Photographes animaliers

Philippe MOES

Philippe Moës est né en Afrique en 1972 (RDC). Il y développe une forte passion pour les grands espaces sauvages, avant de s’installer en Belgique, dès l’âge de 15 ans.

C’est à cette période qu’il commence à pratiquer la photographie animalière, de manière totalement autodidacte. Le chevreuil concentre alors son attention.

A 18 ans, il signe son premier contrat avec une banque d’images : Wildlife pictures. C’est le début de la diversification dans ses prises de vues.

Après des études d’agronomie et de pédagogie, il entre au Service Public de Wallonie, où il exerce toujours son métier actuellement, au sein du département de la nature et des forêts. Depuis 2003, Philippe est l’auteur – textes et photographies - de 10 ouvrages traitant de la nature d’Europe occidentale. 

Il écrit et illustre également régulièrement des articles pour divers magazines-nature, et est actif dans plusieurs associations bénévoles.

Philippe prodigue chaque été des stages d’initiation à la photographie naturaliste (pratique et éthique).

Il encadre occasionnellement des voyages photographiques en Afrique pour l’agence française « Objectif Nature ».

 

 

 

Entretien avec...

Quel cheminement personnel jusqu'à l'animal sauvage ?

Jusqu’à l’âge de 10 ans, je ne côtoyais pas les animaux et en avais plutôt peur, qu’ils soient domestiques ou sauvages… J’étais également totalement hermétique à la beauté d’un paysage. Heureusement, par la suite je me suis rattrapé ! Je m’y suis intéressé petit à petit, jusqu’à devenir un grand passionné. Des mammifères d’abord, puis des oiseaux et des insectes etc... A présent, tout l’univers du vivant m’intéresse et je suis particulièrement attiré par les grands espaces sauvages, au sens large.

Un maître à penser ?

En dehors des grands pacifistes de l’histoire, non, pas vraiment. Je suis plutôt admiratif de certaines cultures, qui vivent ou ont pu vivre en harmonie et dans un respect très poussé de la nature, comme purent l’être certaines ethnies amérindiennes par exemple, ou encore les Bushimens du Kalahari.

Une œuvre marquante ?

« La dernière harde » de Maurice Genevoix a particulièrement marqué mon adolescence et n’est sans doute pas étrangère à ma passion pour le cerf et la forêt, qui a débuté à peu près à cette période.

Un autre livre qui m’a beaucoup marqué est le roman « Comme des ombres sur la terre », de James Welshes. C’est n’est pas une œuvre qui rapproche de la nature de manière directe, mais qui m’a fait sentir à quel point des peuples, cultures et biotopes entiers pouvaient disparaître, rapidement et irrémédiablement, suite à la cupidité de certains hommes et malgré l’espoir et le courage des peuplades persécutées.

Si j'étais un animal sauvage ? 

Sachant que l’homme est quand même souvent une « sale bête », je dirais un animal n’entrant que le moins possible en contact avec lui… Okapi  peut-être ???

Une belle émotion ou rencontre avec la faune ? 

Les plus belles émotions surviennent souvent après les efforts et attentes les plus pénibles.

En ce qui me concerne, c’est particulièrement vrai pour les paysages animaliers, quand l’animal se présente enfin dans le cadre choisi et sous une lumière fantasmagorique, après avoir mis et remis tant de fois l’ouvrage sur le métier.

Un animal disparu qui reviendrait ?

Le retour du Lynx me plairait beaucoup, cela ajouterait une force indéniable au caractère mythique de la forêt ardennaise. Mais connaissant sa progression en « tache d’huile » et voyant quelle distance il lui reste à parcourir, je crois que je ne connaîtrai jamais ce retour… Le loup par contre, est à nos frontières et reviendra certainement bientôt mais là, contrairement au lynx (comparativement presque « indolore » pour les intérêts humains), cela va semer une sacrée pagaille…Grosses polémiques en perspective vu la densité de population humaine extrêmement forte dans notre petit pays.

Un animal fantastique qui existerait ?

Une baleine blindée…

La photo ou la série à laquelle vous tenez particulièrement ?

La photo présentée en vis-à-vis de l’avant-propos de mon dernier livre « Au nom du cerf » a beaucoup de valeur à mes yeux.

 

C’est un paysage animalier comme je les aime, mais au-delà du décor (unique en Belgique) et de la lumière, cette photo a aussi pour moi la saveur particulière de la récompense : pour la réaliser, se lever à 2h du matin, puis faire 100 minutes de voiture, puis 40 minutes de vélo, puis 2 heures de marche, pour arriver à pied d’œuvre au lever du jour… en espérant la brume. Bien sûr, en temps « normal », ni brume, ni animaux, ou « seulement » l’un des deux…

Spot préféré ?

J’adore l’Islande et le désert du Namib.

Un lieu mythique ?  

Il y a énormément d’endroits où j’aimerais aller, toujours des endroits très sauvages, mais pas de « spot » précis pour l’instant.

Et la technique ?

Je suis plus naturaliste photographe que photographe naturaliste. Mes défis ne sont que très rarement techniques et je ne cherche pas l’image à tout prix. Par exemple, je n’ai pas de plaisir au piégeage photographique car j’aime vivre une scène en direct ; je n’utilise pas de flash, ni de réflecteurs, ni de studio… Cela ne veut pas dire que je n’ai pas de « trucs et astuces », mais je préfère baser mes images sur le repérage et l’anticipation.

Des urgences ? 

Plein, trop, beaucoup trop… Parmi celles qui me semblent les plus urgentes à régler, je dirais l’éducation, pour marteler aux enfants du monde entier (et aux parents) l’importance du respect, tant entre humains que vis-à-vis de notre terre nourricière. C’est la base de tout –y compris de notre propre survie- . Par ailleurs, tant que l’humain cherchera le profit maximal à tout prix et non le profit optimal, les dégâts seront plus rapides que les progrès. En cela, la puissance monstrueuse -et grandissante !- des multinationales est certainement le pire cauchemar de la planète et de l’humanité.

Parmi les matières urgentes concernées, je dirais le pillage des océans (surpêche, pollution, destruction des fonds marins…), la destruction massive des forêts primaires, la généralisation de l’agriculture hyper-intensive (et la « malbouffe » qui va avec), la pollution au sens très large et avec toutes ses conséquences (dont les changements climatiques)…

Des conseils ? 

Avoir un esprit critique (positif), observer, se poser beaucoup de questions et se renseigner avant d’agir, quand on en a le temps.

Une association à mettre en avant ?

J’ai beaucoup d’admiration pour les militants de Greenpeace, pleins de courage et d’abnégation, se battant avec de petits moyens contre des géants et ne dépendant d’aucun organisme pour mener leurs combats en faveur des générations futures. Seuls les citoyens comme vous et moi peuvent les aider et il faut le faire, pour eux, pour nous, pour nos enfants et ceux qui suivront !

Pour conclure ?

Dans la vie comme dans la photo, ne pas se laisser guider par ses pulsions ou ce que font « les autres » sans se poser de questions.

Distinctions & Parutions

Distinctions

Premier prix dans diverses catégories (oiseaux, mammifères, paysages, plantes, insectes, public et grand prix). Clichés primés aux USA (International Conservation Awards), en Russie (Golden turtle awards), en Allemagne (GDT), en Italie (Asferico), en Finlande (CIC), aux Pays-Bas (Roots-Grasduinen) , en Belgique (Canon, Aves, Argus…), en France (Montier en Der, Terre sauvage, Festimages…).

Bibliographie :

Instants fragiles, Editions Eole, Ortho, 2003 (épuisé)

Ardenne, de sève et de sang, Editions Racine, 2006 et 2007 (épuisé)

La photographie en forêt. Pratique. Ethique, Editions terre d'images, Vivonne, 2008

Vie sauvage, Editions Weyrich, Neufchateau, 2009 (épuisé)

De perles et de feu, Editions du Perron, 2010

Sous l'aile du temps, avec Fabrice Cahez, Editions du Perron, 2011

Cheval vapeur, travail équestre en forêt, Editions Weyrich, 2013

Au nom du Cerf, co auteur Gérard Jadoul, Editions du Perron, 2015

Expositions

EN LIEN AVEC LE SUJET

LIVRE (S) EN LIEN AVEC LE SUJET :

En rapport avec :

cerf, Ardennes

Pages personnelles

Instagram :