Tout petit déjà, j’étais attiré par les animaux dont la morphologie et les comportements surprenants suscitaient mon admiration et ma curiosité. Les cités Myrmécéennes ont été les premiers témoins de cette fascination mais aussi, je dois l’avouer aujourd’hui, les premières victimes de ma soif de connaissance. En observant longuement les fourmis, j’ai appris beaucoup sur l’organisation complexe de la fourmilière, modèle réduit parfois de notre société. Je suis resté de longues heures couché au sol à en scruter l’effervescence, à tenter de déchiffrer ses modes de communication, à percer les secrets de son architecture en éprouvant au passage son système de défense élaboré. Les trophallaxies, les pistes de phéromones, la hiérarchie interne, mais aussi les missions de chaque caste demeuraient pour moi un mystère.
Quand l’occasion se représente aujourd’hui, il m’arrive encore de m’attarder sur ce petit peuple qui fait invariablement ressurgir mon âme d’enfant, l’insouciance en moins, la sagesse en plus. Mon admiration demeure intacte face au courage et la détermination de ces minuscules soldats stratèges, luttant contre mon doigt envahisseur avec abnégation dans un but ultime, protéger la reine et ainsi, perpétrer l’espèce.
Je pense que c’est de ce terreau formique si j’ose dire, qu’est née ma passion pour le monde du vivant.
Quelques années plus tard, vers l’adolescence, j’ai abordé de façon superficielle la photographie mais par manque de temps et de moyens, j’ai abandonné cette dernière au profit d’autres activités. Acheter et développer des films représentaient un budget significatif que je n’avais pas à l’époque. Il y a dix ans environ, en Corse, j’ai renoué avec celle qui m’a toujours attirée et que je n’ai jamais vraiment quittée. Progressivement, je suis revenu avec la volonté d’approfondir mes connaissances, de satisfaire ma curiosité "Naturelle". Pour cela, j’ai commencé par étudier l’avifaune locale. Ainsi, depuis des années, je sillonne ma région, la Champagne-Ardenne, à la recherche de tous ses hôtes illustres sans distinction, faune et flore comprise.
Afin d’optimiser mes recherches et surtout, de ne pas porter atteintes aux espèces que je rencontre, je me suis rapproché d’associations naturalistes et de personnes passionnées comme moi. A leur contact, j’ai compris que les fondements de la pratique de la photographie animalière passent par le respect du bien-être des animaux ainsi que par la protection de leur environnement direct. Par conséquent, afin de limiter mon impact sur cet équilibre fragile, j’ai entrepris d’étudier le comportement des différentes espèces dans leurs milieux. Voilà pourquoi je passe des milliers d’heures à parcourir ma région pour observer un chevreuil ou une couleuvre sans bouger de mon affût, qu’il soit terrestre ou flottant. L’éthologie est mon moteur…
Rapidement, j’ai souhaité partager mes observations grâce à la magie des images, renouant ainsi avec celle qui est devenue cette fois une véritable passion dévorante et chronophage, la photographie animalière.