En filmant de riches Allemands et Autrichiens en safari en Namibie, le réalisateur Ulrich Seidl brosse un portrait au vitriol de ses contemporains de la vieille Europe. Il expose aussi l’envers du décor : les employés noirs, chargés d’arranger les dépouilles pour les photos et de dépecer les animaux, vivent dans des cabanes de tôle...
Impala : 245 euros ; gnou : 625 euros ; éland du Cap : 1 700 euros. Dans la réserve de Namibie où séjournent de riches touristes allemands et autrichiens, les proies se choisissent sur catalogue, et le business du safari exhale de forts relents néocolonialistes. Congratulations autour d’une girafe agonisante, remarques décomplexées sur les qualités des Noirs, réflexions philosophiques quant à l’inéluctabilité de la mort au beau milieu des trophées de chasse : Ulrich Seidl brosse une fois de plus un portrait ravageur de ses proies préférées, ses contemporains de la vieille Europe.
Touristes en milieu naturel
Fidèle à son style, éprouvé dans sa trilogie Paradis – plans-séquences en caméra fixe dénués de commentaires, photographie léchée –, le cinéaste autrichien revient au documentaire pour filmer, avec une précision quasi scientifique, ces touristes en "milieu naturel" et souligner l’incongruité scandaleuse de leur passe-temps. Il expose aussi l’envers du décor : les employés noirs, chargés d’arranger les dépouilles pour les photos et de dépecer les animaux, vivent dans des cabanes de tôle et doivent se contenter des bas morceaux des fauves fraîchement abattus.