Marius, jeune vidéaste, se fait régulièrement remarqué sur Youtube pour ses vidéos particulièrement bien ficelées. Après avoir fait éclore des œufs provenant de supermarché (une expérience impossible à réaliser en France, comme l'expliquait Sciences et Avenir dans un précédent article) et avoir dénoncé les conditions d'élevage des poules en batterie, le jeune homme rend cette fois hommage à trois animaux disparus dans une vidéo extrêmement poignante.
"L'idée de la vidéo m'est venue suite à la publication du rapport de l'IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques). Je ne savais pas comment l'illustrer jusqu'à ce que j'apprenne que le musée de zoologie de ma ville expose une petite collection d'animaux disparus", explique à Sciences et Avenir ce Suisse de 29 ans, graphiste de formation. Direction donc le Musée zoologique de Lausanne et plus particulièrement l'exposition "Disparus !". "J'ai été surpris de découvrir des histoires romanesques, notamment celles du trio que j'ai choisi de développer en animation. Il était intéressant de raconter leurs disparitions en mettant en évidence certains mécanismes qui menacent encore aujourd'hui la biodiversité", poursuit Marius.
Dans sa vidéo publiée le 11 juillet 2019 sur Youtube (voir ci-dessous), il présente notamment la féra du Léman. Présente dans le lac du même nom jusqu'en 1920, elle a finalement disparu à cause de pêche devenue industrielle. Impossible donc de manger de la féra du Léman, quoi qu'en disent certains restaurants...
Les perruches de la Caroline n'ont pas non plus survécu au plus redoutable des prédateurs. Comme l'explique Marius, leur déclin est une conséquence de l'arrivée des colons européens en Amérique. "Ces derniers ont massivement déforesté leur habitat au profit de l'agriculture", poursuit-il. Elles ont été chassées à la fin du 19e siècle à cause de la menace qu'elles représentaient pour les cultures. Ces animaux "tissaient des liens sociaux très forts entre eux. À tel point que lorsque certains se faisaient abattre, les autres avaient tendance à les rejoindre au sol au lieu de s'enfuir. Il a donc été plus facile de les exterminer", explique Marius.
Le grand pingouin a lui aussi été impitoyablement chassé par l'homme. "La pression de chasse a été tellement forte qu'à la fin du 18e siècle, on ne trouvait cet animal que sur une seule île au monde en Islande", expose le Suisse. Finalement, le dernier couple fut tué des mains de l'homme le 3 juin 1844...
Le rapport de l'IPBES publié en mai 2019 assure que 75% des milieux terrestres et 66% des milieux marins sont "gravement altérés". Un million d'espèces animales et végétales - sur 8 millions connues - seraient menacées d'extinction. Ce rapport de la plateforme des experts pour la biodiversité et les écosystèmes, rendu public le 6 mai 2019, estime que les humains doivent désormais changer profondément leur manière d'exploiter la nature.