Photographes animaliers

James CHEVREUIL

Quels sont vos maîtres à penser, vos références culturelles ? Je n’ai pas vraiment de maître à penser, ou alors plusieurs. Quant aux photographes que j’admire, en photo sous-marine, Thomas Peschak d’Afrique du Sud et l’anglais Alex Mustard sont des très grands.

Dans un autre domaine, Jonathan Lhoir m’a appris à voir « différemment » et à construire mes photos en fonction de l’effet que je désirais obtenir et ne plus me contenter de saisir seulement un instant privilégié. C’est toute la différence qui existe entre une photo artistique et un instantané de reportage.

La vie, les films et les photos de Dereck & Beverly Joubert, qui ont vécu plus de 20 ans au Botswana au plus près des fauves et qui font beaucoup pour leur protection, me passionnent. Ils sont peu connus des européens bien qu’ils aient obtenu de nombreux prix pour leur œuvre.

Pourquoi l’animal sauvage ? L’amour de la nature et des animaux sauvages, l’observation de leurs comportements, souvent étonnants. Leur beauté naturelle et cette impression parfois d’être accepté même par les plus mal aimés jouissant d’une mauvaise (mais fausse) réputation, je pense aux requins. C’est un grand privilège de vivre ces moments de voisinage, voire d’intimité avec les  animaux en s’invitant dans leur biotope.

 Afrique du Sud 

Si vous en étiez un ? Sans doute une otarie. Elles semblent toujours heureuses, curieuses, joueuses et ont peu de prédateurs, mise à part le grand requin blanc, mais heureusement pour elles, il n’y en a pas partout.

 Californie

La ou les plus belles rencontres de vie sauvage ? Plonger avec  les grands mammifères marins tels que baleines ou cachalots est inoubliable. Ils sont immenses mais vous évitent avec grâce si vous êtes sur leur chemin alors qu’ils pourraient vous écraser, mais ça c’est un sentiment humain.

 Afrique du sud

Une rencontre inattendue un jour avec un éléphant de mer en Mer de Cortez au Mexique. Il était isolé de son groupe et m’a pris par la taille entre ses nageoires. La première seconde de frayeur passée devant sa tête, gueule ouverte sur des dents impressionnantes, j’ai compris qu’il ne me voulait pas de mal et nous avons « dansé » un bon quart d’heure. Je lui caressais le cou, tout en éloignant sa tête de mon visage pour éviter toute familiarité. J’étais enlacé et heureux et je me suis laissé entraîné par lui jusqu’à ce qu’il se lasse devant l’insuccès de ses avances.

Votre lieu de nature préféré ? Malheureusement, le fait de retourner régulièrement dans un endroit permet aussi d’en juger la dégradation au fil des années. Deux exemples :

-Les Lamantins de Crystal River en Floride sont de plus en plus harcelés par les touristes et « l’aménagement » de leur habitat ne permet plus vraiment de faire des rencontres tranquilles et inoubliables avec ces adorables boules de tendresse ou des photos qui n’incluent pas un dizaine de touristes en arrière plan.

 Floride

-La savane de Masai-Mara au Kenya est de plus en plus détruite par l’homme et l’empoisonnement récent de plusieurs lions, le braconnage et les trop nombreux troupeaux de vaches qui y paissent illégalement font craindre un avenir très sombre à ce paradis dans quelques années.

Icône de Masaï-Mara, le lion le Scarface est le chef de la bande des marais dont l’équivalent femelle vient de se faire empoisonner par des bergers Masaï (voir le site Facebook carré à cette occasion : ici)

Le lieu mythique où vous rêvez d’aller ? Je n’ai toujours pas rendu visite aux Gorilles. C’est un rêve que j’espère réaliser prochainement.

(photo Dynosoria.com)

L’œuvre qui vous semble illustrer le mieux votre parcours ? Je suis bien incapable de répondre à cette question.

Quel matériel utilisez-vous ? Matériel NIKON, D4 et D800 pour les boitiers ; Objectifs NIKON:18-24mm, 24-70mm, 80-400mm & 500mm; Caisson SEACAM, Boitier D800 et obj. NIKON 16mm, Deux flash INON Z-240 pour la photo sous-marine.

Et quelles sont vos techniques de rencontre avec l’animal sauvage ? Je ne parlerai que de la technique d’approche en photo sous-marine. Il faut retenir 2 choses dans ce domaine :

* Plus on est proche de l’animal, moins il y a de particules en suspension dans l’eau entre lui et l’appareil.

* Deuxième raison d’être très proche de l’animal: on utilise un très grand angle. En général de 10 à 17mm.

La meilleure technique d’approche dans ces cas là est de ne pas bouger. Inutile de se cacher, vous avez été repéré dès que vous avez mis vos palmes dans l’eau. Tous les poissons et les mammifères marins sont curieux, ce sont eux qui viendront vers vous.

Un conseil au débutant dans votre activité ? Comme pour beaucoup d’activités. La passion, la curiosité et la patiente au début, puis acquérir l’expérience en ratant beaucoup de photos. Le développement du numérique et des techniques, les nombreux festivals nous permettent aujourd’hui de voir des centaines de très belles photos chaque jour et de rencontrer des confrères. Il faut s’en inspirer et prendre conseil dès qu’on le peut, consulter les revues et les sites spécialisés. Si la photo animalière est souvent une activité de solitaire, il ne faut pas hésiter à partager ensuite son expérience et ses photos.

Un animal disparu revient, lequel (même un animal fantastique) ? La Rhytine de Steller, lamantin géant découvert près du détroit de Béring en 1741. Sa gentillesse et son imprudence lui a été fatale. Elle fut chassée et exterminée par les marins en moins de 30 ans.

Pas besoin d’imaginer un animal fantastique, il y en a tellement qui le sont, notammen t dans le domaine des insectes.

Une initiative prise ou à prendre en faveur de la faune sauvage ? Ne pas hésiter à aider les associations sérieuses qui défendent la faune sauvage.

Une association qui vous tient à cœur ? J’en citerais deux :

-Sea Shepherd. Tout le monde connaît le courageux capitaine Paul Watson qui risque sa vie pour défendre la faune marine contre les chasses illégales des baleines et des requins qui se feraient, sans lui, dans la plus grande discrétion.

-Cheetah For Ever, une toute nouvelle association créée à l’initiative de Tony Crocetta ayant pour but de surveiller et protéger les jeunes guépards de Masaï-Mara (Kenya) jour et nuit contre leurs prédateurs.

Une urgence pour la faune sauvage ? Instruire, montrer, faire découvrir et aimer la nature qui nous entoure au plus grand nombre possible et rapidement car malheureusement l’homme se reproduit plus vite qu’il ne s’instruit.

Pour conclure, vous disparaissez ce soir, quel dernier message ? Si vous aimez et respectez la nature, elle vous le rendra au centuple.

Médaille d’or photo nature papier, Coupe de France de la FPF 2010

3 Médailles d’or - 2010-2012-213 -, Trierenberg (Autriche) super circuit

- Sélectionné à Montier en Der 2005. Photos sous-marines

- Ménigoute 2015. Exposition commune avec Jacques Gillon et Fabrice Simon.

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