« Nous sommes profondément inquiets de la manière dont les enjeux climat-biodiversité ont été rendus inaudibles pendant les campagnes électorales européenne puis législative« , notent dans leur chronique les chercheurs Céline Guivarch et Christophe Cassou.
2024 est une année noire pour le climat et la biodiversité. On pourrait imaginer que ce constat s’explique par des événements extrêmes toujours plus fréquents et plus sévères dans toutes les régions du monde, tous dopés par le réchauffement climatique. Inondations à répétition dans le Pas-de-Calais, Beryl, l’ouragan de catégorie 5 le plus précoce dans les Caraïbes, etc. Certes, mais pas que !
Instabilité politique
L’année 2024 est aussi difficile en raison des séismes politiques qui se succèdent et affaiblissent les actions pour la préservation de la biodiversité et la protection de la population face au changement climatique.
L’instabilité politique en France retarde le renouvellement de documents cadres relatifs au climat (la Stratégie nationale bas carbone, la loi de programmation Énergie-Climat…), ce qui sape la crédibilité de l’action du pays, ainsi que l’a pointé le Haut Conseil pour le climat dans une lettre adressée en mai au Premier ministre d’alors.
Des enjeux climat-biodiversité rendus inaudibles
Nous sommes profondément inquiets de la manière dont les enjeux climat-biodiversité ont été rendus inaudibles pendant les campagnes électorales européenne puis législative. Et au final, face à une Assemblée nationale où le climatoscepticisme assumé ou masqué a progressé. Ce moment politique questionne encore plus la communication des scientifiques sur les enjeux socio-environnementaux, qui reste trop désincarnée.
Plus généralement, c’est tout le contrat science-société qui est ébranlé par l’invisibilisation des faits scientifiques voire leur détournement, dans un contexte de désinformation généralisée. Ce moment nous confronte à une forme d’impuissance qu’il va falloir analyser de manière lucide pour remettre les faits scientifiques à l’agenda démocratique.
Par Céline Guivarch, directrice de recherche à l’École des ponts, auteure principale du 6e rapport du Giec, groupe 3. Et Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS, auteur principal du 6e rapport du Giec, groupe 1.
Source : Sciences et Avenir
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