Le message était clair : "Rendez-vous à 7h30 devant le petit musée "La Balen ka souflé" à 100 mètres après la plage de Malendure - le bord de mer avec enrochements -, à 1h15 de Sainte Anne en passant par la route de la traversée qui, justement, traverse la forêt tropicale du Parc national."
Par précaution, j'ai fait un repérage deux jours avant en arrivant des Saintes et en remontant Basse-Terre par la côte Ouest, trois-Rivières, Baillif, Vieux-habitants, Bouillante...
J'arrive à 7h, ai le temps de contempler l'océan qu'éclaire doucement le jour qui se lève depuis peu, une eau calme, à perte de vue.
Le musée, dont l'entrée s'orne d'un cachalot blanc, est tout bleu. Il ouvre, Caroline Rinaldi s'active déjà, elle prépare l'arrivée des visiteurs; nous nous présentons, elle m'informe de son travail, les cétacés mais aussi les tortues dons trois espèces fréquentent l'île, nous évoquons des réseaux, des personnes dont nous partageons la connaissance - François Sarano, jacques Fretey, Jacques Perrin qui est venu tourner une partie d'Océans... - puis me laisse.
Je parcours les petites salles du musée, prends connaissance des animaux rencontrés depuis des années, distribue mon regard entre les squelettes, les mâchoires, les bocaux, les panneaux, les sculptures, une reproduction de tortue (résine d'Alain Foy, constructeur de bateau aux Saintes)... Je me remémore mes connaissances en animaux marins, en puise de nouvelles, me mets en quelque sorte à jour avant la sortie en mer.
Puis arrivent peu à peu les clients, Caroline les accueille et les enregistre.
Nous serons 32 sur le catamaran tout à l'heure;
Enfin Renato Rinaldi paraît, un type costaud, enjoué, arrivé de Bretagne et de Charente en 1985, qui nous fait une présentation courte mais précise des richesses de "son" océan et de la sortie à venir et qui prévient d'emblée :
"ces animaux sont libres, ils évoluent comme ils veulent dans un univers sauvage, vous les verrez ou pas, c'est ainsi, rien n'est acquis!" C'est net! Nous rêvons tous de sauts de Baleines à bosse qui arrivent en ce moment - "mais elles ne sont pas si fréquentes", d'un groupe de Cachalots, présents toute l'année - "mais ils sondent jusqu'à 2000 mètres et peuvent rester longtemps dans les profondeurs" -, de dauphins en goguette - "les plus fréquents sont les tachetés" -, et nous donne quelques chiffres sur les populations - 26 espèces de cétacés dont 24 rencontrées et identifiées depuis plus de 30 ans qu'il parcourt cette mer -, et indique la façon d'identifier les individus, par la photographie notamment (il n'aime pas le marquage par fléchette, toujours traumatisant), par l'écoute aussi, le fameux chant des baleines qui porte à des centaines de mètres et que Manolo et lui identifient avec micros immergés dans l'eau.
Et, durant les trois heures que dure la sortie, conduite par leur fils Manolo qui mène le Catadive de spot
en spot, Renato continuera à nous nourrir d'informations et de sa passion pour les grands mammifères marins quand il ne sera pas au sommet du bateau, en vigie, guettant l'horizon et le moindre souffle, le moindre mouvement, le moindre épaulement d'échine ou de queue sur la houle.
Ce jour là, nous verrons "seulement" les dauphins tachetés, mais une centaine, et de près, devant l'étrave, le
long de la coque, solitaires ou en groupe, nous dépassant, se dérobant, en surface ou juste en dessous, surgissant, l'évent ouvert, soufflant, replongeant... nous subjuguant par leur souplesse, leur vitesse,
leur aisance, leur sauvagerie, leur liberté.
Au retour, nous irons avec Caroline et Renato boire un verre de l'amitié, échangeant nos impressions, évoquant l'état de la planète, et ils m'en diront un peu plus sur leur métier, leurs recherches, leurs barouds sous, sur et au dessus du grand bleu pour identifier et admirer la beauté du monde.
Merci!
Photos : ©jbdumond022020
Evasion Tropicale
Soucieux de la préservation du patrimoine naturel, Caroline et Renato RINALDI ont créé en 1992 l'association Evasion Tropicale (AET) spécialisée dans l'étude, le recensement et la protection des tortues marines et des cétacés en zone Caraïbe.
Ils mènent des recherches sur les diverses espèces de cétacés et de tortues marines présentes en Guadeloupe et dans les îles adjacentes et partagent les connaissances acquises par le biais d'actions d'information et de sensibilisation auprès de la population et des scolaires. Mieux connaître pour mieux protéger...
Ils sont à l'initiative de la mise en place de l'écotourisme baleinier en Guadeloupe et de son encadrement.
Reconnus pour leur expertise, ils sont impliqués dans les divers programmes de conservation locaux, régionaux (Plan d'Action pour la conservation des Mammifères Marins de la CaraÏbe / CARSPAW UNEP) et internationaux et ont contribué largement à la création du Sanctuaire pour les Mammifères Marins dans les Antilles françaises.
L'association Evasion Tropicale, association d'Intérêt Général, a été primée en reconnaissance de ses actions en faveur de la conservation de la biodiversité marine de Guadeloupe lors de la 14ème conférence du Tourisme Durable de la Caraïbe (Port of Spain, Trinidad & Tobago Avril 2013).
Les activités de l'association :
- Suivis scientifiques
- Gestion des échouages et détresses
- Education à la préservation de l'Environnement
- Veille environnementale
Les actions de préservation de l' environnement sont menées depuis bientôt 25 ans par l'association Evasion Tropicale grâce à la pugnacité de ses fondateurs et à l'appui de ses membres et partenaires, qui depuis toutes ces années, apportent leur soutien financier, technique, logistique ou moral... Merci à tous! Pour toute information sur le milieu marin, signaler un échouage, une détresse, un aménagement ou une situation mettant en jeu les milieux naturels,.
Vous pouvez les joindre par téléphone ou e.mail ou sur place :
Tel : 06 90 57 19 44 - Email : evastropic@wanadoo.fr