Eric Dürr fait partie de ces photographes animaliers de talent investis qui participent à la préservation des espèces qu'ils photographient.
Il participe ainsi à la protection des grands prédateurs en mettant à disposition ses images à des associations, et est également impliqué dans sa région au suivi des populations de loups et de lynx en tant que membre du réseau d'observateurs mis en place par l'ONCFS.
Son animal de prédilection : le lynx...
Pourquoi le choix d’aller à la rencontre de cette espèce en particulier ?
J’ai grandi dans la massif de la Grande Chartreuse où mon père était garde forestier. L’observation de la faune et en particulier des grands mammifères m’a très vite conduit à la photographie animalière.
En 1993 je croise les traces d’un lynx dans la forêt domaniale de la Grande Chartreuse, que je vais suivre pendant plusieurs jours dans la neige de février, le premier indice de son retour dans ce massif alpin. Quelques jours plus tard un lynx est capturé à quelques kilomètres de là dans un piège destiné aux chamois, dans le cadre d’un programme d’étude génétique de cette forme géographique.
Cette femelle Lynx, baptisée Amandine, sera relâchée sur le lieu de sa capture. C’est je pense à cette époque que la quête des grands prédateurs européens est devenu le moteur de ma quête naturaliste. Des espèces mythiques pour le naturaliste que j’étais et qui avait lu les récits de Robert Hainard et d’autres, disparues de l’hexagone mais qui faisaient leur retour dans les années 90. De plus il s’agit d’espèces très difficiles à observer à l’état sauvage et donc peu photographiées en dehors des parc zoologiques.
Pourtant ce n’est que quelques décennies plus tard que je me suis sérieusement mis à chercher le Lynx.
Installé en Haute-Savoie je l’ai recherché plusieurs hivers sans grands succès. En effet, même si le lynx fait des apparitions régulières depuis les années 70 dans ce département, il n’existe pas à mon sens de population installée, même s’il semble que cela commence à changer. Le retour du loup m’a ensuite détourné du félin et ce n’est que depuis quelques hivers que je me rends dans le Jura où le lynx y est bien installé.
Peux-tu nous faire un rapide état des lieux sur l’espèce : répartition géographique, statut IUCN, menaces principales pesant sur sa survie, mesures prises pour sa conservation par des états ou des ONG…
Le Lynx boréal (Lynx lynx) est une espèce Eurasienne dont la répartition s’étend de la côte atlantique en Scandinavie au pacifique en Russie.
Mais il existerait 9 sous-espèces dont 3 en Europe que sont : celle d’Europe du nord et de Sibérie occidentale (Lynx lynx lynx) la plus grande, celle des Carpates (Lynx lynx carpathicus) que l’on trouve en Europe centrale jusqu’en France, et la sous-espèce des Balkans (Lynx lynx martinoi) redécouverte il y a quelques années seulement.
Quand au Lynx des Apennins, le mystère ne devrait plus tarder à être levé.
Aujourd’hui, le lynx Boréal figure dans la catégorie en danger dans la liste rouge nationale alors qu’a l’échelle mondiale il est classé LC soit « Préoccupations mineures » dans la liste rouge de lIUCN.
En France, le suivi de l’espèce est réalisé par l’Etat avec l’appui d’un réseau de plus de 1000 bénévoles qui collectent des indices et des témoignages. Aujourd’hui la seule population installée est celle du massif Jurassien avec un effectif d’une centaine d’individus et dont la densité varie entre 1 à 2 individus pour 10 000 ha. Dans les Vosges les derniers suivis ne relèvent plus aucun indice, et dans les Alpes le statut est difficile à évaluer, il ne semble pas qu’il y ait de population viable installée hormis peut-être localement comme en Chartreuse.
C’est l’Etat qui a réalisé la réintroduction du lynx dans les Vosges dans les années 80 alors que la population jurassienne est issue d’opérations de réintroduction en Suisse dans les années 70. Bien sûr de nombreuses associations participent à la fois au suivi de l’espèce coordonné par l’Etat et à la sensibilisation du félin auprès du public.
Le centre ATHENAS dans le Jura Français recueille des lynx orphelins et parvient à les réadapter à la vie sauvage avec succès, 11 à ce jour.
Les principales menaces sont d’origine humaine : les collision routières seraient, dans le Jura, sans doute la principale et le braconnage, difficile à évaluer la seconde. Gille Moyne, fondateur et directeur du centre ATHENAS alerte régulièrement les pouvoirs et l’opinion publique sur le fait qu’il a recueilli 12 jeunes lynx orphelins presque systématiquement à l’automne, après l’ouverture de la chasse et à une période où les jeunes devraient être encore avec leur mère.
Très récemment les captures de lynx dans le Jura Suisse dans le cadre de la réintroduction de l’espèce dans le Palatinat en Allemagne a permis de détecter la présence du « Sida du chat » sur deux individus, une maladie mortelle.
Aujourd’hui, la protection de l’espèce passe par la protection de son habitat, les forêts, et de ses proies, le chevreuil et le chamois, mais également des corridors écologiques qui permettent les échanges d’individus entre massifs. Dernièrement un lynx jurassien a rejoint spontanément les Vosges, et un lynx jurassien réintroduit en Allemagne a également rejoint ce même massif français.
En Suisse, afin d’accroître le brassage génétique entre la population alpine et jurassienne, les scientifiques réalisent des translocations d’individus, des échanges entre massifs. Enfin, un jour peut-être, à l’image de ce qui se fait en Espagne pour sauver le lynx Pardelle victime aussi de collisions routières, nous verrons fleurir des panneaux au bord des routes : « attention ralentissez, passage de lynx ! ».
Pourquoi la réintroduction du lynx a-t-elle échoué dans les Vosges, en comparaison avec le Jura ?
Difficile question, mais ce n’est pas le nombre d’individus réintroduits qui peut expliquer cela puisqu’une vingtaine d’animaux ont été lâchés dans les Vosges à partir de 1983, contre une quinzaine dans le Jura Suisse dans les années 1970. Tous sont d’origine Slovaque.
Je ne suis pas certain que l’acceptation par les chasseurs et les éleveurs de moutons soit plus mauvais dans les Vosges que dans le Jura, d’autant que dans ce dernier massif de grosses attaques de lynx sur les troupeaux ont défrayé la chronique dans les années 90.
De plus, c’est dans le Jura que le nombre de lynx tués par des collisions sur la route est le plus élevé. La densité de proies n’est pas en cause non plus ni les surfaces de ces massifs qui sont identiques si on prend en compte les parties suisse et allemande.
Aujourd’hui une hypothèse avancée par certains pour expliquer cette disparition est le mode de chasse différent dans ces deux massifs. Dans les Vosges la chasse à l’approche ou au mirador du chevreuil, proie principale du lynx pourrait favoriser les rencontres avec le lynx et les actes de braconnages tandis qu’en battue l’animal serait moins vulnérable ?
Lynx, loups et ours ne sont pas le bienvenus en France, contrairement à d’autres pays . Pourquoi ?
Je ne sais pas si parmi les pays occidentaux la France est une exception. Souvent on prend l’exemple de l’Italie pour le loup. Mais comme en France l’espèce qui a survécu dans les Abruzzes re-colonise des régions désertées par l’espèce depuis des générations et les autorités sont confrontées aux mêmes oppositions et difficultés qu’en France.
Sauf que cela ne fait pas les gros titres des journaux en France. En Espagne, le loup se porte bien au nord du pays alors qu’il y est légalement chassé alors qu’au sud, où il est protégé, il ne parvient pas à s’implanter, inlassablement braconné. En Allemagne, je ne suis pas certain que les chasseurs et éleveurs acceptent facilement de partager l’espace avec le loup qui refait son retour de Pologne. Mais nous ne lisons pas les quotidiens régionaux Allemands !
Dans tous ces pays, y compris la France, les enquêtes d’opinion plébiscitent le retour des grands prédateurs, car la population est aujourd’hui principalement citadine, et de ce point de vue on peut dire que les prédateurs sont les bienvenus.
Mais les populations rurales et en particulier le monde de la chasse et de l’élevage y sont opposés pour diverses raisons. C’est ce qui fait les gros titres de la presse locale et parfois nationale. Les chasseurs, qui depuis des décennies ont reconstitué des populations de gibiers florissantes, disparues au 19ème siècle, par des réintroductions et l’instauration des plans de chasse voient dans les prédateurs des concurrents qui risquent de mettre à mal tout leurs efforts.
Aujourd’hui, ont peut dire, sans provocation, que le retour des grands prédateurs en Europe occidentale et en France en particulier est possible grâce à la déprise agricole qui a provoqué l’extension des forêts et à la gestion cynégétique des chasseurs qui a favorisé leurs proies. Aujourd’hui, même si objectivement les chasseurs ne peuvent dire que depuis 40 ans de présence de Lynx et 25 ans de présence du loup leurs plans de chasse ont diminué, il est viscéralement difficile d’admettre que « leur » gibier puisse être consommé par des prédateurs.
En ce qui concerne les éleveurs de moutons confrontés au loup il faut se mettre à leur place. Ils ont toujours connu l’élevage sans prédateurs, ainsi que leurs parents et grands-parents et du jour au lendemain ils doivent adapter leur façon de travailler en profondeur pour se protéger d’animaux sauvages qui sont l’ennemi ancestral, éradiqués par leurs aïeux.
Par ailleurs touchés par des difficultés économiques, ils ont l’impression que la société se préoccupe d’avantage du sort des grands prédateurs, puisqu’ils sont indemnisés et aidés à ce titre, que de leur activité économique de production agricole. Mais après une période de révolte, légitime, ils finissent par se résigner en mettant en place les mesures de protection, n’ayant pas d’autre choix. Certains qui n’acceptent pas de s’adapter à la présence du loup jettent l’éponge. Mais leurs pâturages ne tardent pas à être repris par d’autres éleveurs qui ont appris ou sont prêts à côtoyer le loup.
Même si des épisodes d’attaques ont eu lieux dans le Bugey dans les années 90, aujourd’hui la prédation du Lynx sur les troupeaux est marginale et sa présence ne provoque pas d’opposition du monde agricole comme pour le loup ou l’ours.
Tu as passé plusieurs mois, voire années, à la recherche du lynx. Peux-tu nous en dire plus sur ce projet ?
J’ai vraiment commencé a passer du temps à la recherche du lynx il y a six ans, environ trois semaines sur le terrain chaque hiver.
J’ai choisi une zone du massif du Jura le plus proche de chez moi (1h15 de route) et m’y suis rendu aussi souvent que possible. Mon seul projet était de pouvoir photographier le lynx dans son milieu naturel et croiser son regard.
A l’époque il existait peu de telles images, aujourd’hui grâce à des « jurassiens » comme Laurent Geslin, Didier Pépin ou Neil Villard cette espèce commence a être mieux documentée, mais il reste encore à faire. Aussi, chaque hiver en pistant les lynx dans un même secteur cela m’a permis de comprendre un peu mieux cet animal mystérieux, ses habitudes, ses lieux préférés et ainsi anticiper ses déplacements et provoquer les rencontres.
Mais en six hivers seulement quatre rencontres dont deux au cours desquelles j’ai pu prendre des clichés.
Alors vous me direz comment ne pas se décourager ? Même si on ne voit pas l’animal on sent sa présence car il est rare que je ne croise pas ses traces lors de mes sorties. Plusieurs fois il m’est passé dans le dos, ou il a marché sur mes traces de la veille et les a suivi jusqu’à ma voiture.
Une provocation qui donne de la motivation. Mais ce n’est rien en comparaison de ce soir d’hiver où, quittant mon affût, je découvre ses traces qui n’étaient pas là à mon arrivée. Il est passé en plein dans le cadre de mon appareil photo pendant que je m’étais retourné pour observer les crêtes aux jumelles.
Ce soir là j’ai raté l’image dont je rêve encore !
As-tu un volet scientifique durant ces observations ?
Etant correspondant au réseau Lynx, je transmets mes observations jurassiennes les plus significatives comme les observations visuelles ou les preuves de reproduction aux services de l’Etat, via l’ONCFS.
Peut-on parler d’une quête personnelle quand l’on considère le peu de chances de croiser l’animal ?
Il s’agit en effet de l’une de mes quêtes personnelles, mais comme tous les grands prédateurs la difficulté et le peu de chance de rencontres est pour moi, paradoxalement, une source de motivation.
Les rares face à face n’en sont que plus intenses.
Quelles sont les difficultés particulières pour aller à la rencontre de l’espèce : forêt, comportement craintif de l’animal… ?
Le lynx étant essentiellement forestier, cela rend en effet difficile sa détection et la faible luminosité la réalisation de bonnes photographies. Si en plus vous tenez compte du fait que les densités moyennes de lynx, considérées comme bonnes dans le Jura, sont de l’ordre de 1 à 2 lynx pour 10 000 ha les chances d’observation sont maigres. Enfin, si le lynx adoptait une stratégie de défense en fuyant devant l’homme, comme le font ses proies, on le verrais bien plus souvent.
Malheureusement ce félin en a choisi une autre. Au passage d’un humain il reste immobile, tapis dans la végétation et sont pelage mimétique se fond parfaitement dans l’environnement forestier fait d’ombre et de lumière. Je suis persuadé que le lynx observe plus souvent l’homme que l’inverse.
Un scientifique suisse m’a raconté une anecdote alors qu’il suivait un lynx adulte dans les années 80 muni d’un collier émetteur. Le signal radio l’avait conduit en lisière de forêt où une famille avec des enfants était installée pour pique-niquer. Le lynx était dans un bosquet d’arbres situé à quelques mètres seulement des enfants en train de jouer. Au bout d’un moment la famille est partie, le lynx s’est levé, il est sorti à découvert et a rejoint la forêt.
C’est à peu près ce que j’ai pu observer en mars 2016 avec le mâle que je suis depuis 6 ans. Je suis tombé en pleine journée par hasard sur lui, assis au pied d’un gros sapin, près d’un chamois tué pendant la nuit. S’il était resté couché sur le tapis de feuilles de hêtre je ne l’aurais pas vu. S’en sont suivies cinq heures d’observation à une quarantaine de mètres. Je pense qu’il attendait que je parte pour s’éclipser. Mais le plus surprenant c’est qu’il ne paraissait pas stressé par ma présence puisqu’il a dormi profondément au point que j’ai pu me déplacer en faisant du bruit, et à son réveil il m’a cherché du regard à mon emplacement précédent.
Ci-dessous une vidéo faite à la tombée de la nuit où j’ai tenté de m’approcher encore et de lui parler. L’image est floue, je n’ai pas l’habitude de la visée à l’écran en vidéo et l’émotion était intense
Ce comportement est relaté par tout ceux qui se sont retrouvés face à face avec le lynx. En résumé le lynx va éviter les rencontres avec l’homme, mais lorsqu’il est surpris et qu’il ne peut faire autrement il reste calme et indifférent, en apparence.
Quelle est ta technique pour l’approcher ? Utilises-tu des pièges photographiques ?
Compte-tenu de ce que j’ai décrit avant je citerais Didier Pépin, auteur du livre « La forêt du lynx » : pour voir le lynx il faut fatiguer la chance.
En effet, il faut être persévérant et sortir sur le terrain le plus souvent possible pour accroître ses chances. Bien sûr, il faut aussi bien connaître ses habitudes et le pistage dans la neige est un bon moyen de repérer ses endroits préférés. Pour ma part je recherche les traces la journée et fait l’affût le soir près d’indices récents ou sur un site régulièrement fréquenté.
Mais cela reste aléatoire. Lorsque l’on trouve des traces fraîches cela peut signifier que l’on arrive trop tard et que l’animal est déjà loin. A l’inverse l’absence d’indices récents peut laisser penser qu’un nouveau passage sur ce site est imminent. Donc je laisse parfois mon instinct choisir le meilleur endroit pour planter mon affût. En hiver, à chaque période de pleine lune avec de la neige et le ciel dégagé je passe la nuit dehors sur un lieu de passage. Les peintures de Jacques RIME m’ont conduit à pratiquer ce type d’affût qui procure toujours des émotions intenses même si la plupart des nuits je ne vois pas le lynx.
Pour l’affût je me camoufle sous une toile en me mettant à bon vent car même si il ne craint pas l’homme, il l’évite s’il le repère lors de ces déplacements. Comme il est actif surtout au crépuscule et la nuit, le laps de temps permettant de faire des photographies est très réduit : aussi le piégeage photographique est un moyen de faire de belles images comme en témoigne le travail remarquable de Laurent Geslin.
Pour ma part pendant quatre hivers, j’ai posé un piège photo constitué d’un reflex et de trois flashs à l’intérieur d’une grange en ruine avec une vielle charrette. Plusieurs fois j’avais vu les traces du lynx venir jusqu’à la porte. Malheureusement il s’est approché deux fois à la porte mais n’est jamais entré. A présent le toit de la grange s’est effondré et la charrette a disparu. le piège a par contre saisi un chat sauvage...
Racontes-nous ta plus belle rencontre...
J’ai évoqué celle réalisée avec le mâle dormant au pied d’un arbre qui fut un moment exceptionnel d’émotion et dont vous retrouverez le récit sur mon site internet. Aussi, je raconterais celle de ma première image de lynx sauvage, et quelle image !
Dès le premier hiver de prospection j’ai remarqué que le mâle empruntait régulièrement une route forestière et au niveau d’un belvédère il montait sur une grosse pierre pour observer la vallée en contrebas avec une autoroute et un village. Depuis cette date je ne manquais aucune nuit de pleine lune avec de la neige pour tenter de photographier le mâle assis sur la pierre, les lumières artificielles de la vallée en arrière-plan.
La première année j’ai passé 3 nuits, le deuxième hiver il n’y eut pas de neige sur ce site et la troisième année les conditions étaient idéales. De la neige fraîche et le ciel dégagé. L’après midi je me rend sur les lieux et je trouve les traces du mâle qui est passé la nuit précédente sur le chemin en marquant abondamment jusqu’au belvédère.
Nous sommes le 5 mars c’est la période du rut. Je m’installe le soir sur mon affût qui est en hauteur par rapport au rocher. Ce n’est que vers 21h, alors que la lune est levée qu’un lynx apparaît sur la droite et monte sur le rocher, puis un deuxième lynx le rejoint. Est-ce la mâle et la femelle ? Tous les deux sont assis observant les alentours. Bien que préparé, l’émotion est telle que je fais une série de photos floues car je tremble, la mise au point manuelle se dérègle.
Les lynx regardent dans ma direction, alertés par le déclic et le mouvement de mon objectif, mais ils semblent préoccupés par autre chose. Au bout de quelques dizaines de secondes je reprends mes esprits, améliore la mise au point et je parviens à faire quelques photos nettes.
L’un des deux qui s’avérera être une femelle observe de tous côtés et semble chercher quelque chose. Le second s’avère être un jeune de l’année. Au bout de quelques minutes les deux lynx quittent les lieux, la femelle suivant sans doute les traces du mâle.
J’avais rêvé de cette image depuis trois ans mais je n’aurais jamais imaginé avoir deux lynx dans le viseur. Avant de réaliser cette image, j’étais assez dubitatif lorsqu’un photographe expliquait que l’image réalisée était le fruit d’une longue préparation et préméditation, convaincu qu’il ne voulait pas avouer qu’il avait surtout eu de la chance.
Après cette nuit là j’ai révisé mon jugement.
Des images à mettre en avant ?
Lors de cette nuit de claire de lune la femelle et sont petit sont revenu au milieu de la nuit se percher sur ce rocher. C’est à ce moment là que j’ai pu réaliser cette image de la mère assise qui observe, avec la tête du petit à l’arrière.
Cette image illustre les menaces qui pèsent sur le lynx : les collisions routières et la fragmentation de son habitat. Quelques heures ou quelques jours après cette photo la femelle va rencontrer le mâle et s’accoupler à nouveau. Le jeune, chassé, va errer sur le territoire de sa mère quelques semaines encore avant de partir à la recherche d’un territoire. Pour cela il va devoir traverser des vallées urbanisées et des infrastructures routières. Cette première année sera celle de tous les dangers puisque c’est lors de la dispersion que beaucoup de jeunes lynx meurent.
On dirait que sa mère est venu ici lui montrer les futurs dangers qui l’attendent.
Et ci-dessous ma toute dernière vidéo récupérée de mon piège photos début avril.
Comment les lecteurs peuvent-ils aider à la préservation de l'espèce?
En soutenant les associations qui militent pour la préservation de l’espèce et en particulier le centre ATHENAS qui a besoin de dons pour financer la réadaptation des jeunes lynx orphelins.
Mais aussi s’ils observent un lynx ou s’ils entendent quelqu’un dire avoir observé un lynx il faut contacter un correspondant du réseau Lynx qui collectera cette information et la transmettra aux services de l’Etat pour le suivi de l’espèce. Pour connaître le correspondant le plus proche il faut appeler la DDT ou l’ONCFS du département concerné.
Cela contribuera à mieux connaître la répartition et le statut de l’espèce en France. Pour le lecteur chasseur (NDLR : pas certain qu'il y en ait :-) se documenter sur la biologie du lynx et accepter qu’une partie du cheptel gibier soit prélevé par le lynx puisque voilà plus de 40 ans qu’il est présent en France et qu’il n’a pas impact les plans de chasse.
Des études en Bavière sur les prélèvements du Lynx et des chasseurs montrent qu’ils sont complémentaires : les chasseurs tirent plutôt des mâles et des individus adultes, tandis que le lynx des jeunes ou âgés.
Pour conclure une association locale ou un individu à mettre en avant ?
Gilles Moyne, responsable du centre ATHENAS centre de soins des animaux sauvage du Jura et qui a mis au point une technique de réadaptation à la vie sauvage des jeunes lynx orphelins. Et ça marche. Le centre fête en 2017 ses trente ans d’existence et il a besoin plus que jamais de soutiens financiers.