Photographes animaliers

Thierry Ruf, la nature sans faux-semblant

Nous avons croisé Thierry Ruf sur Instagram, échangé quelques photos, et surtout des propos sur les grands prédateurs dont il se préoccupe particulièrement à travers ses activités militantes avec l'ASPAS et FERUS.

A force d'échanger nous avons souhaité en savoir davantage sur ce photographe engagé dont la passion pour la nature se reseent dans chacun de ses clichés.

Rencontre

Attention : photos non libres de droit!

Entretien avec...

Quel est votre parcours de vie? Je suis né en 1957 à Lyon. Ma mère, femme au foyer, fille d’immigrés polonais suite à l’invasion de la Pologne par la Russie. Mon père, ouvrier chez Berliet (maintenant RVI), fils de paysan. Je vis en couple, ai une fille de 29 ans créatrice artistique et un beau-fils géomètre. J’ai deux frères, plus jeunes que moi.

Je vis, et ai toujours vécu à la campagne. avec chevaux, chiens, chats et tous les animaux sauvages de nos campagnes françaises alentour.

J’ai toujours préféré courir les bois, la nature, plutôt qu’être à l’intérieur. Campagnard, Je suis aussi paradoxalement attiré par et aime la mer. Sans oublier la montagne. Mon attirance pour les milieux naturels et sauvages, surtout la mer, m’a amené à la plongée sous-marine. J’y es été moniteur et responsable d’un centre de plongée dans le sud de la France, où j’ai connu François SARANO, membre et scientifique de l’équipe du commandant COUSTEAU. De fil en aiguille mon rêve d’intégré l’équipe COUSTEAU s’est réalisé. Je suis parti en mission en Afrique du Sud à bord d’Alcyone. La perte du commandant COUSTEAU, fin 1995 à mis fin à cette formidable expérience.

Aujourd’hui retraité d’une collectivité territoriale au sein de laquelle pendant 25 ans j’ai été, entre autre, responsable de son patrimoine (établissements recevant du public, centre aquatique, petite enfance, bibliothèques, salle multi-sports, parc de véhicules…), mais avec laquelle j’ai aussi travaillé dans le social (accompagnement d’allocataires du RMI sur le volet emploi et formation), je suis conseiller municipal d’une commune rurale de 900 habitants. Je suis aussi adhérent d’associations de protection de la nature, plus particulièrement actif et engagé auprès de l’ASPAS,dont maintenant je fais partie du Conseil d4administration, surtout au travers de Vercors Vie Sauvage (ancien parc de chasse de Valfanjouse), mais aussi de ses autres, existants et à venir, espaces destinés à la libre évolution. Passionné par le loup, je participe aussi pour l’ASPAS (avec le Groupe National Loup) à sa défense, conjointement et en collaboration avec les autres ONG (FNE, LPO, WWF, Férus, Humanité-Biodiversié), parties prenantes de cette thématique.

Correspondant du réseau Loup / Lynx OFB AURA, me permet aussi d’être au cœur du suivi du loup. Les autre grands prédateurs de France m’intéressent aussi beaucoup, et c’est grâce à l’ASPAS que j’ai rencontré Jean- Jacques CAMARA au cours d’un chantier de plantation d’arbres fruitiers chez lui dans la vallée d’Aspe. Bien évidement, la libre évolution et le non interventionnisme de l’homme dans la nature me motivent beaucoup.

 

Quels sont vos maîtres à penser, vos références culturelles ? Dans le désordre : Jacques-Yves COUSTEAU, Elli H. RADINGER, Robert HAINARD, Jean-Jacques CAMARA, Vincent MUNIER, Pierre PFEFER, Laurent BALLESTA, Joël BRUNET ……..Pour leurs travaux, œuvres, pensée, vision de la beauté et de la fragilité de la nature.

Mais aussi pour leurs engagements dans la défense de la nature, Camille Etienne, Hugo CLEMENT, Sylvain ANGERAND, Thomas BRAILLE, et tous les autres moins connus.

Robert Hainard

Pourquoi cette attirance pour le sauvage? Parce que je m’y sens bien, sans bruit parasite, sans agitation stérile, sans faux-semblant, intérêt, cupidité, mensonge, tricherie. Pour la beauté et les changements des paysages, des saisons et de ses habitants. Pour la franchise du sauvage et son enseignement qui nous remet à notre place

Vous vous réincarnez en un animal en danger critique sur la liste IUCN, laquelle? Même si certains ne sont pas en danger critique à proprement parler, mais de toute façon en situation plus que précaire : Loup gris, lynx, ours. Les grands prédateurs terrestres. Requins. Également grands prédateurs en milieu marin. Car ils sont indispensables à la chaîne de la biodiversité. Mais aussi tous les insectes pollinisateurs, oiseaux, aussi indispensables. Une réincarnation à choisir : Le loup

La ou les deux plus belles rencontres / émotions de rencontre de vie/faune sauvage ? Même si très rapides à chaque fois, mes rencontres avec les loups et requins. Presque à chaque fois que je ne m’y attendais plus, ou pas du tout.

photo : MP_foto71 / Depositphotos

Votre/vos lieux de nature préféré ?Le Parc naturels Régionaux du Vercors, et de la Chartreuse, le massif des Chambaran, en France. Les Abruzzes en Italie. Car soit près de chez moi, accessibles sans trajet ni voyage dommageables pour la planète. Ou un peu plus loin pour l’Italie en limitant les dommages. Pour leurs richesses et diversités. Mention particulière pour le parc National des Abruzzes, qui est un « autre » monde.

Vercors - photo : RudiErnst / Depositphotos

Le lieu mythique où vous rêvez d’aller ? Sur terre bien évidement, dans les grands espaces vierges de toute route, barrière, clôture, ville, comme le Nord Ouest canadien (Colombie britannique, Yukon, Alaska…) pour leurs faunes.

Quel matériel et quelles techniques utilisez-vous pour rencontrer la vie sauvage ? Matériel photo : Boîtier plein format reflex Nikon D850, et hybride Nikon Z9 . Divers objectifs, du grand angle (16, 24 mm f/ 1,8) au téléobjectif (400 mm f/2,8 200-500 mm f/5,6). Jumelles.

A l’approche, mais plus souvent à l’affût et camouflé. Cela dépend des sujets, du terrain et des conditions.

Principalement de jour (très tôt ou tard en fin de journée, ou en milieu boisé la journée…)

Un conseil au débutant dans votre activité ? Connaissance des espèces, de leur comportement, de leur vie au sein de leur espèce et de leur interaction avec les autres espèces, de leur biotope. Connaissance du terrain, de la météo. Tenir compte de la direction du vent. Se déplacer sans bruit, lentement, et irrégulièrement (comme pourrait le faire l’espèce que l’on souhaite rencontrer). Humer, sentir les odeurs. Écouter tous les bruits. Ne pas fixer son attention sur un point précis, mais avoir une vision globale attentive à tout mouvement. Se camoufler. Savoir attendre plus que nécessaire. Revenir et recommencer toujours. Apprécier le moment, toute la nature, être en extérieur même sans faire d’image. Surtout ne pas déranger, casser, abîmer l’environnement et ses habitants.

Vos actions en cours et à venir en quelques mots ? Les priorités ? Objectifs poursuivis ? Défense et préservation des grands prédateurs, plus particulièrement le loup. Mais aussi important, toutes les espèces classées ESOD. En faisant changer la législation et démontrant leur utilité pour la biodiversité avec notre possible cohabitation.

Suppression de la chasse. Archaïque, anachronique, et dangereuse.

Une initiative prise ou à prendre en faveur de la faune sauvage, laquelle ? Démontrer sa nécessaire utilité à notre survie humaine. Que la justice la prenne véritablement en compte pour la protéger et que la justice ne soit plus aux ordres de politiques écocides.

Généticien.ne, vous pouvez faire revenir à la vie une espèce disparue. Laquelle ? Le grand renard volant des Palaos (Pteropus pilosus)

Photo : Passakorn211 / Depositiphotos

Pénurie mondiale de bois : L'arche de Noë sera plus petite que prévue. Il n'y a de la place que pour 5 espèces. Lesquelles ? Les insectes pollinisateurs. - Les oiseaux, y compris rapaces. - Les bisons. - Les loups

Vous gagnez au loto, pas d'héritiers : quelle(s) association(s) de protection mettez-vous définitivement à l'abri du besoin ?

ASPAS., FERUS., WWF., FNE.

Reconversion professionnelle : photographe animalier, scientifique environnemental, responsable d'association de protection , ou ? Activiste de défense de la nature comme Paul WATSON (Sea Shepherd) ou Thomas BRAILLE.

Pour conclure, vous disparaissez ce soir, qu’aimeriez-vous laisser comme dernier message ? Même si la situation semble désespérée, ne lâchez rien, allez juste au bout selon le dicton « Fais ce que tu peux, advienne que pourra ».

 

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