A l’initiative du Muséum national d’histoire naturelle, une nouvelle série audio invite des chercheurs de l’institution à partager leurs connaissances sur les écosystèmes pour mieux les préserver.
Quand aura lieu le grand basculement vers la sixième extinction de masse? Mais, surtout quelles seront ses conséquences pour le monde vivant ? Et leur ampleur ? Face à la grande crise du vivant que nous traversons, une seule certitude : l’effondrement des écosystèmes, contrairement aux cinq crises majeures des dernières 500 millions d’années, est rapide, voire très rapide, «cent à mille fois plus vite que ce qui s’est produit dans le passé», rappelle le paléontologue et directeur du Muséum d’histoire naturelle (MNHN) Bruno David.
«Ce qui est différent aujourd’hui, précise-t-il dans le tout nouveau podcast mis en ligne à partir du mardi 14V avril par l’institution scientifique. C’est que la crise est due à une espèce, qui est notre espèce, à 95 %.» Et de compléter : «Elle n’est pas spectaculaire car elle ne se voit pas. Ce n’est pas une hécatombe […] mais c’est un déclin du succès reproducteur.»
Aiguiser les consciences
Avec pour thème l’effondrement de la biodiversité, le premier épisode d’une nouvelle série audio produite par le Muséum, «Pour que Nature vive», ne prend donc aucun détour : s’il est impossible de prédire comment va réagir le monde vivant aux atteintes environnementales et climatiques, les connaissances scientifiques peuvent au moins, et partiellement, nous aider à mieux le préserver. Autre pari : les chercheurs ont une carte à jouer en partageant leur savoir auprès du grand public, afin d’aiguiser les consciences ou, du moins, les éveiller. Mais encore faut-il y avoir accès.
D’où ce nouveau projet audio consacré à notre compréhension des écosystèmes, animé par un journaliste, Vincent Edin, et censé faire le tour de douze grandes questions en une trentaine de minutes une fois par semaine. Son titre, bien sûr, est un hommage appuyé à un «livre à succès, prescient et d’une actualité brûlante», Avant que Nature meure, publiée en 1965 par l’ancien directeur du MNHN, l’ornithologue Jean Dorst. «Avec Rachel Carson [la biologiste américaine auteure du best-seller sur les effets négatifs des pesticides sur l’environnement, Printemps silencieux, ndlr], ils ont vu les choses venir à l’époque où les signaux précurseurs étaient très faibles», souligne à ce propos Bruno David.
Et chaque épisode mobilise également des chercheurs de diverses disciplines des sciences naturelles (paléontologie, démographie, parasitologie, écologie, etc.) afin d’envisager sous différentes focales les grands défis environnementaux d’aujourd’hui et de demain. «Savoir contempler, savoir observer, savoir comprendre, c’est comme cela qu’on accepte de préserver et qu’on acceptera de changer», fait encore valoir son premier invité. Mais aussi grâce à une bonne dose de pédagogie.
Libération – Florient Bardou / 14 avril
photo : Le Muséum d’histoire naturelle met en ligne à partir de ce mardi un tout nouveau podcast (photo de la restauration d’un calmar, prise au Muséum en 2019). AFP