La nature jurassienne a nourri mes rêves, chassé les nuages qui obscurcissent parfois le cours d’une existence, entretenu ma capacité d’émerveillement, aiguisé mon amour de la vie sous toutes ses formes, éveillé ma conscience d’homme face aux fossoyeurs du monde sauvage. Mes parents et la nature ont été les deux piliers qui m’ont aidé à grandir.
Le jour de ma première communion, je filais à la cloche de bois, abandonnant famille et amis pour rejoindre la rivière en aube blanche. Au seuil de mon adolescence, je vivais déjà un amour fusionnel avec le Dessoubre, «ma» rivière, ma vallée, ma muse.
C’est en la parcourant sur un radeau de fortune que j’ai fait connaissance avec les habitants à nageoires du Dessoubre. Les populations d’ombres et de truites y étaient pléthoriques, un véritable aquarium. Les choses ont bien changé. D’un aquarium, on est passé, en trente ans, à un cimetière. Les pollutions ont réduit à néant ce que la nature avait mis des siècles à construire dans sa plénitude.
C’est en arpentant la vallée du Dessoubre que j’ai succombé à l’émotion-nature. Ma passion immodérée pour le chamois de la vallée du Dessoubre est à l’origine de ma vocation de photographe animalier.
Le Jura est ma terre de prédilection. C’est là, plus que nulle part ailleurs, que j’ai plaisir à suivre les pas du lynx, à respirer le parfum enivrant d’une orchidée sauvage, à admirer les acrobaties du grand corbeau ou encore à rêver devant une falaise sculptée par l’érosion. La montagne jurassienne représente à mes yeux une planète à part entière, même si elle n’est qu’un confetti sur la carte du monde.
Mon métier de journaliste m’a offert l’opportunité de dévoiler et de partager les trésors naturels du Jura sauvage, mais également d’éveiller les consciences à l’impérieuse exigence de le préserver et de le défendre