Je suis née à Sarlat dans le Périgord. Mes parents choisissent de vivre dans un petit hameau perdu en pleine campagne, sur les terres de mes ancêtres où mon grand-père est maire du village lorsque j’ai 5 ans. Je revois ma mère, faire des photos avec un Kodak Brownie Flash. Je lui emprunte régulièrement. Je rêve en ouvrant mes livres de géographie.
A Toulouse durant mes années d’études universitaires, je prends des cours particuliers de photographie avec Monsieur Mathorel. J’achète mon premier Canon, l’AE1. Mon premier stage de documentaliste-iconographe est à Atlas Photo, une agence parisienne de photo généraliste. Mon premier emploi est dans une agence de presse photo, l’agence Rush.
Mon premier grand voyage découverte faune/flore exotiques se fait en 1982 en Guyane Française. Je dors dans des hamacs, dans les carbets, j’entends les singes hurleurs ; sur les plages, les tortues viennent pondre. Je pars voir les caïmans de nuit, le morpho en vol est magnifique. Je rencontre les indiens près du fleuve Maroni.
Je n’ai qu’une envie découvrir le monde, les grands espaces, les animaux mais aussi les tribus les plus reculées. Je reste longtemps en argentique avec de nombreux boitiers Nikon FE2 et le FM3. Je prends une année sabbatique qui durera 2 ans et demie. Je prends du temps pour être avec les gens que j’aime.
Je commence à parcourir le monde avec ceux qui comptent et qui veulent bien. Je pars en reportage pour construire une école avec de jeunes étudiants de Floirac chez les intouchables du Kerala en Inde. J’accompagne bénévolement de nombreux voyages avec Nouvelles Frontières.
Frustrée de ne pas assez prendre le temps de m’arrêter à certains endroits purement magiques, je rejoins l’équipe d’Objectif Nature où j’accompagne toujours bénévolement des voyages photos nature et animalier. Je suis la première nana à rejoindre l’équipe. Ces voyages à thème sont essentiels, les gens ont les mêmes passions, nous pouvons rester des heures autour d’un léopard, un tigre, attendre une scène de chasse, observer un coucher de soleil. Les voyages sont conçus pour. Je donne tous les conseils nécessaires pour rentrer avec un bon petit reportage sur le voyage. Nous sommes en symbiose avec le groupe et avec la nature parce que nous avons les mêmes attentes, les mêmes passions.
Je prends la responsabilité du service photo de Terre Sauvage en 1999. Je suis comme un poisson dans l’eau. Je reçois les photographes, je côtoie les plus grands. Je me nourris de leurs photos. J’aime aussi l’idée d’être découvreur de jeune talent. Je décide d’aller à Montier en Der avec le magazine. Rémy Michel, le rédacteur en chef me dit que je suis l’œil du magazine, il me fait une totale confiance. J’ai carte blanche. Je pars acheter des reportages à l’étranger, Etats Unis, Allemagne, mais je mets en avant surtout les photographes européens…
Ce sont de grands moments, que j’aime partager avec les photographes, la rédaction, les lecteurs. Je mesure ma chance. Terre Sauvage part dans les Alpes, au Bourget du Lac, je reste à Paris. Je redeviens freelance. Humblement je continue mes photos. En 2006, je passe en numérique pour parler le même langage avec les clients Objectif Nature. C’est Raphaël chez Canon qui me donne quelques cours, je reviens à mes anciennes amours, je passe de nouveau chez Canon.
Je photographie plutôt l’animal dans son biotope, je me démarque du pur photographe animalier, qui a tendance à zoomer un max sur le détail, l’animal. Je tiens toujours compte de l’environnement de l’animal. Je pratique également la photo de paysage, et des portraits de gens dans leur milieu naturel. Lorsque je vais dans une région, un pays, je photographie la vie animale, humaine, végétale.
J’ai une déontologie, je ne publie pas mes propres photos dans les magazines pour lesquels je collabore. Je mets en avant les photographes qui essaient de vivre de la photo. Car mon autre métier est rédactrice photo, j’achète les photos des autres ! Il m’arrive de travailler pour la presse, l’édition, m’occuper de l’iconographie d’un livre, ou du choix photo pour des expositions. En fait j’achète des photos (mon principal métier) pour pouvoir partir en faire ! Je vends quelques photos pour des livres, illustrer quelques articles, un reportage, mais depuis quelques temps les prix ont tellement baissés qu’ils ne compensent jamais l’énergie, les frais et le temps passé.
En plus de mes voyages professionnels, je pars au moins une fois par an, avec ma famille dans un voyage nature toujours pour découvrir le monde, car à mes yeux, cela fait partie de l’éducation, et ce partage là n’a pas de prix !
Ghislaine Bras