Photographes animaliers

Dylan BOUCHET

Photographe amateur, je suis né en 1990 en Isère (38) , aux abords du parc naturel régional de la Chartreuse. Depuis mes premiers pas, la nature a toujours été pour moi une vraie source d’inspiration. Je me contentais dans un premier temps de regarder, d’observer mon environnement et de découvrir à travers mon regard d’enfant toute sa diversité. Puis, petit à petit, j’ai commencé à chercher des indices de présence de la faune et ai tenté de les immortaliser avec des techniques parfois assez rudimentaires telles que le moulage d’empreintes.

Mon objectif ?

Tenter d’apprivoiser cette nature sauvage tout en restant respectueux de son indomptabilité.

Dans cette optique d’approfondir mes connaissances et d’améliorer mes méthodes d’observation, je me suis mis à la photographie.

J’ai enfin pu allier ma passion naturaliste avec l’amour de la technique.

Depuis peu, je m’essaye également de plus en plus à la photographie de paysage et réalise des reportages animaliers dès que je traîne mes guêtres sur des pistes plus exotiques que d’ordinaire.

Mon but, est de faire connaître la nature à ceux qui ne la connaissent pas ou pas assez, faire en sorte que certains “mal-aimés” soient au moins acceptés et je lutte constamment pour une plus grande éthique dans le milieu de la photographie animalière.

Entre déranger un animal pour une superbe photo ou voir un animal serein et paisible sans pouvoir faire de photo, je préfère de très loin ne pas faire la photo et profiter de l’instant présent ...

Entretien avec...

Votre rapport avec la faune

Quel parcours jusqu'à l'animal sauvage et la photographie ?

Depuis aussi longtemps que peuvent remonter mes souvenirs, j’ai toujours été passionné par le vivant, voir même le un peu moins vivant, quand j’étais plus jeune j’ai longtemps voulu devenir paléontologue.
Mes parents ne me voyait pas très souvent à la maison, dés que je revenais de l’école je jetais mon sac et filait dans la nature, cherchait des empreintes, des squelettes, ou n’importe quelles autres traces du passage d’animaux, et j’observais énormément tout ce qui passait sous mes yeux et mes jumelles.
Quand je n’étais pas dehors, j’étais soit devant la télé pour regarder “c’est pas sorcier”, où j’ai appris beaucoup de choses avec Jamy et Fred, soit je décortiqué toutes les encyclopédies et autres livres que j’avais et je me faisais des exposés “perso” sur différents sujets, j’ai commencé à accumuler beaucoup de connaissances, très tôt.
Ensuite, en grandissant, l’observation de la faune n’était plus une activité suffisante, il me fallait un outil pour approfondir tout ça et pouvoir le partager avec ceux que ça pouvait intéresser, et c’est là que la photographie est arrivée, au Noël de mes 14 ans.
Ensuite est arrivé une longue période d’apprentissage, j’ai énormément appris sur le forum BeneluxNaturePhoto, avec des rencontres très marquantes aussi.

Un maître à penser ? 

Depuis que j’ai commencé la photographie, je ne vais pas être particulièrement original mais, le maître incontesté sur lequel j’ai calqué mes valeurs n’est autre que Vincent Munier.
En dehors de la photo j’ai toujours été hypnotisé par les paroles de Hubert Reeves.
Mais au-delà de ce “maître spirituel” j’ai été énormément influencé par des photographes qui m’ont beaucoup appris, comme André Maurer, Serge Hanzi, Olivier Seydoux, Eric Médard, …

Une œuvre marquante ?

Pas vraiment une œuvre à proprement parler, mais plutôt un ensemble d'œuvres, c’est ma toute première visite au festival de Montier-en-der en 2005, qui était notamment parrainé par Hubert Reeves justement.
J’en ai littéralement pris plein les yeux, c’est là que je me suis dis, que je ferais tout pour un jour exposer ici, parmi les meilleurs !

Une belle rencontre / émotion avec la faune  ?

Elles sont nombreuses, mais je pense que la plus belle émotion que j’ai eu, c’était au brame du cerf, mon affût était placé dans le trou d’un arbre déraciné, ça faisait 2 jours que j’étais sur place sans rien voir, et là j’ai commencé à entendre des branches craquer dans la forêt derrière moi, puis quelques raires à quelques dizaines de mètres dans mon dos, sur la gauche, je ne pouvais rien voir.
Puis quelques secondes après j’entends les mêmes bruits, encore derrière moi mais sur la droite, et pareil, je ne vois rien derrière moi, la souche de l’arbre couchée étant assez grosse, …
Les raires se rapprochent de plus en plus, je ne bouge pas, je sais que mon affût est très bien fait et qu’on ne me verra pas …
C’est là qu’ils sont apparus, au même instant, chacun d’un côté de mon affût, à moins de 3 mètres, 2 beaux mâles, dans la force de l’âge, ils font une pause de quelques secondes avant d’entrer dans la clairière.
Les voilà en train d’entrer en scène, ces deux magnifiques animaux entrent en scène juste devant moi, comme si j’étais le metteur en scène, l’émotion était palpable pour moi, c’est pour ce genre de moments que j’aime autant la nature, les moments où on profite de vraies scènes de vies sans être repéré et encore plus, sans déranger la nature.
Finalement, la scène à dû durer une quinzaine de minutes avant que je ne me décide à faire quelques photos, quand ils étaient à une bonne trentaine de mètres, parce que je ne voulais surtout pas les déranger avec le bruit du déclenchement.
Ma première rencontre avec les gypaètes a aussi été un moment rempli d'émotions …

Si j'étais un animal sauvage ? 

Dans mes rêves … un grizzly !
Pour les gens qui me connaissent … un sanglier.
Pour suivre une certaine logique par rapport à ma personne … je dirais un glouton ! (solitaire, préfère voir le moins de congénères possible, à ne surtout pas emmerder, …)

Un animal disparu qui reviendrait ?

Andrewsarchus mongoliensis parce que ça serait vraiment ultra fun de savoir qu’un ongulé carnivore de la taille d’un grand rhinocéros et du poids d’un cheval de trait vivrait encore sur Terre :)

Un animal fantastique qui existerait ?

L'hippogriffe :)

Photographie animalière

Votre photo à laquelle vous tenez particulièrement ?

Hummm difficile comme choix, je suis rarement satisfait de mes photos …
Disons que j’aime particulièrement, une photo de bouquetin en noir et blanc, un jeune individu couché en haut d’un promontoir enneigé où la neige combinée aux couches de roches bien parralèles donne un effet “milles-feuilles” en dentelle que j’aime beaucoup, ce n’est pas une photo qui a beaucoup plus quand je l’avais partagée, mais c’est souvent le cas quand j’apprécie une photo, c’est qu’elle est un peu particulière.

La photo animalière d’un confrère que vous auriez aimé prendre ?

Une photo de renard polaire couché et endormi dans la neige, faites par mon ami Yannick Lenoir, la photo est aussi géniale que le photographe.

Et la technique : frein ou atout ?

FREIN !
Non, plus sérieusement, les 2 !
Je n’aime pas la technique, je suis plutôt du genre instinctif, et je garde mon matos longtemps donc je le connais bien, et en voyant la scène je sais comment je dois me régler, et malgré que je sois en tout manuel dans mes réglages, je ne chercherais jamais à essayer des réglages trop pointus.
On ne me verra jamais faire de calibrage de la balance des blancs au début de ma “séance”, ni faire de la double exposition, …
L’utilisation du flash, j’évite au maximum, déjà parce que ça me gonfle, c’est encombrant et chiant à trimballer et surtout parce que ce n’est pas très éthique de mettre un coup de flash dans la gueule d’un animal qui n’a rien demandé.
Si j’en avais vraiment besoin, j’utiliserais des petites lampes que je placerais comme ça m'arrangerait et ça serait moins agressif.
Mais la technique, et le matériel entre-autre permettent de faire des choses qu’on ne pourrait pas faire dans d’autres cas …
Les nouveaux boîtiers permettent des montées en iso dont on aurait même pas rêvé il y a 10 ans, les objectifs aussi progressent techniquement avec la stabilisation et des autofocus ultra performant.
Sans parler de l’hybride … où concrètement, pour rater (techniquement) une photo il faut le faire exprès, et encore …
Je fais partie des personnes qui ne sont pas vraiment d’accord avec le discours habituel des photographes qui disent que “le matériel n’a pas d’importance” …
Essayez de faire une photo de chouette chevêchette à 6h du matin dans la pénombre des résineux de montagne avec un nikon D50 et un 55-200 f5.6-6.3 non stabilisé …
Après certes, le regard du photographe, savoir composer son image , … ça c’est autre chose, mais là on parle de technique !

Votre « terrain de jeu » préféré ?

Je baroude pas mal, mais là où je passe le plus de temps est certainement dans le parc naturel régional de Chartreuse, proche de chez moi (Isère).

Le voyage à faire absolument avant que le rideau de l’obturateur ne se ferme définitivement ?

L’Ouganda !

Beaucoup de rêves à réaliser là-bas, avec notamment des espèces de reptiles incroyables, et une rencontre avec les gorilles de Montagne.

Des conseils ? 

Mettez votre égo de côté et acceptez la critique (constructive) !
C’est en se faisant “déglinguer” nos photos qu’on apprend à s’améliorer.
Il vaut mieux avoir 1 commentaire d’un photographe reconnu qui vous dira tout ce qui est nul sur votre photo, que 1000 commentaires de vos amis, parents, frères, soeurs, grands-parents qui n’y connaissent rien et qui seront subjugué même si vous feriez une photo flou en plongée et en contre-jour d’un merle dans une grotte …
Et le plus important, apprenez d’abord à connaître vos sujets avant d’aller sur le terrain, il FAUT connaître parfaitement les mœurs de votre sujet, si vous voulez être sûr de ne pas déranger, arrivez sur le terrain avant le sujet, et ne repartez qu’après lui.

 

Biodiversité

Des urgences ? 

Par où commencer ? …
Je suis un grand pessimiste, pour moi c’est trop tard pour tout et la population de bipèdes n’est pas prête à changer …
Je ne pourrais même pas commencer à citer des exemples de choses qui ne vont pas et qu’il faudrait changer tellement qu’il y en a …
Pour ma part, et à mon petit niveau, je m'investis surtout contre la chasse (et donc le braconnage), contre les destructions de haies naturelles, pour la pédagogie sur les espèces mal-aimées (reptiles, insectes, ..) …

Une association de protection à mettre en avant ?

La Société Herpétologique Française !
Il y a énormément d’associations que j’aimerais mettre en avant, mais tout le monde les met déjà en avant donc autant parler des moins connues.
La SHF, comme son nom l’indique, travaille sur l’herpétofaune française (reptiles/amphibiens), c’est notamment elle qui a réussi à intégrer les vipères aspics et péliades dans la liste des reptiles intégralement protégés en France en février 2021.
Et elle travaille sur tous les fronts pour lutter contre les espèces invasives, lutter contre la destruction d’habitats, et surtout pour protéger et améliorer nos connaissances sur les reptiles et amphibiens du pays.

Une suggestion pour sensibiliser le grand-public ?

N’écoutez pas les discussions de bistrots, investissez un peu de votre temps en tant que bénévoles dans des associations d’intérêt général comme les associations de protection de l’environnement, vous apprendrez beaucoup de choses fiables et rencontrerez des gens bien plus intéressants ;)

Plutôt optimiste ou pessimiste pour la suite ?

Pessimiste …

 

Pour conclure ?


Merci beaucoup de m’avoir permis de partager ma vision du monde et du milieu de la photographie de nature.

Merci aussi de me permettre de me retrouver au milieu de tous ces talentueux photographes !

Distinctions & Parutions

Expositions

Festiv’Art Photo​ à ​ Montbéliard (25),
Les Rencontres de la Photo de Chabeuil ​(26),
Lorraine Photo Nature ​à ​Saint-Avold​ (57),
Festival Nature Ain ​à ​Hauteville-Lompnes (01),
Festival Phot’Aubrac ​à​ Nasbinals (48), ​
Exposition annuelle du collectif Passion-Photo-38 ​à ​Renage et Rives (38),

24ème Festival International de la Photo Animalière et de Nature de Montier-en-Der​ (51-52).

Un article diffusé dans Nat’image (N°62) sur la photographie de reptiles.

 

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