Alain Compost photographe et vidéaste animalier est arrivé en Indonésie il y a 43 ans. Pendant quatre décennies il parcourt l’archipel d’est en ouest et travaille en tant que photographe pour de nombreux magazines ainsi que pour des émissions de télévision. Il est un des témoins du changement du pays tant au niveau de l’environnement qu’au niveau humain. Fort de ce triste constat, il décide d’entreprendre un projet militant en allant à la rencontre des populations locales. L’importance du rôle de chacun dans la conservation du patrimoine naturel est son leitmotiv.
Retour sur le parcours d’Alain :
Alain naît à Paris puis sa famille décide d’aller vivre à Poisieux, un petit village dans le Cher à coté de Vierzon. Après des études au lycée agricole où il rêve de devenir vétérinaire, il se retrouve soigneur au zoo de Vincennes. Son envie de voir les animaux dans leur milieu naturel grandit et un accident le pousse à changer de vie. Grâce à son goût pour la photographie et à l’intervention d’un ami, Paris Match lui confit une centaine de rouleaux de pellicules Kodachrome, un trésor à l’époque. En 1975, l’Indonésie est un terrain vierge, peu de photographes se sont encore confrontés à cet archipel. C’est à Medan sur l’île de Sumatra qu’Alain foule le sol indonésien pour la première fois. Il prend ensuite la direction de Bukit Lawang afin d’aller à la rencontre des orangs-outans. Il travaille pendant six ans comme volontaire pour une fondation en charge de la protection et de la réhabilitation de ces grands singes. Il restera ensuite un an à Ujung Kulang sur les traces des derniers rhinocéros blancs de Java. Ces premières photos ont du succès, Alain continue donc de travailler comme photographe pour des magazines et des organisations de protection de la nature. Le début des années 80 voit l’arrivée des guides touristiques dans les rayons des librairies, Alain reçoit alors de nombreuses commandes. Puis le hasard de la vie ainsi que les rencontres font qu’Alain est contacté pour travailler comme photographe et surtout comme cameraman pour la célèbre émission de télévision Ushuaia. Il se retrouve ainsi à parcourir l’Indonésie, mais aussi la Mongolie, l’Inde, l’Amérique Centrale et Cuba. Il travaille aussi pour de nombreux documentaires comme En terre inconnue ou National géographic. Récemment il était en Papouasie pour tourner une série documentaireThe Explorers qui sera prochainement programmée sur une chaine de télévision française.
Alain parcourt, explore l’Indonésie à la recherche de sa biodiversité extraordinaire, il immortalise dans ses clichés les beautés de la faune et la flore. Mais en 40 ans il est le témoin de nombreux changements intervenus dans le pays. Les forêts disparaissent, le braconnage sévit, les animaux souffrent tout comme les populations.
Suite à ce constat, 40 Wild Years in Indonesia, un projet qu’il murit depuis quelques temps prend forme début janvier 2016. L’idée est de revenir dans tous les endroits qu’il a visité et d’aller témoigner avec ses photos auprès des villageois. Ce voyage se veut militant c’est pour cette raison qu’il a besoin d'un moyen de transport écologique. Son choix se porte sur une moto électrique qu’il peut acquérir grâce à une bourse de National Geographic -Science and Exploration- Asia. Le périple de 5.000 km débute à Medan, là où il est arrivé il y a tout juste 43 ans. Dans les villages où il a toujours été accueilli avec bienveillance et où l’hospitalité est légendaire, Alain essaie de faire prendre conscience du rôle de chacun dans la préservation de l’environnement. Ses photos, ses films, ses cartes sont les outils qu’il utilise pour sensibiliser les populations. Il discute avec eux de l’évolution de l’environnement et de la nécessaire adaptation. « Les gens prennent conscience de la nécessité de changer les choses mais la question reste la volonté politique et les moyens financiers … » nous explique Alain. La traversée de Sumatra de Medan à Aceh, aux îles Mentawai, puis de Jambi jusqu'à Bukit Barisan Warisan… prendra 6 mois. Il entrecoupe ce voyage de missions en Papouasie et en Afrique du Sud pour "The Explorers", car comme il le précise il faut bien vivre.
Alain compte bien reprendre son périple en avril pour effectuer la traversée de l’île de Java. Cette fois aidé par une bourse de la Fondation Iris en partenariat avec la Fondation de France, il pense pouvoir faire ce voyage sur un mois. Un assistant est désormais en charge de l’organisation des haltes et des rencontres afin d’échanger avec le plus grand nombre d’enfants, d’étudiants, d’enseignants, et de communautés locales…Puis le voyage doit se poursuivre à Kalimantan, en Sulawasi… pour finir en Papouasie Occidentale.
Même s’il se dit peu bavard, Alain sait tout de même transmettre ses passions. Sa fille est aujourd’hui étudiante à l’école vétérinaire de Bogor. Il espère aussi réussir à éveiller les consciences afin que les jeunes générations se chargent de relever le défi de la protection de leur environnement. L’envie d’apporter un peu d’eau au ruisseau…
Source : le petit journal