Photographes animaliers

Jessy HOFFMANN

Pourquoi avoir choisi l'animal sauvage comme thème privilégié ?
J’ai toujours été passionnée par les animaux depuis ma plus tendre enfance, ayant grandi en HLM, ma maman a fait de son possible pour que je sois le plus dehors possible.

On passait notre temps libre dans les parcs, à visiter des fermes, centre équestre et zoo. J’ai également grandi avec un chat et pour la petite anecdote, mon premier mot a d’ailleurs été “chat”.

Le fait de grandir avec les animaux m’a guidé de manière naturelle vers la faune sauvage comme thème privilégié dans ma
photographie.

Un élément déclencheur ou un maître à penser ?
Un des éléments déclencheurs qui a marqué à jamais ma carrière de photographe animalière est le film “Gorilles dans la brume” qui retrace la vie et le combat de la femme extraordinaire qu’a été Diane Fossey.

Je pense que j’ai dû le visionner quand j’avais environ 10 ans et dès cet instant les gorilles des montagnes ont volé mon
coeur. C’est 11 ans plus tard que j’ai réalisé ce qui été devenu mon plus grand rêve : les rencontrer dans leur environnement naturel.

Une belle émotion ou rencontre avec la faune ?
Je vais me répéter beaucoup ahah mais je n’oublierais jamais les moments que j’ai passé avec les gorilles des montagnes. Evidemment j’ai eu d’autres belles rencontres avec la faune africaine, mais si je ne devais n’en choisir qu’une, c’est l’émotion
ressentie lorsque je passe 1h imprégnée dans la forêt tropicale en compagnie des gorilles.

Un lieu mythique ?
J’ai une bucket list assez longue de pays que je rêve de visiter, mais si je ne devais en choisir qu’un seul autour de la nature et de la faune, je dirais la Zambie. Je rêve de fouler les territoires des léopards, une de mes autres espèces de prédilection.

Votre animal de prédilection ? Celui après lequel vous courrez ?
Sans grande surprise : le gorille des montagnes.

Je ne pourrai jamais expliquer le pourquoi du comment, ou encore décrire ce que je ressens en leur présence. Mais même si je n’ai que 25 ans et que je viens de débuter dans ce milieu, je sais déjà que ma carrière de photographe animalière leur
sera entièrement dédiée, du début à la fin.

Votre photo à laquelle vous tenez particulièrement ?
Il s’agit d’une de mes dernière photographie de gorille qui s'intitule “Through the eye”,

J’y tiens particulièrement pour deux raisons. Premièrement c’est une des photos dont je suis le plus fière en terme de réalisation et de l’émotion qu’elle peut dégager.
Et secondement pour l’histoire qu’il y a derrière, j’étais concentrée en train de photographier un des plus jeunes membres du groupe puis j’ai fini par poser mon appareil pour profiter du moment présent. C’est alors que j’ai remarqué que ce gorille m’observait depuis quelques instants, caché dans les fougères en contre bas.
Je me suis permis d’échanger un court regard avec lui avant d’immortaliser cela en photo. Il a fini par fermer les yeux et s’endormir paisiblement. J’ai eu la sensation d’avoir été acceptée dans leur groupe le temps d’un instant.

La photo animalière d’un confrère que vous auriez aimé prendre ?
Je ne pourrais pas en citer une en particulier, mais j’ai beaucoup d'admiration pourTony Crocetta et Mathieu Coureuses, ce sont mes deux sources d’inspirations.

Et la technique : frein ou atout ?
J’ai appris la photographie de manière autodidacte, sans vraiment prendre de cours de photo mais principalement en testant et en jouant avec mon appareil photo. En toute honnêteté, je ne maitrise pas tout les réglages et les détails techniques de mon
appareil photo. Je pense que oui, connaître les bases tecnhiques de son appareil et de la photographie dans laquelle on souhaite évoluer est quelque chose de nécessaire.

Mais je ne pense pas que connaître les moindres petits détails soit forcément nécessaire, l’apprentissage se fait également par la pratique et les années d’expériences.

Je suis plus tournée sur la photographie qui raconte une histoire, fait éprouver des émotions, que par la photographie 100% technique. Je ne sais pas si ça répond vraiment à la question 😅

Votre « terrain de jeu » préféré ?
De manière générale, la faune africaine est mon sujet préféré donc tout les environnements de types savanes sont des terrains de jeux que j’adore. Mais plus je pratique et plus je me rends compte que mon terrain de jeu préféré sont les environnements verts et sombres, donc tout ce qui est forêts, notamment les forêts tropicales qu’on peut retrouver en Ouganda ou encore les jungles indiennes.

Cela peut paraître paradoxal, mais la saison des pluies est la période que je préfère, lorsque tout est vert et que la vie reprend son cours.

Le voyage à faire absolument avant que le rideau de l’obturateur ne se ferme définitivement ?
Il y en a tellement... 😅 Je dirais le Rwanda, pour retracer les pas de Diane Fossey et lui rendre hommage une dernière fois.

Des conseils ? 

Je ne donnerai pas de conseils techniques, parce que la technique peut s’apprendre par bien des manières différentes et ne définit pas, selon moi, la photographie.
N’abandonnez jamais, si vous sentez que c’est ce que vous voulez faire, si ça vous prend par les tripes, si le temps s’arrête face à une rencontre animalière, alors foncez. Ça ne va pas être facile, beaucoup de gens vont vous dissuader, vous allez
bien souvent vous sentir seul et peut-être démunie, mais il n’y a rien de plus beau que d’arriver à sensibiliser un public, à lui procurer des émotions grâce à vos photographies.

Le pire des dangers pour la vie sauvage ? 
L’homme.

L’homme est à l’origine des problèmes de climat, de déforestation, de pollution, de braconnage et d’encore bien d’autres choses. Il y a tout un travail de sensibilisation et d’éducation à faire, et qui est entrain d’être mise en place par un certain public et notamment la nouvelle génération.

Une suggestion pour aider à sensibiliser le grand-public ?
Je suis convaincue que pour défendre quelque chose, il faut soit le comprendre, soit l’avoir vécu soi même. En tant que photographes animaliers de la faune sauvage, je pense que nous avons un rôle important à jouer dans la conservation de celle-ci.
Utiliser la photographie pour mettre en avant des espèces, ou des enjeux, en les exposant, en allant à la rencontre du grand public. Echanger avec le public, luiexpliquer, lui montrer et si possible même lui faire vivre des expériences, cela sera
déjà un grand pas de fait.

Plutôt optimiste ou pessimiste pour l’avenir ?
J’ai envie de dire optimiste, cela peut peut-être paraître idéaliste mais je pense que orsque qu’on dégage des énergies positives, on ne peut que attirer du positif.

Pour conclure
J’espère qu’à travers mes photographies j’arriverais à semer des petites graines dans les esprits de chacun pour contribuer à la conservation de notre environnement et particulièrement de la faune sauvage. Je pense que nous pouvons tous participer, à
notre échelle, à cette quête d’un équilibre entre l’homme et la nature, et qu’il est important de garder cela en tête.
Aucun concours ou prix ne vaut le regard d’une personne émue devant l’une de vos photographies, c’est à ce moment que vous savez que vous avez réussi votre travail.

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