harmonie avec la nature. Continuer à défendre les valeurs de l'Homme et de la vie sous toutes ses formes.

J'aimerais évoquer une phrase de Laurent Ballesta prononcée suite à la démission de Nicolas Hulot : "Il n’y a aucune raison d’être optimiste, mais il n’y aucun intérêt à être pessimiste."

Il n’y a pas de petits engagements, chaque geste du quotidien compte.

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Expositions

Je prévois de monter ma toute première exposition photo cette année qui aura pour thème les grands échassiers d'Aquitaine.

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